Une noisette, un livre
La tresse
Laetitia Colombani
Comme dirait François Busnel de La Grande Librairie, attention
petit chef-d’œuvre ! C’est d’ailleurs lors de cette émission que j’en ai entendu parler pour
la première fois et j’avais tweeté que ce récit me semblait être un
peu dans la ligne du film Babel : trois personnes dans des lieux
différents, de cultures différentes. Au départ rien ne semble pouvoir les
réunir et pourtant une tresse d’évènements va les unir indirectement. C’est
beau, c’est émouvant, c’est fort. C’est un bain de positivité dans une société
cruelle. Décoiffant !
Smita est une Dalit, la caste indienne des Intouchables rejetée
pitoyablement. Elle a une petite fille et refuse de la voir grandir sans
instruction, refuse de la voir condamnée à n’effectuer que des travaux
humiliants. Un jour elle décide de s’enfuir la nuit…
Giula est sicilienne et travaille dans l’atelier de son père
qu’il a lui-même hérité de son père. Il a un accident et Giula découvre une
terrible vérité qui risque d’anéantir sa famille et les ouvriers : la
petite usine est en faillite et tout est hypothéqué. Passionnée par la lecture,
elle va rencontrer par hasard un réfugié. A partir de là, tous les espoirs sont
permis. Sarah est une brillante avocate. Tout lui réussi et elle s’est fabriquée une carapace d’acier. Elle sacrifie tout pour son métier jusqu’au jour où elle s’effondre en pleine audience. Le verdict est terrifiant : une tumeur dans sa poitrine. Elle pense s’en sortir professionnellement en cachant sa maladie. Mais au royaume des impitoyables, le risque est immense. Et le cancer, un tabou que personne ne veut côtoyer. Alors, devant l’impossible, elle va se battre en prenant soin de ne plus agir comme avant et de profiter de la vie.
Derrière chaque destin, de nombreuses références à la culture du
pays, aux difficultés rencontrées, aux inepties de sociétés où le faible a peu
de rôle à jouer… mais où l’espoir est encore permis. Du moment que l’on s’en
donne les moyens, que l’on croit en sa bonne étoile, que l’on croit en une
lumière qui permettra d’avancer. Et de gagner.
« Pour
elle-même, elle a accepté ce sort comme une cruelle fatalité. Mais ils n’auront
pas sa fille.(…) Non, ils n’auront pas Lalita. Sa révolte est silencieuse,
inaudible, presque invisible. Mais elle est là. »