samedi 30 septembre 2017


Une noisette, une promenade

 

Le sentier des lavoirs


 

 

 
Combien de petits écrins de verdure et de poésie se cachent en France ? Beaucoup, sans hésitation. Ils existent, sont signalés mais restent un peu enfouis. Peut-être mieux car ils ne souffrent pas d’une invasion de bipèdes et c’est en solitaire que l’on peut humer l’air, respirer les grands espaces, admirer la beauté qui s’offre, celle qui est toute simple mais qui raconte aussi une histoire. Comme celle de milliers de femmes, les lavandières, qui venaient laver (ou souvent seulement rincer) le linge, quelle que soit la saison, quelles que soient les températures…
 
A  Moncontour (Vienne), un parcours a été tracé pour remonter le temps, au fil de l’eau, de la Dive précisément, le long d’une vingtaine de lavoirs. Quelques kilomètres de balade champêtre dans une nature préservée, où l’abeille côtoie le hérisson, où les grands arbres développent les branches d’une éternité arboricole, où le silence de l’eau est source de renouvellement et d’énergie positive.
 
Un petit paradis de simplicité, d’authenticité que l’écureuil désire vous faire partager le plus noisettement possible.
 
Au fil de l'eau, chemin de verdure sous un ciel immaculé. Le reflet de la nature dans toute sa richesse.
 
 

 
Promenons-nous doucement, lentement. Les feuillages pleuvent, l'histoire nous parle.
 







 
 Ce n'est pas une terre éloignée, une terre inconnue. C'est à nos portes que la grandeur d'un tableau a peint ses plus beaux reflets.
 


 
 Du haut de cet arbre, des siècles vous contemplent.


Un petit effort, montons jusqu'au donjon (XI° siècle)



 

 

Et si l'ouverture du passé était une fenêtre sur des espérances dessinées à l'horizon...

 
 
Les sentiers des lavoirs - Moncontour - Vienne (86)
Photos de © Squirelito
 

jeudi 28 septembre 2017


Une noisette, un livre

 

La serpe

Philippe Jaenada


 


Quand l’écureuil a eu entre les pattes ce nouveau roman (oh, trois fois rien, juste quelques 640 pages et des poussières) il a sautillé de joie sur sa branche pensant dans sa petite tête que c’était un remake d’une histoire d’Astérix en version XXL… Pas du tout et c’est bien moins rigolo.
 
C’est un récit fleuve (La Seine, Le Rhin, le Guadalquivir réunis avec un petit bout d’Amazone) sur le drame du château d’Escoire dans le Périgord (vous savez, le pays des truffes) : un triple homicide jamais élucidé où Henri Gérard (plus connu sous le pseudonyme de Georges Arnaud) sera acquitté après un procès rebondissant avec de multiples failles dans le dossier d’instruction.
 
Si parfois (je dis bien parfois) on peut ressentir (comme pour les températures) une certaine lassitude avec les nombreuses annotations personnelles et des descriptions à n’en plus finir du trajet entre Paris et Périgueux (voire l’envie que le pneu avant gauche éclate pour que l’histoire se termine sur l’autoroute), il faut avouer (après tout il s’agit d’une affaire judiciaire) que l’auteur ne manque pas de panache et surtout un humour à faire rire le plus sinistre des crocodiles (ce serait une occasion pour voir enfin de vraies larmes).
 
Mais derrière cette légèreté de l’écrit (et pourquoi pas de l’être) se cache une très sérieuse enquête et des heures de travail de recherche pour tenter de découvrir un peu plus de vérité, sans charger un possible coupable, seules quelques hypothèses sont avancées mais qui ne sont en rien des réquisitoires. Avec le souci extrême de préserver les descendants des familles concernées.
 
Oui, au départ j’émettais quelques réserves sur la forme et le fond du récit, en mettant limite l’auteur sur le banc des accusés pour un penchant narcissico-morbide,  une relaxe s’est rapidement dessinée pour se transformer en un podium de noisettes pour prouesse littéraire et belle mission accomplie. Méritoire que de dresser un portrait inhabituel d’Henri Gérard, d’expliquer que si le gars avait « ses humeurs », il avait des circonstances atténuantes et qu’il a eu surtout un but dans sa vie : lutter contre l’injustice. En passant, belle petite griffe envers Gérard de Villiers, personnage qui n’a jamais été à court d’élucubrations…
 
La serpe, un roman tranchant, bien taillé et qui permet de débroussailler certains témoignages ou faits ,laissés en friche dans le domaine du château d’Escoire.
 
La serpe – Philippe Jaenada – Editions Julliard – Juillet 201
 
Roman reçu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2018
 
 

lundi 25 septembre 2017


Une noisette, un livre

 

Gabriële

Anne et Claire Berest


 

Un livre comme une partition, où les mots tintent comme des notes, celle d’un piano par exemple, instrument où il possible de jouer à quatre mains…comme pour cette biographie écrite par Anne et Claire Berest, les arrière-petites filles de Gabriële Buffet, ou GabrieLLe, comme son mari, Francis Picabia, aimait l’écrire, « avec 2 grandes ailes comme celles des oiseaux ».

De Gabriële Buffet Picabia, beaucoup moins connue que son époux, les sœurs Berest ont décidé de relater une partie de la vie de cette femme avant-gardiste, à l’origine de nouvelles formes artistiques au début d’un XX° siècle bouillonnant. Pour enfin la faire connaître mais aussi pour réparer une amnésie familiale…

Si la période choisie est courte (1908 – 1919), la richesse documentaire est impressionnante pour peindre le portrait de cette aventurière artistique qui, lors de la première nuit passée auprès de son futur mari, n’échange que des idées sur l’art et la création sans jamais se toucher, sans faire l’amour « mais avec la même puissance ». Le ton est donné…

L’intérêt de ce document est double : d’une part le récit d’une femme, d’une vie d’un couple roulant pour l’amour de l’art malgré les accros conjugaux et, d’autre part, le défilé de personnages dans cette galerie de 420 pages aux accents de cubisme, de dadaïsme, d’orphisme.

Musique, peinture, littérature. De Claude Debussy à Paul Klee, de Pablo Picasso à Edgard Varèse, et surtout de Marcel Deschamps au plus charismatique d’entre tous : Guillaume Apollinaire. La magie de l’écriture fait que l’on ressent encore plus de sympathie qu’auparavant pour ce poète et critique d’art et qu’un soudain chagrin cogne votre cœur, parce qu’il est absurde de mourir si jeune, mourir quand on est si brave, mourir quand l’amitié est une des valeurs que l’on chérit le plus.

Il en est de même pour Gabriële. Elle vous touche par sa détermination, son intelligence, son érotisme cérébral. Un tableau vivant sans taches, délicatement peint par les auteures et avec un rythme qui ne lasse jamais grâce aux petites touches personnelles ajoutées à la fin des chapitres. Ce qui n’a pas été une sinécure « ce fut notre gageure de déterrer quelqu’un qui voulait rester dans l’ombre », mais à la discrétion de Gabriële, seule une plume pudique raconte.

Le livre se termine à la naissance du quatrième enfant en 1919 et avant la séparation définitive des deux époux. Une légère déception tant on aimerait connaître la suite de cette vie particulière où l’engagement et les convictions étaient un moteur indestructible. On espère une suite, forcément, de ce livre que je ne peux que recommander à tous les amoureux des destins galvanisants.

« Gabriële » pas seulement une biographie mais un hymne à une femme, à l’art et à l’esprit créatif.

Gabriële – Anne et Claire Berest – Editions Stock – Septembre 2017

Livre reçu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2018

dimanche 24 septembre 2017


Une noisette, une émission

 

19H Le Dimanche

 


Avant toute chose, deux noisettes à mettre sur la table (ou plutôt sur le plateau) :

-        beaucoup de bipèdes rêvaient d’un « 13h15 » version grand format enavan-soirée ou en prime time ;

-        qu’il est plaisant et réconfortant de voir certaines personnes réaliser leurs rêves. Depuis des années Laurent Delahousse souhaitait instaurer une grande tranche, non pas de moelleux au chocolat, mais d’information. Et le songe est devenu réalité.

Chaque dimanche soir, ce sera, ni le songe d’une nuit d’été ni l’après-midi d’un faune, mais un ballet cadencé, une valse cathodique en trois temps au rythme de l’actualité générale, de la cuisine politique, d’une séquence nostalgie, de l’éventail culturel et plus si affinités. Du reportage, du décryptage, des pastilles d’humour, deux grandes interviews en XXL, l’une à 19H00, l’autre à 20H30 mais dans un style totalement distinct, histoire de ne pas endormir le téléspectateur dans un ronronnement trop facile.

Le plateau (télévisuel, mais libre à vous d’apporter le votre pendant l’émission) est utilisé à son maximum avec une réalisation extrêmement mobile et des cadrages audacieux. Ce n’est peut-être qu’un détail pour certains, mais inconsciemment ou non (rassurez-vous je ne pars pas dans un exposé psychanalytique), les images projetées en version grande taille sont une plus-value qui s’ajoutent à l’ensemble du programme et témoignent d’un souci d’esthétique pour mieux servir le menu cérébral du magazine.

Le ton est rapide (je dirais même aussi sautillant qu’un déplacement d’écureuil), dynamique, chacun apporte son savoir faire et son savoir répondre. Une ambiance décontractée mais où la vulgarité est priée de bien vouloir rester à la porte, le tout dans un concept créatif et, je me demande d’ailleurs, s’il ne faudra pas un jour inventer un mot (le dictionnaire étant d’accord pour prendre du poids) pour définir le courant continu qui alimente le journaliste de France2, la « new-delahoussisme » comme un exemple alternatif aux mouvements artistiques.

Si lors de la première, on percevait quelques hésitations dans la mise en route, dès le deuxième embarquement, la vitesse de croisière semble être stabilisée même si dans cet univers audiovisuel, un direct est toujours une navigation à risques.

Soyons certains que le choix des invités sera éclectique tout comme la sélection des chroniqueurs : éditorialistes, anciens politiques (beaucoup d’encre a coulé à ce sujet mais une fois que les femmes et les hommes politiques quittent l’agora, ils redeviennent des citoyens libres) et, noisette sur le gâteau, des... écrivains. Autant vous dire que votre serviteur livrophage se réjouit de cette décision d’inclure une palette d’auteurs pour commenter le grand livre de la vie. 

Les prochaines éditions devraient confirmer mes premières impressions avec surtout cette fragrance si particulière et pourtant si absente dans nos univers : la touche humaine. Malgré la pression du direct, il semble que la liberté d’exprimer ses sentiments, ses émotions, ses faiblesses, ses forces soit l’un des points essentiels de « 19H Le Dimanche ». Entrouvrir une porte à l’authenticité pour ouvrir les fenêtres vers toutes les formes d’expression que l’humain a en sa possession. C’est ça, l’anti-blues du dimanche soir.

 

19H Le Dimanche – France2 – Proposé et présenté par Laurent Delahousse. Rédaction en chef : Jean-Michel Carpentier , Sarah Briand, Joel Bruandet, Mathieu JegoLaurent Delahousse – Mention spéciale aux équipes de la réalisation et du magazine 13h15

mercredi 20 septembre 2017


Une noisette, un livre


Le jour d’avant

Sorj Chalandon




27 décembre 1974. Saint-Aimé de Liévin. Coup de grisou. 42 mineurs emportés.
L’une des dernières tragédies des bassins miniers du Nord de la France mais qui marquera la trop longue liste de ceux qui sont morts ou blessés au travail.
 
Qui d’autre que Sorj Chalandon pouvait, non seulement rendre hommage, mais décrire avec tant de force une épopée humaine de la douleur, de la tragédie.
 
Michel Flavent n’acceptera jamais la mort de son frère Joseph, dit Jojo. 40 ans plus tard, au moment du décès de sa femme, Michel décide qu’il est grand temps de venger son frère, de révéler au grand jour les responsables de cette catastrophe, dont Dravelle, le contre maître à l’époque. C’est le début d’une longue traque... où les remords et la culpabilité peuvent jouer des tours et où la mémoire n’est pas synonyme de vérité.
 
Mieux parfois qu’un reportage, le roman a cette puissance de révéler la douleur vécue, de mieux nous faire plonger dans la réalité de la vie, des combats. Surtout quand l’écriture est puissante, vive, brute, sans détours... comme celle de Sorj Chalandon. La précision journalistique est évidemment indéniable pour rejoindre une histoire personnelle à la mémoire collective.
 
Un roman absolument magistral, à la fois triste et salvateur. Parce que les descriptions de l’atmosphère, des souffrances endurées sont un hymne humain aux âmes déchirées. On ne peut en dire davantage, il faut tout simplement lire « Le jour d’avant » pour comprendre/saisir cette profondeur de l’écrit.
 
« Au nom du rendement, nous demandions aux hommes de faire plus que ce qu’ils pouvaient »
 
« Je n’ai pas relu les 42 noms. Je les connaissais depuis ma jeunesse, appris par cœur, comme les lettres de l’alphabet »
 
Le jour d’avant – Sorj Chalandon – Editions Grasset – Août 2017

Livre reçu grâce la communauté NetGalley et aux Edition Grasset




mardi 19 septembre 2017


Une noisette, un livre

 

Peace and Death

Patrick Cargnelutti


 

 

Vous ne pouvez pas imaginer l’angoisse de votre serviteur quand il a eu entre les pattes ce premier roman de Patrick Cargnelutti. Pourquoi ? Oui, parce je sens que vous allez me poser la question, alors je préfère anticiper : parce que recevoir l’œuvre d’un ami bipède est une histoire risquée, genre si je n’aime pas, je poignarde dans le dos non seulement l’auteur mais aussi l’éditeur (Editions Jigal en passant) et l’écureuil se prend une perpétuité ou tout au moins une peine de réclusion sur un arbre dénudé sans aucune noisette… Alors, le moindre bruit de page tournée devient suspect, la moindre hypothèse devient soupçon et à la moindre critique, hop, une garde à vue entre quatre noisettes. Bon, entre nous, ce polar mérite d’entrer direct dans la hotte du vieux monsieur au bonnet rouge.

Au fait qui est Patrick Cargnelutti, parce que connaître son pedigree n’est pas sans intérêt, hein ? Un autodidacte, à l’humour décapant (je ne vous explique pas les nombreuses dépositions sur une histoire de ventre roux…) et connu sur Internet pour avoir cofondé un brillantissime site « Quatre sans quatre », qui se décline sur Twitter et sur Facebook , consacré à la recherche de pépites de romans noirs avec la fâcheuse manie de faire baisser votre réserve de noisettes… Sans oublier son émission « Des polars et des notes » sur Radio Evasion.

Mais ne nous éloignons pas, surtout que vous n’allez pas cesser de faire des allers-retours entre la France et les Etats-Unis avec « Peace and Death ». Point de départ : maison de retraite Les Lilas. Point d’arrivée : maison de retraite Les Lilas. Durée du voyage : du lundi 9 janvier 2017 à 5 heures au lundi 16 janvier 2017 à 13 heures. Un séjour intense après la découverte d’une mamie, Odette, en bas d’un escalier situé dans un espace réservé normalement au personnel. Sa voisine de chambre, Colette, n’a rien vu, rien entendu. Bien trop occupé à replonger dans sa vie d’antan avec son superbe compagnon américain… Oui, L’Amérique, l’Amérique…L’enquête menée par la lieutenant Céleste Aïda, non pardon, Céleste Alvarez, va s’avérer beaucoup plus ardue qu’à première vue. Meurtre ou accident ? Accident ou meurtre ? That’s the question !

Colette et Robert, étaient-ils un remake de Bonnie and Clyde ou tout simplement la version revisitée des amants de Vérone ? Pourquoi cette histoire intéresse-t-elle l’équipe d’investigation ? Vous le saurez, en lisant non pas les prochains épisodes de la vie d’un écureuil arboricole mais en vous procurant (du verbe se procurer et pas du terme procureur), ce thriller haletant mais qui délivre une belle histoire d’amour tout en effeuillant avec acidité, chapitre après chapitre, une société mercantile, des faits historiques peu glorieux et la vie bien grise d’une résidence pour personnes âgées. Un peu d’écriture humaine dans un monde trop mécanisé, c’est tentant non ? 

Peace and death – Patrick Cargnelutti – Editions Jigal – Septembre 2017

lundi 18 septembre 2017


Une noisette, une interview

 

Jenni Fagan

 

"Inutile de s’inquiéter si on a le cœur brisé, si on est à ramasser à la petite cuiller, ça fait partie de la condition humaine, nous sommes faits pour vaincre tous ces obstacles."

 

 

 
Née en Ecosse, Jenni Fagan jongle depuis l'enfance entre poésie et prose et, est considérée comme l'un des écrivains britanniques  les plus prometteurs. Son premier roman "Le sauvage" a été un succès mondial et nul doute que son deuxième opus " Les buveurs de lumière " va suivre la même destinée. Auteure engagée, ses écrits sont une ode à la liberté, à la tolérance, à la beauté des instants de vie.  
 
1 – Jenni Fagan. Croyez-vous en une fin du monde ?
Le monde aura une fin, mais nous ne savons pas quand. C’est une planète. Elles ne sont pas immortelles. Je pense que les humains sont davantage préoccupés par les phénomènes qu’ils sont susceptibles de créer  et qui pourraient accélérer l’extinction de notre espèce. Aujourd’hui, la fin du monde ne semble plus improbable.
2 – Pourquoi cette date de 2020, seulement 3 ans nous en séparent ?
Parce que nous grandissons en pensant que nous sommes immortels, que les conséquences de nos actions arriveront plus tard, mais ce n’est pas le cas. Les effets du changement climatique le montrent déjà clairement.
3 – Le monde subit un refroidissement. C’est une fiction sur le changement climatique, une manière de faire réagir le lecteur ?
Je n’écris pas en fonction des attentes de mes lecteurs. J’écris en pensant que si je devais mourir à la fin de ce roman, était-ce vraiment le livre que je voulais écrire ?
4 – Au fil des pages, on a l’impression que les gens différents sont ceux qui nous montrent le mieux comment résister face à l’adversité ?
Certaines personnes me disent souvent que mes personnages sont différents et en toute honnêteté je ne pense pas qu’ils le soient, peut-être parce je suis moi-même différente, avec une histoire riche et extrêmement variée.
5 – Si quelqu’un devait résumer votre livre en un seul mot, est-ce que “résilience” conviendrait ?
J’opterais pour éphémère.
6 –  Quel est votre secret pour atteindre tant de beauté lyrique sur un sujet aussi glaçant ?
Je suis une poète qui écrit des romans. Je pense que ça m’aide pour le style.
7 – Vous considérez-vous plus poète que romancière ou bien les deux ?
Je suis avant tout une poète, j’ai commencé à écrire des poèmes dès l’âge de 7 ans et j’en écrirai sans doute jusqu’à mon dernier souffle. Mais je suis également romancière. Ce sont des formes artistiques différentes et chacune sert une finalité différente. Je ne pourrais pas faire l’un sans l’autre. Je me sentirais paresseuse si je n’écrivais que des poèmes et je serais perdue si je me contentais d’écrire des romans. Je suis une boulimique de travail, je ne m’arrête jamais.
8 – Sur votre compte twitter, j’ai remarqué une très jolie phrase remplie de vérité : “Si vous pleurez, votre cœur continue à battre, c’est très bien, vous vous envolez » La vie avant tout ?
Oui, la vie maintenant, tourments, laideur ou bons moments, combats, la vie, c’est absolument maintenant. Inutile de s’inquiéter si on a le cœur brisé, si on est à ramasser à la petite cuiller, ça fait partie de la condition humaine, nous sommes faits pour vaincre tous ces obstacles.
9 – Croyez-vous au pouvoir de la lumière ? Même dans l’obscurité la plus profonde ?
Oui.
10 – Un mot (ou plusieurs) sur la maison d’éditions Métailié
J’adore être publiée chez Métailié, c’est une excellente maison avec des écrivains extraordinaires, et gérée par des personnes avec qui j’aime prendre un verre ou bavarder, que demander de plus ! La plupart de mes maisons d’éditions sont de vieilles maisons littéraires et je suis heureuse que mon travail y ait trouvé sa place.
11 – Pensez-vous venir en France lors du lancement de vos Buveurs de Lumière ?
Je serai en France à partir du 22 septembre pour huit jours, je vais participer à deux festivals littéraires et, serai entre les deux pendant cinq jours à la librairie parisienne Shakespeare & Company. Je lirai des extraits des Buveurs de Lumière et j’en parlerai aussi.
12 – Pour terminer, le petit quiz pour vous connaître un peu mieux
 
-       Un roman : c’est variable de semaines en semaine, ce matin, c’était Histoire d’O
-       Un personnage : je suis pour le moment, obsédée par un archétype particulier qui se dessinera clairement dans mes deux prochains romans.
-       Un(e) écrivain(e) : Gertrude Stein. Je n’aime pas toute son œuvre mais j’aurais adoré passer du temps dans son salon
-       Une musique : The Fall et leur dernier album New Facts Emerge, leur 32ème en studio et je l’adore, être capable de produire une œuvre aussi gigantesque à ce stade de leur carrière est exaltant, c’est un groupe très métissé psychiquement, presque mystique.
-       Un film : je suis une grande fan de films, donc difficile d’en choisir un. J’adore David Lynch et je suis impatiente de découvrir sa nouvelle série.
-       Une peinture : L’Art, c’est ma vie. Je prépare en ce moment une énorme exposition sur le travail artistique dans les prisons de toute l’Ecosse avec le Koestler Trust. J’étais récemment à New-York, à Harlem précisément, avec Carl Karni-Bain, un artiste qui a peint une toile représentant une femme et une chouette, que j’aime passionnément.
-       Une photo : j’ai une photo de moi à 15 ans en train de jouer avec mon premier groupe de punk, l’un de mes plus anciens amis et ex-compagnon, qui est aujourd’hui malade et en phase terminale, est sur ce cliché. Nous ne sommes que des adolescents, c’est ma photo préférée.
-       Un animal : le loup
-       Un dessert : un cigare et du whisky
-       Une citation, une devise : tout ce que je sais c’est que je ne sais rien. Je ne suis même pas sûre que ce soit la bonne citation et interprétation de Platon, qu’elle ait existé originellement sous cette forme. Mais peu importe, je l’aime. Ce qu’on trouve de plus proche c’est un passage de l’Apologie de Socrate, quand il raconte que l’oracle lui a dit qu’il était l’homme le plus sage, parce qu’il sait qu’il ne sait rien… comme tout le monde d’ailleurs.
 
"Je suis plus sage que cet homme là. Il se peut qu’aucun de nous deux ne sache rien de beau ou de bien, mais lui croit savoir quelque chose, alors qu’il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir"
 
Traduction française ©Squirelito avec l'aide de l'éditrice des Editions Métailié, Lise Belperon.
 
Interview dans sa version originale
 
1 – Jenni Fagan. Do you believe in the end of the world ?
The world will end of course, we just don’t when. It’s a planet. They’re not immortal, I think humans are more bothered about whether we will create conditions to cause a premature extinction of our own race. Right now it doesn’t seem unlikely.
 2 – Why this date of 2020, only three years from now ?
Because we are brought up thinking we are immortal in some way, that consequence is a thing that happens in the future, it is not, the effects of climate change already clearly show this.
3 – The world is getting colder. It is a story about climate change, written in a way to elicit (strong) reactions from the reader ?
I don’t write thinking about my readers responses. I write thinking that if I were to die at the end of that novel, would it have been the book I wanted to write.
4 – Throughout your book, one has the impression that there are unusual people showing how best to survive in the face of adversity ?
Other people often comment on my characters being unusual and in all honesty none of them are unusual to me, perhaps that is because I’m an unusual person who has had an interesting and extremely varied history.
5 – If one had to summarise your novel in only one word, would “resilience” be ?
I’d go for transience.
6 – What  is your secret for achieving such lyrical beauty with a subject so chilling ?
I’m a poet who writes novels. I think it helps my prose style.
7 – Do you consider yourself more of a poet than a novelist or a mix of the two ?
I’m a poet first and foremost, I started writing poetry at seven years-old, I will no doubt be writing poems until I die. I am also a novelist.
They’re different art forms and each serves a different purpose. I could not do one without the other. I’d feel lazy if I only wrote poetry and I’d be lost if I only wrote novels. I’m a hardworking girl, I don’t like to take time off.
8 – On your account Twitter, I noticed a lovely sentence full of thruth : “If you are crying, your heart is still beating, it’s all good, shimmy-up”. Life above all ?
Yes, life is now, in all its torment or hideousness or with the precious moments and fights we are all engaged in, life is absolutely now. Don’t worry about having a broken heart of falling apart, it’s part of human condition, we are meant to go through all of these things.
 9 – Do you believe in the power of light ? Even in the deepest darkness  ?
Yes.
10 – A word (or more) about the publishing house Métailié ?
I adore being with Métailié, they are a great old literary publishing house with extraordinary writers and ran by the kind of people I like to drink or chat with, one can’t ask for more that. Most of my publishing houses are very old literary ones. I am glad my work has found in them a home.
11 – Have you any plans to come to France to speak about your Sunlight pilgrims ?
I will be in France from the 22nd September for eight days, I am doing two festivals and a five day residency at Shakespeare & Co in Paris right in the middle of it. I’ll read from The Sunlight Pilgrims there and talk about it too.
12 – Now, a little quiz to learn a little more about you…
-       A novel : changes from week to week, this morning was Story of O
-       A character : I’m obsessed with a particular archetype just now, that will become clear in my next two novels
-       A writer : Gertrude Stein, I don’t love all of her work but I’d have loved to hang out in her salon
-       A piece of music : The Fall – New Facts Emerge. It’s their 32nd studio album and I love it, to be able to produce work that great at this point in their career is inspiring, they are a band who are psychically melded, like gnarly mystics.
-       A movie : I’m a huge film fan so it is really hard to pin down to one movie, I’m a big David Lynch fan though, I’m looking forward to seeing the new series.
-       A painting : Art is my life. I’m actually curating a huge exhibition of Prison artwork from all across Scotland just now for the Koestler Trust. I was in Harlem, in New York recently with an artist called Carl Karni-Bain, he has a painting of a woman and an owl that I am madly in love with.
-       A photo : I have a photograph of me playing in my first punk band when I was fifteen, one of my oldest friends and ex partner is in the photograph and he is terminally ill just now, we are just teenagers, it’s my favourite photo
-       An animal : wolf
-       A dessert : whisky and a cigar
-       A quote/motto : all I know is nothing. I’m not even sure about that it is a misinterpreted and inaccurate quote from Plato, that dit not actually exist in original form but I like it regardless. The closest thing to it in Plato is in a passage from the Apology, where Socrates says the oracle told him he was the wisest man because he knew, that he knew nothing, just like everybody else.
I am wiser than this human being. For probably neither of us knows anything noble and good, but he supposes he knows something when he does not know, while I, just as I do not know, do not even suppose that I do. I am likely to be a little bit wiser than he in this very thing : that whatever I do not know, I do not even suppose I know”.
 
 
 
 
 

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