vendredi 22 janvier 2016


Une noisette, un constat (à l’amiable)

 

Régime permanent pour garder la banane

 

 



Du haut de son arbre (un Acer Saccharinum pour faire simple et précis), votre ô combien fidèle serviteur observe, scrute, examine, zieute (merci le dictionnaire des synonymes), heure après heure, la journée (voire la nuit) extraordinaire d’un bipède ordinaire.

Hé bien, croyez moi, ça vaut le détour avec un paquet de noisettes (646 calories pour 100 grammes).

"Il est doux, il est bon, sa parole est sereine" (coucou Salomé & Jean) et son matin est radieux. Comme un gai pinson, notre humanoïde matinal allume sa radio et entend "Selon une étude scientifique, trop manger lors du petit déjeuner serait en réalité nocif pour la santé". Imaginez la tête de notre cher homme (ou femme, respectons la parité) alors qu’il a déjà avalé 2 tranches de jambon, 2 œufs sur le plat, 8 tartines, 1 yaourt et qu’une pomme se prépare à être croquée (aucun sens subliminal, merci) !

Allumons la télé. Parfait, c’est la revue de presse... sur les dangers de la surconsommation de... fromages !! L’équivalent d’une drogue dure, le nouveau narcolactotrafic du 21° siècle ! Un choc, double même, comment va t-il pouvoir continuer à essayer de charmer sa fromagère s’il ne peut plus s’acheter quotidiennement 3 camemberts, 1 roquefort et du gruyère ? C’est râpé !

Surtout pas de baisse de régime au baromètre du moral, allumons l’ordi pour découvrir les nouveau emails :
1er email : "Comment perdre des kilos après des repas trop copieux"
2° email : "Une cure de detox pour retrouver la forme"
3° email : "Surcharge pondérale ? Et si on parlait régime ?"
4° email : "Faut-il boire autant de lait de vache ?"

Plus besoin de chat pour détruire la souris ! La queue a été arrachée avant la lecture du 5° email, et peut-être, sous la pression d’une transpiration excessive malgré les – 3° affichés à la station météo (achetée suivant le conseil d’un spécialiste pour gérer préventivement les écarts de température). 

La situation étant grave mais non désespérée, je vous fais grâce de la journée de travail qui en a suivi, entre dossiers incompréhensibles et les pauses café (devant les machines avec l’inscription que l’abus de sucre est dangereux) où les questions sur la répercussion d’un régime alimentaire permanent sur la perception ressentie de l’harmonie psycho-spirituelle sont largement discutées.

Sans parler du déjeuner à la cantine où, exceptionnellement, le dernier nutritionniste à la mode intervenait pour expliquer le rôle essentiel des enzymes digestives à condition de manger lentement (et ce malgré les 15 minutes octroyées pour la collation). Bref, un repas copieux entre macromolécules, recyclage des biomolécules, peptidases, chymotrypsine, oligosaccharides, lactose...

Avant de rentrer chez lui, notre Homo sapiens fait un détour chez l’épicier, en réalité une GMS (Grandes et Moyennes Surfaces et non Groupement de Missiles Stratégiques) afin de s’approvisionner pour respecter les 5 fruits et légumes par jour : 1 carotte, 1 pomme de terre (cuite selon les ultimes recommandations sanitaires) 1 feuille de salade, 1 grain de raisin et 1 pruneau (sans devenir marron).

Passage à la boîte aux lettres où un prospectus a été glissé pour améliorer ses performances intellectuelles (mais pas seulement...) grâce à une pratique de sport quotidienne (enfin, moyennant un stage facturé) sachant que les 2 heures de transport + l’ascension des marches + la course entre les différents services de l’entreprise, ne sont pas pris en compte. Faudrait pas abuser mon bonhomme ou ma brave dame !

Enfin chez soi ! Tentative de relaxation entre les corvées du ménage et la conversation familiale sur le dernier programme santé détoxiquant qui fait fureur...juste avant de recevoir à 21h35m48s un SMS sur les risques d’apnée du sommeil... 

Si cette lecture vous a épuisé, votre sciuridae préféré (n’ayons pas peur des mots) va vous aider à retrouver sérénité après ces quelques conseils :
  • Après une bonne nuit (rappel : ne jamais se mettre sur le côté droit, ni sur le côté gauche, ni sur le dos, ni sur le ventre), faites attention de ne pas glisser dans la salle de bain. Au besoin, n’utilisez pas d’eau, moins de risque de déraper.
  • Mangez léger au petit dej sinon vous allez grossir.
  • Dans la voiture, prenez soin de bâillonner les passagers et mettez vous à poil afin que les vêtements ne puissent pas gêner votre conduite.
  • Dans la journée, ne respirez pas trop car vos poumons risquent d’avaler des particules (sans noblesse) et économisez l’énergie de vos glandes salivaires en parlant le moins possible.
  • Le soir, couchez vous de bonne heure, ne regardez pas la télé et ne lisez pas non plus, ça abîme la vue.
  • Bien entendu, pas de sport en chambre pour ne pas endommager votre rythme cardiaque.
Voilà, très belle journée à vous tous et surtout gardez le moral pour votre santé.


mardi 12 janvier 2016


Une noisette, une interview

 
 

Graziella Nardini

"J’ai acquis la force de me battre dès mon plus jeune âge"



Myopathie. Diabète. Cancer
Assistance respiratoire. Invalidité à 100%
C’est le chemin de vie d’une femme, celui de Graziella Nardini. Derrière chaque souffrance, elle a un rêve, celui de voyager. Comme aurait dit Antoine de Saint-Exupéry, "le voyage n’est pas parcourir le désert, de grandes distances, c’est de parvenir en un point exceptionnel où la saveur de l’instant baigne tous les contours de la vie intérieure". Mais pour que cette baignade de l’esprit se réalise, il faut à Graziella, un camping-car aménagé. Et des aides.



1 – Graziella, il est difficile et délicat de résumer votre parcours. Mais vous, pouvez-vous nous dire qu’elle est votre existence à bientôt 57 ans ?
Aujourd'hui mon seul objectif est de profiter de chaque moment que la rémission me permet de déguster. Je savoure les heures, les minutes qui défilent, chaque seconde est précieuse lorsqu'on vit avec une épée de Damoclès au dessus de sa tête en permanence. Le temps passe tellement vite que j'en ai raccourci mes heures de sommeil. Tous les 6 mois je dois subir un scanner de contrôle pour surveiller mon cancer. Dans le mois qui précède cet examen, une terrible angoisse commence à m'envahir d'images des terribles moments vécus lors de la découverte de ce cancer fin 2012. Cette angoisse atteint des sommets lorsque mon cancérologue me fait entrer dans son cabinet pour consulter les clichés du scanner, et là, je guette la moindre expression de son visage en attendant le résultat. Le dernier scanner date de septembre 2015. Je suis en sursis pour le moment, mais pour combien de temps.... Je dois aussi gérer la trachéotomie quotidiennement, car de temps en temps le petit tuyau de 8mm, implanté dans ma trachée, se bouche, ce qui a pour conséquence de m'empêcher de respirer, et si je n'ai pas quelqu'un près de moi qui intervient immédiatement, avec un appareil médical adapté à cette pathologie, je meurs par étouffement.

Une journée type commence à 8h par l'arrivée de l'infirmière qui me fait les soins pour le diabète, la trachéotomie et l'anticoagulant. Puis on enchaîne avec les aides-soignantes qui viennent faire ma toilette et me lever. Arrive ensuite la kiné et enfin, je peux me poser un peu avant le déjeuner. Mes journées sont intenses et souvent on me dit : "mais comment tu fais pour être en forme comme ça !".

2 – Quelles sont les personnes qui vous permettent de continuer votre combat ?
Dans ma vie, j'ai eu l'immense chance de rencontrer deux personnes formidables, sans lesquelles j'aurais été placée dans une structure médicalisée. En effet, mon père est décédé en 1975 d'un infarctus, ma mère étant elle-même myopathe est décédée de cette maladie en 2001 et mon frère lui aussi étant myopathe, le reste de la famille dans ces cas là, abandonne le navire. Que ce soit les oncles, les tantes etc....

J'ai rencontré mon amie Leila, qui était aide-soignante à l'époque, il y a 34 ans. Elle m'a permis de réaliser un de mes rêves : vivre dans le sud près de la mer. Elle a fait construire une maison, dont elle m'a donné,  pour la réalisation du plan, entièrement carte blanche. Leila est tombée gravement malade et en 1992, le hasard m'a permis de rencontrer son amie et compagne Monique, qui à l'époque était chauffeur de bus à Paris. Elle a tout quitté pour s'occuper de moi 24h/24h. Sans ces deux personnes, qui m'offrent une qualité de vie aujourd'hui inégalée, je ne serais sûrement plus de ce monde. 


3 – Comment faites-vous pour ne pas sombrer, quelle est cette force intérieure qui vous parle quotidiennement ? Une volonté plus forte que tout ?
Une de mes nombreuses passions est la musique. Je compose beaucoup sur mon ordinateur avec un logiciel dédié. Je fais aussi des montages vidéos, de la retouche photo, on peut faire tellement de choses avec un ordinateur, Sinon, j'adore sortir, aller au cinéma, me promener au bord de la mer. Bref, j'ai beaucoup de mal à rester en place. Cela m'évite de penser, d'avoir des idées noires et de m'apitoyer sur mon sort. Sinon c'est invivable comme situation, je dois impérativement occulter cette idée, qu'à tout moment je peux disparaître.

Je crois que cette force de me battre, le l'ai acquise dès mon plus jeune âge. Avant d'être en fauteuil roulant, j'ai marché un peu, avec d'énormes difficultés à monter et descendre les marches, me relever, m'asseoir, je tombais souvent, ma démarche était claudicante avec une allure extrêmement cambrée et très tôt, j'ai été confrontée au regard des autres, à la moquerie des enfants à l'école, aux réflexions des parents qui disaient à leurs gamins : "ne t'approche pas d'elle, tu vas attraper sa maladie ». Je n'en parlais à personne. Toutes ces épreuves vous amènent à vous forger une carapace blindée à toutes informations négatives.

4 – Lorsque les sens sont touchés par le handicap, quel est celui qui reste pour donner l’envie de vivre ?
L'amour de mes proches, mes deux petites caniches qui me donnent tant de bonheur, assister à de magnifiques couchers de soleil face à la mer, sentir l'odeur des pins l'été, écouter le chant des cigales, des choses toutes simples que l'on ressent quand la vie vous rappelle sans cesse, que chaque instant de notre existence est si précieux. 

L'amitié est quelque chose de très important pour moi. J'aime recevoir des amis et faire en sorte de passer de très bons moments avec eux et qu'ils se sentent bien, partager un bon petit repas, des discussions tardives jusqu'au bout de la nuit, mais ce qui me motive par-dessus tout, c'est cette envie d'accomplir un tour du monde en camping-car. Pendant ces longs mois passés à l'hôpital, je m'évadais en pensant à ces voyages.

5 – Votre cas est exceptionnel en nombre d’entraves. Quel est le message que vous pouvez apporter aux personnes rencontrant des situations de grande détresse ?
Encore une fois, l'entourage est un facteur déterminant lorsque l'on est confronté à une situation extrême qui nous touche dans notre corps, dans notre âme et dans la vie tout simplement.

Je ne vais pas vous mentir en vous disant que je ne suis pas passée par des moments de doutes, de désespoir ou toutes autres pensées sombres. Mais l'envie de vivre, de m'accrocher même à 0 chance de m'en sortir a été plus forte que tout. Sur 7 anesthésistes, les 7 étaient contre l'opération, les médecins me déconseillaient fortement cette intervention car ils n'avaient aucune référence sur mon cas. Et finalement j'ai subi trois chirurgies en six mois et je suis toujours là. Moralité, tant que l'on est en vie, il faut n'écouter que son instinct, se battre, pour soi, pour tous ceux que l'on aime et y croire jusqu'au bout. Je suis un peu comme Saint-Thomas : "je ne crois que ce que je vois" lol ! Et preuve en est, si j'avais écouté ceux qui me préconisaient de ne rien faire et attendre que le cancer me ronge à petit feu, je ne serais plus de ce monde. J'ai joué ma vie à pile ou face !

6 – Et comment réagissez-vous face à celles et ceux qui se lamentent à la moindre petite défaillance ?
Vous savez, dans un premier temps je me dis : "si tu étais passé par où je suis passée....." et puis finalement je pense que les personnes qui ne sont pas confrontées à ces événements ne peuvent pas réagir de la même façon, ni même imaginer le calvaire que l'on vit au quotidien. La souffrance morale est souvent bien plus néfaste que la douleur physique. La douleur, j'ai appris à vivre avec depuis mon plus jeune âge, je la côtoie tous les jours, donc je m'y suis habituée. Si je devais vous énumérer la liste de mes maux ou de mes frayeurs journalières, la vie serait impossible pour moi.

7 – Vous avez un rêve, celui de voyager. Pour découvrir, partager. Mais la seule possibilité que vous ayez est de vous déplacer en camping-car aménagé. Comment peut-il devenir réalité ?
J'ai besoin d'un véhicule sur mesure, qui soit adapté et fonctionnel pour transporter tout mon matériel médical et me déplacer dans tous les pays en parfaite autonomie. Pour cela j'ai créé une cagnotte sur ce lien

Il est bien évident que ce projet à un coût : environ 60.000€ pour ce camping-car. Donc chacun peut verser ne serait-ce qu'un euro ! C'est entièrement anonyme et sécurisé.

8 - Enfin, pour mieux vous connaître, le traditionnel questionnaire...

  • Un roman : Pour l’amour, de Marie Salat
  • Un personnage : Paul Watson
  • Un(e) écrivain(e) : Régine Desforges
  • Une musique : Bagdad Café
  • Un film : Beignets de tomates vertes, de Jon Avnet
  • Une peinture : Le pont d’Argenteuil, de Monet
  • Une photographie : Kim, la jeune vietnamienne fuyant le napalm
  • Un animal : Le dauphin
  • Un dessert : L’île flottante
  • Une devise/une citation : quand on veut, on peut






jeudi 7 janvier 2016


Une noisette, une pensée

 

"Le sourire que tu renvoies revient vers toi"

(Proverbe hindou)

 

Temps qui passe devant soi
Temps qui repasse en soi.

Amertume du moment
Nostalgie d’un instant.

Soudain, dans sa tête, les paroles de Nilakantha, le père de Lakmé, dans l’opéra de Léo Delibes :

 
"Lakmé, ton doux regard se voile
Ton sourire est attristé
Comme on voit pâlir les étoiles"
 
Ces étoiles que l’on aime tant. Pour leur beauté, leur mystère, leur clarté pour une nuit lactée... Lumière qui brille et donne la force de croire en une destinée, passée, présente, future.

Lever les yeux, regarder. Admirer. Parce qu’à l’instar de Lakmé, on veut dans ses yeux revoir le ciel et retrouver le sourire.



Le sourire, interface des émotions, expression positive. Il est inné et universel.

Un remède aussi. Qui n’a pas souri pour contenir ses larmes... Qui n’a pas souri pour apporter du baume à un cœur blessé... Qui n’a pas souri pour rompre un silence assourdissant... Qui n’a pas souri pour apprivoiser l’inconnu... Qui n’a pas souri pour apaiser une tension naissante...

Toujours sourire, le soir, le matin. La nuit aussi, pour faire jaillir les étoiles des rêves.

Narguer le chagrin par un sourire.
Désarmer l’ennemi par un sourire.

Le sourire, c’est son propre arc-en-ciel sous la pluie.
 
 
 
 
 
 
 




  Noisette historique La Nuit des ombres  (Les marais de Bourges) Édouard Brasey   Zoé et Jacques s’aiment. Ils n’ont pas encore v...