samedi 9 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

Le fruit le plus rare

Gaëlle Bélem

 

 


Vous aimez les desserts doucereux, les parfums envoûtants avec cette subtile substance qui fait saliver les babines et flancher l’odorat ? Mais connaissez-vous son origine ? Cette vanille bourbon née à l’île de La réunion grâce à un jeune garçon : Edmond Albius. Englouti dans les oubliettes de l’histoire, Gaëlle Bélem le fait revivre par sa plume et lui offre un goûteux hommage à la gloire du plus exquis des arômes.

Ile de la Réunion, 1829, naissance à Sainte-Suzanne d’Edmond avec une double peine : esclave et rapidement orphelin. Analphabète, son malheur s’adoucit lorsqu’il est recueilli par le planteur de canne à sucre Ferréol Bellier-Beaumont et passionné de botanique. Veuf, sans enfant, il suspecte un talent naissant dans le tout jeune enfant. Il a acquis une bouture de vanillier lors de son apparition dans l’ile dix ans plus tôt mais impossible de le multiplier. Attentif à la science du propriétaire terrien, le jeune Edmond va développer un sens extraordinaire autour des plantes et découvrir – à seulement douze ans - comment féconder manuellement la fleur à l’aide d’une aiguille. Hélas, un sombre destin va rattraper le prodige…

Il aura fallu cent ans pour qu’une plaque commémorative soit apposée à Sainte-Suzanne et ce n’est qu’en 2004 qu’une statue sera érigée. La Réunionnaise Gaëlle Bélem revient avec maestria sur la destinée de cet être oublié qui, pourtant, a révolutionné la gastronomie mondiale. Tout en faisant honneur à la langue française avec une fine écriture, elle narre un chapitre de l’histoire de l’île de la Réunion, dénué de clichés ou sempiternelles cartes postales, raconter l'esclavage sans tomber dans la haine et savoir poser ces touches de romanesque qui manquent tant à la littérature contemporaine française .

Gaëlle Belem fait partie de cette congrégation des "raconteurs d'histoire", ces gens de lettres qui n'écrivent pas en se regardant mais en portant leur regard sur les autres.
Dès son deuxième roman, Gaëlle Belem sait déjà se renouveler : après "Le monstre derrière la porte" elle embarque le lecteur dans une histoire totalement différente. Seule l'âme de l'encre est semblable. Gaëlle Bélem, vous n'êtes pas une autrice. Vous êtes une écrivaine. Une talentueuse écrivaine.

Le fruit le plus rare ou la vue d’Edmond Albius – Gaëlle Bélem – Éditions Gallimard/Collection Continents Noirs – Août 2023

 

 

 

 

dimanche 3 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

Juliette

Abd Al Malik


 

Abd Al Malik offre un hommage posthume à sa marraine artistique : Juliette Gréco, un hommage qui doit la faire sourire d’où elle est, tant il incarne l’élégance et la liberté qui la caractérisaient : « L’esprit illumine tout. Juliette est bien une incarnation de la Liberté ». Son admiration est si notable qu’il la compare à la poétesse Rabia al Adawiyya, figure majeure du soufisme au VIIIe siècle.

Dans une langue poétique et d’une finesse exquise, le rappeur jongle entre ses souvenirs et la vie de la plus célèbre des Mômes, prenant même sa place parfois dans le récit de sa vie, comme le jour où Juliette Greco sort de la prison de la Gestapo – sa sœur et sa mère iront dans les camps de concentration et en sortiront – et se réfugie chez la seule personne de toute confiance, son ancienne professeure de lettres, Hélène Duc. Un double hommage pour ces deux femmes « courage ».

Juliette n’est pas seulement l’égérie de la liberté, elle est LA vie et plus encore : « Elle chante la vie, au fond, comme le cri derrière la prière. Le chant est la plus puissante des prières qu’on puisse faire. Il est aussi la plus sincère. Il est à la parole ce que l’amour est au sentiment. Le chant est la preuve du langage universel et de l’art comme miroir d’humanité ».

Malgré cet hymne à la beauté, au chant, Abd Al Malik n’oublie pas de souligner avec brio les dérives d’une société qui vend son âme : « Depuis son AVC et la mort de Gérard, son bien-aimé, la foule de dévoués ne se précipitait plus guère ; embringuée dans une industrie culturelle qui ne s’apparentait plus désormais qu’à une vaste télé-réalité toujours plus obscène » et que la « plume fait de moins en moins le poids face à l’épée de tous ces despotes toujours convaincus d’être éclairés ».

Les évocations de Ferré, Brel, Brassens permettent de se replonger dans cette France d’antan où les poètes musiciens devenaient immortels, se mettant au service de la création sans imitation aucune ; cette notion d’artiste selon la définition de Juliette Gréco : « un artiste doit ambitionner de n’être que lui-même dans toute sa splendeur ».

Loin de tous les vitrioleurs et vitrioleuses, ce livre vous fera vous envoler sur les ailes de la liberté par la voix de Juliette Gréco et les mots inspirés du soufisme d’Abd Al Malik.

Juliette – Abd Al Malik – Éditions Robert Laffont – Août 2023

mardi 28 novembre 2023

 

Une noisette, un livre


Veiller sur elle

Jean-Baptiste Andrea

 


« Pietà, Signore, Di me dolente ! Signor pietà » La musique d’Alessandro Stradella inonde la pièce dès la lecture des premières pages de « Veiller sur elle » de Jean-Baptiste Andrea. On devine qu’il y aura de la douleur, du mystère, du courage ; une spiritualité invisible tentera de glisser dans votre regard posté par un esprit qui vénère la beauté.

Sur les hauteurs du Piémont, en 1986, Mimo se meurt dans une abbaye où trente-deux moines l’entourent. Sa respiration diminue mais il tente de survivre encore quelques jours, quelques heures. Il a encore quelque chose à dire : sa vie à raconter et un message à transmettre.

Né en France mais Italien de sang, le très jeune Mimo est envoyé par sa mère chez son oncle dans La Botte, veuve elle ne peut assurer l’éducation de son fils et apprendra le métier de sculpteur. Si rêve il y avait, il va rapidement s’écrouler, l’once est rustre et malmène son jeune apprenti. Mais l’exil va lui permettre de rencontrer Viola, une adolescente bien-née, grandissant dans la richesse de la puissante famille des Orsini. Aussi mystérieuse que savante, le petit Mimo – il est nain – va savourer chaque instant avec la jeune fille et s’instruire. Il sait qu’il a du talent pour sculpter mais comment le faire comprendre. L’avenir et l’Italie fascisante lui réservent bien des surprises ; le lecteur en aura également et ne cessera d’imaginer ce à quoi cette Pietà peut ressembler. 

Près de six cents pages pour une évasion totale, une fiction mêlant histoire et art autour d’un personnage particulièrement attachant et d’une figure féminine sibylline au possible. Une écriture fluide, à la fois sobre et académique, et surtout une envolée lyrique sur les hauteurs de la fiction au doux parfum d’antan et de l’amour courtois. L’auteur sait ne pas tomber dans les sempiternels clichés de l’Italie, il sculpte en détails les forces et faiblesses de cette terre tout en rendant hommage à toutes les formes d’art. Un roman à l’image du personnage d’opéra évoqué : vériste. Un Mimo qui dans les affres du destin continue à y croire, « Ridi del duol', che t'avvelena il cor ! »

Un Goncourt sculptural avec une pensée pour Sophie de Sivry, fondatrice et directrice des éditions L’Iconoclaste, disparu en mai dernier. Elle avait fait confiance à Jean-Baptiste Andrea pour son premier roman « Ma reine ». En seulement six ans, il est devenu le roi de la littérature.

Veiller sur elle – Jean-Baptiste Andrea – Éditions L’Iconoclaste – Août 2023

 

lundi 20 novembre 2023

 

Une noisette, un livre


Grandeur nature

Erri de Luca

 


Erri de Luca n’a pas d’enfant, sa transmission ne sera pas génétique mais littéraire. Néanmoins, cette absence de paternité ne l’empêche pas d’avoir un regard sur les autres. Sa propre expérience avec ses parents, sa vision du monde, son écoute envers les autres le rend tout à fait légitime dans cet acte de raconter les relations père/fils.

Son dernier livre est une succession de pensées personnelles et de petits récits allant d’Abraham jusqu’au XXe siècle avec cette femme qui apprend que son père était un chef nazi. À chaque fois, une narration de relations extrêmes, sur la corde – métaphore de l’alpiniste qu’est Erri de Luca – sur les parois rocheuses de l’histoire et de l’intimité des familles. Corde qui lie, étouffe, protège, libère.

Erri de Luca n’a pas connu la pauvreté. Pas comme celle de ses enfants napolitains, abandonnés à eux-mêmes, sans attaches familiales et qui… étaient l’attraction des touristes avant d’embarquer. Le futur écrivain les voyait se jeter près du paquebot, dans cette mer noire souillée aux carburant, pour récupérer les pièces que les croisiéristes lançaient. Ces gamins criaient, seul moyen d’exprimer leur situation, sans aucune larme : « Il existe un degré si noir au bout des descentes que pleurer est un raffinement ».

L’auteur revient sur le mythe d’Abraham s’apprêtant à sacrifier son fils pour honorer la voix divine – tous en connaissons l’issue – pour mettre en parallèle Marc Chagall et son père. Il est encore Marek et peint son père, pour lui donner un poids, bien loin de l’odeur des harengs, une gratitude tardive pour ce fils qui fuyait ces relents : un « portrait grandeur nature ».

Un ouvrage vibrant qui se termine par un coup de tonnerre : « Dans les abîmes de l’inhumain, le simple être humain éblouit comme la rafale d’un éclair ».

Grandeur nature – Erri de Luca – Traduction : Danieèle Valin - Éditions Gallimard – Mars 2023

vendredi 17 novembre 2023

 

Une noisette, un livre


Ma champagne, mon pays

Daniel Rondeau

 


« Partout la terre vibre du mystère des hommes »

 

« Être Champenois, c’est un bon passeport pour le toit du monde » C’est ce que se disait Daniel Rondeau dans sa tête d’enfant. L’avenir a confirmé cette pensée. Depuis sa région natale il a sillonné le monde, reçu les honneurs tout en conservant une humilité extrême, celle de ceux qui savent grandir sans humilier les autres.

Mais, à l’image d’Ulysse et de ses beaux voyages, Daniel Rondeau retourne en sa province où coulent le champagne et les empreintes de ses aïeux. Rien ne lui plait davantage que de raconter l’histoire du tant oublié – hormis une station de métro - de Dom Mabillon. Né en 1632 à Saint-Pierremont il débarque à trente-deux à Paris à Saint-Germain des Près et s’attache à un sujet fondamental : la vérité en Histoire. De pérégrinations en pérégrinations, il réconcilie savoir et foi. Daniel Rondeau en parle avec une telle ferveur que le lecteur n’a qu’une envie : en savoir plus sur cet intellectuel, figure du dix-septième siècle.

S’il est question beaucoup d’églises – patrimoine champenois oblige – un autre domaine est largement évoqué, celui des vignes. Forcément. Jusqu’à aller à murmurer à l’oreille d’un vigneron.

L’académicien ne se contente pas de raconter son pays et de ceux qui y sont nés, y ont vécu, il élargit le champs livresque à diverses réflexions sur la valeur de la transmission, sur la bêtise humaine et sa sempiternelle haine qui fait jaillir le sang. Car du sang il y en a eu sur ces terres de Champagne et d’Argonne…

Champagne toujours au cœur mais amour pour les autres horizons, les autres mondes, les autres peuples, puisque la Méditerranée est également chère au cœur de l’auteur qui s’abreuve de liberté. Quant à la terre, ne jamais oublier ses racines, racines qui forment le palimpseste de l’humanité.

« La communion des saints efface les frontières de la mort et de la vie. La communion des saints n’est pas seulement une consolation pour les vivants, c’est une façon pour les disparus de continuer à exister avec force au milieu de leurs frères vivants ».

« L’école de mes parents était celle de la liberté. Liberté de ne jamais se sentir enfermé par un milieu, une situation, une quelconque fatalité. Liberté de s’envoler vers d’autres cieux et de rester fidèle à sa terre natale ».

Ma Champagne, mon pays – Daniel Rondeau – Éditions des Équateurs – Septembre 2023

mercredi 25 octobre 2023

 

Une noisette, un livre

 

Nos destins sont liés

Walid Hajar Rachedi

 


Walid Hajar Rachedi a de la suite dans les idées. Ce deuxième roman est la continuité de « Qu’est-ce que j’irais faire au paradis » même si les lecteurs peuvent très bien découvrir ce nouvel opus sans avoir lu une ligne du précédent. La géopolitique est nettement moins présente mais la « psychologie des banlieues » est le socle de tous ces destins.

Ceux de Salem, de Lisa, de Matthieu, de Ronnie, de Céline, cette dernière ayant une situation beaucoup plus confortable mais ne supportant l’ambiance « naphtalisée » de son milieu.

Alors que tout peut éloigner un rappeur d’un financier (il ne s’agit pas d’un gâteau), une habitante du 93 et une résidente des quartiers riches de Versailles, tout les rapproche ou va les faire rapprocher. Tous sont pris dans un étau, ne sachant plus s’il faut continuer à rêver un peu ou se laisser glisser dans l’inexorable cours du temps qui happe la plupart des jeunes.

Le ton est léger pour des sujets graves et, curieusement, chaque paragraphe devient percutant, comme ceux narrant la facilité à juger sans discernement, à toujours faire monter les amalgames. Inutile de raconter l’histoire, elle est à découvrir par soi-même mais croyez que le passage avec le présumé terroriste est exemplaire.  

L’un des points culminants du roman est conversation entre Ronnie et sa professeure de philo, genre old school. Juste un extrait, pour le plaisir « Je me suis rendu compte que la vraie réussite d’un enseignant, c’est de réussir à intéresser un public qui n’est pas conquis d’avance. Et il faut reconnaître qu’ici je suis servie, n’est-ce-pas ? Certes, les élèves n’ont pas le profil type de futurs pensionnaires de Normale Sup, mais qui sait ? Alors, en ce qui vous concerne, réfléchissez à ce que vous avez vraiment envie de faire et ayez le courage de vos ambitions. Je ne dis pas que ce sera facile… Mais rien n’est facile dès lors qu’on y tient un peu. Et ce n’est pas parce que qu’on ne peut pas tout de suite, qu’on doit croire qu’on ne peut rien. Réflexion qui, au passage, vaut autant pour vous que pour moi. Jean-Paul Sartre disait très justement à ce sujet « La liberté, ce n’est pas de pouvoir ce que l’on veut, mais de vouloir ce que l’on peut » ». C’est ce que vous aviez écrit dans votre copie, si je ne me trompe ? »

Merci Madame Bazart, merci Ronnie, merci Salem… et merci Walid Hajar Rachedi.

« Passer une soirée, juste une seule, avec quelqu’un qui ne parle pas sa « langue » - celle des audits sociaux, de l’optimisation du capital humain et des perspectives de mission et de carrière qui vont avec – lui paraît une excellente idée ».

Nos destins sont liés – Walid Hajar Rachedi – Éditions Emmanuelle Colas – Septembre 2023

 

 

jeudi 5 octobre 2023

 

Une noisette, un livre 

De l’inconvénient d’être russe

Diana Filippova

 


Voilà un livre fort intéressant et pas seulement par rapport à l’actualité. Diana Filippova dresse un constat à la fois sur la condition des Russes en France – certains exilés depuis des décennies ou descendants de ces familles partis lors de la Révolution ou fuyant les polgroms – et sur la Russie elle-même et de son aïeule l’URSS. La guerre en Ukraine a provoqué la rédaction de ce livre car le conflit la ramenait à ce qu’elle ne voulait plus être : russe.

Arrivée en France lorsqu’elle était encore enfant, elle a connu le déracinement, les difficultés d’être étranger en France, les brimades mais aussi les encouragements, la liberté. De ce récit intime en découle une vision générale sur la Russie et les difficultés de l’exil. À travers de nombreuses anecdotes et de références littéraires, ce constat est édifiant puisqu’il va bien au-delà du sujet, l’extrait sur la peur en est un parfait exemple :

« La peur ancrée rend caduque toute possibilité de révolte. Les opposants le savent bien, eux qui dirigent leur slogan droit contre elle. Elle agit sur le corps des femmes, des enfants et des hommes avec une redoutable efficacité. Une fois qu’elle est là, elle ne demande que peu d’entretien. De tous les instruments de répression, elle présente le meilleur rapport coût-efficacité. Sa puissance est décuplée quand elle vient surprendre les gens dans la sécurité apparente de leur foyer. Il suffit de l’avoir connue une fois pour qu’elle exerce pour toujours son emprise débilitante ».

Sur le plan personnel, ce témoignage est fort et met en avant qu’il est impossible de déconstruire une identité. Diana Filippova avait un sentiment de honte par rapport à cette violence et à son pays dévasté. Elle avait honte d’être russe. Pourtant, c’était la mauvaise réaction. Il ne faut rien renier et s’affirmer.

« La littérature jaillit d’un ailleurs lointain, elle court à travers les contrées étrangères, villes et campagnes, châteaux et dortoirs, elle bouillonne d’une eau lavée de mille peuples et traditions ; battue par les mains des mères, effervescente encore du babil des enfants, bue et recrachée par des gorges viciées et pures, oisives et travailleuses, elle entraîne avec elle pierres, branches et feuillages d’une autre terre que la nôtre, d’autres vies que la vôtre ».

De l’inconvénient d’être russe – Diana Filippova – Éditions Albin Michel – Août 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

lundi 25 septembre 2023

 

Une noisette, un projet sciuridérien


Des monuments et des livres

 

 

(Forteresse de Montrond - Photo © Marylène Bigot)

Cette année 2023 est source de très belles surprises pour votre serviteur. Comme celle d’avoir été lauréat de Tourisme et Territoire du Cher pour l’appel à projets KissKissBankBank. Neuf candidats ont été sélectionnés après dossier et interrogatoires musclés (oui, j’exagère un peu) :

·         🚀 Création d’un Battle Kart à Saint-Doulchard – Projet porté par Nicolas Groelly

·         🚀Gîte équestre à Saint-Symphorien – Projet porté par Fabienne Dorléans

·         🚀Découverte des marais de Bourges en canoë – Projet porté par l’association Canoë Kayak Club de Bourges

·         🚀Anaïs Cold Brew – Projet porté par Anaïs Bargallo

·         🚀Création d’un laboratoire de cuisine professionnel à la Cathédrale de Linard – Projet porté par Charlotte Collet et William Rouger

·         🚀La Nuit du Polar – Projet porté par la Bouinotte

·         🚀« Pose » Café – Projet porté par Jimmy Perriault

·         🚀USB Hébergements insolites à Genouilly – Projet porté par Stéphanie Deneux

·         🚀et celui de l’écureuil « Des monuments et des livres »

Depuis avril, nous sommes tous accompagnés par une équipe formée par l’AD2T (Berry Province) et KissKissBankBank qui a veillé à ce nous fassions consciencieusement nos travaux pratiques et nos devoirs à la maison. Je ne vous explique pas la pression subie et la sévérité extrême (j’exagère un peu, bis). Bref, après plusieurs mois de classes en mode commando, chacun va présenter officiellement son bébé le 1er octobre prochain après une conférence de presse à Bourges le 28 septembre.

Tadam, pour celles et ceux qui désirent être aux premières loges, lancement officieux dés demain mardi 26 septembre à 10h00 !

Il suffit de vous inscrire avec votre adresse mail sur la page de pré-lancement, pour la bestiole rousse c’est ici : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/des-monuments-et-des-livres

Vous découvrirez qui je suis (sous les traits également de ma doublure humaine), pourquoi ce projet me tient tant à cœur, quelles sont mes motivations et pourquoi j’ose demander un financement participatif. Mais, évidemment pour vous remercier de votre générosité, je vous ai préparé de jolies contreparties qui sont toutes en stock en magasin.

Merci déjà du fond de la noisette pour votre participation (en dons et/ou en partages) et je profite de cette annonce pour remercier mes chers et fidèles bipèdes qui me suivent avec assiduité depuis plusieurs années.

Merci également aux écrivains et aux maisons d’édition avec qui je noue des relations très cordiales et qui seront à l’honneur lors de la première programmation en 2024 dans les lieux emblématiques du département du Cher.

Merci évidemment à Béatrice Damade, Ludovic Azuar, Jennifer Desille, Stéphanie Massonat, Nathalie Boccanfuso, Chloé Rapin, Flavien Boucherat, Bastien Doutre, Sandrine Gérard, Sébastien Champault (pardon pour ceux que j’oublie) et Olivier Sanchs.

Grand merci à Martine d’Aligny, présidente de la Route Jacques Cœur, pour son soutien et le partenariat avec la RJC.

Et enfin, merci de merci à mes amis, de loin comme de près, qui m’encouragent, me supportent. Vous êtes trop nombreux pour que je vous énumère tous mais je tiens à nommer deux qui sont des soutiens depuis la première heure : Nathalie Désiré et Gaël Chênet (et ainsi le Berry est réuni avec un 36 et un 18). Gratitude immense.

Je souhaite une chance de toutes les noisettes à mes collègues porteurs de projet, certains, d’ailleurs, se retrouveront avec l’écureuil en 2024. Croyez-moi, tous les projets sont épatants et nous formons une équipe de choc, à cheval, en canoë, en kart électrique, en bien-être, en spiritualité architecturale, en lectures qui méritent de porter un toast avec un cold brew avec une belle photo de famille à l’ancienne !

Panachement vôtre 🏰📚

 

 


 


dimanche 24 septembre 2023

 

Une noisette, un livre


Ma maîtresse a fait un burn-out

Valérie Michel

 


Valérie est un bon « petit soldat » comme elle se nomme. Ne comptant pas ses heures, sa vie est son travail. Parce qu’elle s’estime chanceuse d’en avoir un, parce qu’elle aime travailler et qu’étant seule elle ne peut compter que sur elle-même. Sauf qu’un jour, son corps commence à émettre des bulletins d’alerte. Peu importe, elle continue. Le burn-out va la rattraper et la faire tomber. Un long chemin s’ouvre, parsemé d’obstacles, pour se reconstruire.

Lorsqu’enfin elle recouvre la santé, elle se met à écrire. Partout. Peut-être même à la façon d’un Paul Eluard sur les oreilles, non pas de son chien, mais de son chat. Un chat nommé Oscar qui va l’aider à ne pas tomber plus bas que terre, qui va mettre sa patte dans l’encrier pour exprimer ses craintes et décrire le comportement de sa maîtresse.

Un récit excessivement émouvant sans aucune trace de victimisation. Valérie Michel estime l’écriture comme une catharsis et, également, un moyen d’aider les autres. Son témoignage fort apporte un réconfort et un espoir. Croquette sur le livre, les passages où son chat raconte à sa façon apporte de la légèreté au récit.

« Depuis qu’elle est malade, mes nuits ne sont plus les mêmes. J’ai le sommeil léger, je m’autorise de nombreuses promenades nocturnes. Je me place dans trois endroits différents, trois points stratégiques. Je suis un vrai « bodyguard » ! Elle se couche. Je me roule en boule sur l’édredon rose, celui qu’elle a installé au bout de son lit. J’aime sa texture, un tissu doux, sur lequel je peux me prélasser, dormir, rêver. La lumière éteinte, je me rapproche doucement de ses pieds ou me glisse dans le creux de ses jambes ; je deviens un petit coussin chauffant, une source de réconfort. Au milieu de la nuit, je me réveille, pars en balade dans l’appartement, le temps de me rafraîchir d’un peu d’eau et d’avaler une petite croquette ou deux, me voilà de retour dans la chambre. Je m’assois sur sa table de chevet et l’observe. Avant, c’était mon poste du matin, au moment où la boîte au son bizarre la réveillait ! J’étais très rigolo, je venais lui donner un grand coup de patte sur sa joue ou son nez, afin de vérifier qu’elle était bien réveillée ! Aujourd’hui je respecte son sommeil, son besoin de repos. Ma vision de chasseur me permet de constater combien son visage est toujours tendu ».

Ma maîtresse a fait un burn-out – Valérie Michel – ISBN 97983394660764  

🐈🐈🐈Site de Valérie Michel sur le burn-out

 

jeudi 7 septembre 2023

 

Une noisette, un livre 


L’Éditeur

Capucine Ruat

 


« La vie et rien d’autre »

 

Le titre et la couverture résument déjà le livre. Une fonction, une couleur. Jean-Marc Roberts écrivait et éditait. Il est le créateur de la Collection bleue chez Fayard, déménagée ensuite chez Stock. Discret, archétype de l’anti-égo, Capucine Ruat rend hommage à cet homme incroyable disparu bien trop tôt, à seulement 58 ans en mars 2013, au dernier jour du Salon du livre de Paris.

Jean-Marc Roberts, être inclassable comme on les aime, se fichait de ce que les autres pouvaient penser de lui ; fidèle à ses opinions, il n’avait qu’un souhait : faire connaître ses auteurs sans tomber dans l’entre-soi, sans courber l’échine.

L’autrice et éditrice – qui a fait ses classes aux côtés de l’homme en bleu – remonte le temps avec quelques dates clés qui ne sont, en rien anodines : 1958, 1995, 2009, 2013… Elle fait preuve d’une immense humilité en racontant ses années professionnelles avec Jean-Marc Roberts avec un souci du détail qui laisse le lecteur pantois.

« Lire, publier, défendre, faire connaître », c’est le titre d’un chapitre et c’était l’une des devises de Jean-Marc Roberts, une phrase prononcée en 1975 face à Jacques Chancel dans la cultissime émission « Radioscopie ». Au diable l’édition qui ne veut faire que du chiffre, lui il veut désacraliser le milieu, faire souffler un vent nouveau où les audaces sont permises. Il s’adapte aux auteurs, à leur univers, renverse le rapport de force jusqu’à dire que c’est uniquement l’éditeur qui est responsable d’un insuccès !

Jean-Marc Roberts semble être entré en littérature comme d’aucuns entrent en résistance, pour que l’écriture transgresse, pour que l’écrivain s’exprime sans contraintes. Grandes lignes et petites phrases alternent dans cet éloge posthume aussi touchant qu’instructif et qui permet d’avoir une vision intime de l’homme. Pudeur scripturale pour peindre haut en couleurs le portrait de cet éditeur tout en décrivant, également, les coulisses de l’édition : ouvert sur le monde mais parfois trop enfermé dans son propre univers.

« Écrire c’est parler à quelqu’un ». Mission réussie puisque ce livre est un discours qui semble avoir été écrit pour soi.

« Jean-Marc a trouvé sa couleur depuis qu’il a créé sa série. La liberté, la liberté de peindre le monde en bleu, la liberté de ne demander son avis à personne. Jean-Marc est l’homme en bleu ».

 L’Éditeur – Capucine Ruat – Éditions Phébus – Août 2023

lundi 4 septembre 2023

 

Une noisette, un livre


Le pavillon des oiseaux

Clélia Renucci

 


Mais qu’est-ce donc ce pavillon des oiseaux ? Un refuge ornithologique ou bien un espace pour roucouler ? Un titre qui gazouille, titille la curiosité et entraîne le lecteur à Rome à la fin de la Renaissance où luttent deux familles pour le pouvoir suprême : les Farnèse et les Médicis.

Clélia Farnèse, fille illégitime du cardinal Alessandro Farnèse aura un destin tragique, celui d’une femme qui se veut libre et rebelle face au pouvoir des hommes. Enlevée à sa mère alors qu’elle n’est qu’un bébé, Clélia va grandir dans une éducation stricte mais entourée de l’amour d’un père. Un père qui se révélera intransigeant dans « sa » morale pour prendre le pouvoir à Rome, espérant qu’une fumée blanche le désigne un jour chef suprême des catholiques.

Mariée d’office selon les us et coutumes, elle aime néanmoins son mari, le baron Cesarini, et… le meilleur ami de son époux qui n’est autre de Ferdinand de Médicis devenant son unique amant. Liaisons extraconjugales acceptées – même encouragées – quand cela vient d’un homme, vilipendées lorsque c’est une femme qui met un coup de canif dans le contrat de mariage. Point de réseaux sociaux à la Renaissance mais les avvisi excellaient dans l’art de la calomnie.

Clelia Renucci nous emporte encore dans les vestibules italiens de la Renaissance alternant entre rivalités, complots, débauches et douceurs artistiques. Cela dit, la force de son roman réside dans le personnage de Clélia Farnèse, un portrait éblouissant de femme avant-gardiste voulant clamer son indépendance. Roman historique pas excellence – sans tomber dans un cours magistral – d’aucuns auront un cœur palpitant à suivre la vie – parfois romancée – de la belle Clélia. Roman divertissant, baigné d’art et de culture, le plaisir est grand de retrouver cette sensibilité italienne qui avait marqué le premier roman de l’autrice « Concours pour le paradis ».

Le pavillon des oiseaux – Clelia Renucci – Éditions Albin Michel – Août 2023

  Une noisette, un livre Le fruit le plus rare Gaëlle Bélem     Vous aimez les desserts doucereux, les parfums envoûtants avec cet...