mercredi 29 décembre 2021

 

Une noisette, un livre


Bianca, l’âme damnée des Médicis
Carol Ann & Patrick de Carolis

 


L’opéra a pris sa source chez les Médicis et, sans le savoir, cette famille illustre a donné naissance à un art qui lui ressemble : chaque chapitre de cette lignée débute souvent dans le faste, les dorures, la fête, pour se terminer tragiquement, la dynastie finira d'ailleurs par s’éteindre. De son tombeau inconnu, Bianca Capello savoure peut-être la disparition de sa belle-famille qui l’a tant rejetée.

Bianca Capello est intelligente, belle et riche. Issue de la haute noblesse vénitienne, son avenir semblait radieux. Mais sa mère a quitté ce monde et son père, autrefois aimant, obéit à la marâtre. Enfermée dans une prison dorée, elle rêve et découvre le monde en lisant en cachette des livres. Recluse, elle parvient pourtant à trouver l’amour avec un jeune homme beau comme un dieu…mais fauché, dépensier et volage. Le secret de leurs ébats étant découvert, ils n’ont plus qu’une seule solution, fuir. Florence, la rivale légendaire de Venise, sera leur ville de refuge, après un voyage épuisant, mais sous la menace d’une extradition. Heureusement, Cosme de Médicis est troublé par l’attitude de la jeune femme lors d’une audition qu’il a bien voulu accorder au couple. Rapidement, il s’en mordra les doigts d’avoir été si clément : son fils ainé, Francisco tombe éperdument amoureux de cette jeune femme au regard lumineux et à l’allure princière. Elle deviendra sa maîtresse. Malgré les mœurs débridées, Bianca est rapidement considérée comme une catin et sera détestée aussi bien par le clan médicéen que par le peuple.

Un roman biographique qui laisse une part de fiction, notamment dans les dialogues, et une part d’histoire ; ainsi que vous aimiez roman ou/et document vous serez forcément comblés par cet ouvrage qui plonge au cœur d’une famille qui puisait aussi bien dans le royaume des lumières – l’héritage patrimonial est considérable – que dans celui des ténèbres par les multiples complots et assassinats même si elle fut elle-même victime de funestes projets comme la conspiration des Pazzi un siècle auparavant. Et que dire du combat des chefs entre Venise et Florence ! Sans oublier Rome et son Vatican... Mais, Bianca Capello reste le personnage phare de ce récit qui nous en apprend beaucoup sur cette femme bien trop occultée depuis des siècles.

Bianca, l’âme damnée des Médicis – Carol Ann & Patrick de Carolis – Editions de l’Observatoire – Octobre 2021

mardi 28 décembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
Les mal aimées
Caroline Bréhat

 


Comment une femme française qui veut protéger sa fille des griffes d’un père incestueux et violent se retrouve emprisonnée en Italie sous la menace d’une extradition vers les Etats-Unis car considérée comme une dangereuse criminelle par le FBI ? Par le fait d’un manipulateur qui a su se faire passer pour la victime aux yeux de la justice américaine. C’est l’histoire de Bettina racontée par la psychanaliste Caroline Bréhat, un roman certes, mais inspiré en partie d’un fait réel.

Bettina est heureuse, retrouvant la vie auprès de son nouveau compagnon, Ethan, qui est à l’opposé de son ex-mari et père de sa fille unique. Ensemble, ils séjournent près du lac de Côme avant de célébrer leurs noces à Rome. Apolline est restée en France auprès de sa famille, désormais rassurée de ne plus être obligée de séjourner chez son géniteur, Hunter, aux Etats-Unis et y subir viols et autres violences. Seulement, malgré les jugements des tribunaux français, en application de la Convention de La Haye, qui confirment l’inceste et autorisent l’adolescente à rester en France et qu’une juge new-yorkaise va dans le même sens, Bettina reçoit un matin la visite des carabiniers : mandat d’Interpol, demande d’extradition... une des personnes la plus recherchée par le FBI. Au commissariat, tous sont désolés de devoir mener la jeune femme en prison. Là, elle va entrer dans un univers dantesque, dans la cité des peurs. Cependant en entrant dans cet enfer elle ne laisse pas l’espérance à la porte ; elle va résister et sait que quelque chose peut tout faire basculer : les jugements français, la bienveillance de ses avocats italiens et l’amour, celui d’Ethan qui est incommensurable.

Un roman poignant qui, par la fiction, démontre le parcours épouvantable d’une mère qui veut protéger sa fille face à un père violent et incestueux. Redoutable, il sait se faire passer pour un ange à l’extérieur tout en étant le diable à la maison. Il inverse les rôles, c’est Bettina qui est sous l’emprise du « syndrome d’aliénation parentale ». Le récit de Caroline Bréhat est juste et excessivement bien documenté quant au cheminement psychologique et psychiatrique. La principale force de ce roman est de montrer l’entrecroisement des vies avec le poids du passé dans la spirale de la manipulation, sans s’attarder sur le sordide qui ne sert qu’à satisfaire le voyeurisme. S’ajoutent les descriptions de l’univers carcéral avec ses « bons » et ses « mauvais » sujets, les conditions de vie qui poussent des détenus au suicide, conditions qui ont encore empirées avec l’arrivée du Covid.

Un plaidoyer pour une justice internationale, pour un meilleur « diagnostic »  des manipulateurs ; un témoignage sur le poids transgénérationnel, un ouvrage féministe où la raison ne s’égare pas à une opposition des sexes, au contraire, c’est ensemble que les forces doivent s’unir ; une ode à l’amour car les passages entre Bettina et Ethan sont d’une tendresse infinie.

Les mal aimées – Caroline Bréhat – Art3 Plessis Editions – Juin 202
Préface d’Edouard Durand / Postface de Jean-Marc Ben Kemoun

dimanche 26 décembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
La confrérie des innocents
Henri Gougaud

 


XIII° siècle entre Pamiers et Toulouse, dans l’emprise de l’Inquisition, un jeune moine se voit confier par un alchimiste condamné au bûcher un précieux livre qu’il doit remettre en mains propres à une personne de confiance afin de protéger l’ouvrage impie des foudres du terrible évêque inquisiteur Falgar. Alexis ignore ce qui est écrit dans le livre mais accepte le défi.

Il sera accompagné de la fille de l’alchimiste et de son prétendant qui a pour valet un personnage énigmatique. Sur son chemin, il rencontre rapidement un faux prêtre, Verniolle, brigand au grand cœur, un veilleur africain, Soudan, aussi noble que courageux, le « Vieux » et une confrérie de charbonniers qui fera plonger tous les protagonistes dans des rites emprunts de sorcellerie bienfaitrice. Vaillance sera le maître mot pour affronter les sbires de Falgar qui ne cesseront de vouloir récupérer le livre considéré comme hérétique. Mais quel est donc ce grimoire ?

Ni sanglantes batailles ni effluves thrillesques médiévaux mais un conte au cœur des traditions occitanes où chevauchent dangers et bravoure. Parcours initiatique mêlé de poésie et de dialogues savoureux avec, sans en avoir l’air, maintes réflexions sur la religion, la nature, la liberté, l’amitié, l’amour, le rôle du pardon et combien la haine et le désir de revanche peuvent mener au néant. Henri Gougaud agite une plume truculente pour un cheminement lumineux sur la beauté de la vie pour qui sait tirer des petites choses et gestes un immense souffle d’espérance.

« Réfléchissez un brin. Les purs tranchent tout au rasoir, qu’importent les vies qu’ils éteignent, ils ne regardent que le Ciel, persuadés que, même abjects, ils ne font qu’obéir aux préceptes de Dieu. Par contre, les voluptueux cultivent l’espérance douce, ils ne sont sûrs de presque rien, mais tant qu’ils sont à leurs plaisirs, au moins, si la vertu ne les inspire pas, ils ne font de mal à personne ».

La confrérie des innocents – Henri Gougaud – Editions Albin Michel – Novembre 2021

mercredi 22 décembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
A la pointe
Pierric Bailly

 


Petit livre inattendu et surprenant. D’aucuns pourraient imaginer le récit de déambulations à l’intérieur du Musée des Confluences, puisque que c’est de lui qu’il s’agit. Que nenni ! Pierric Bailly est resté à l’extérieur de l’édifice pour observer les mouvements des gens qui passent, comme sur la place où chacun vient, chacun va. Preuve qu’un musée est vivant et le raconter en est tout un art.  

Paru dans la collection « Récits d’objets » l’auteur a choisi de parler d’un bâtiment, d’une architecture, quelque chose qui est « à la pointe » qui ouvre les chemins, les voies, à la confluence entre Saône et Loire. Et si le lecteur est intrigué par ce qui se cache – tout en s’exposant – sous les parois de verre, il le sera tout autant par cet espace social qui circule sur cette presqu’île qui héberge depuis 2014 d’innombrables collections dont celle d’anthropologie et de civilisations.

Errant pendant quatre mois, interrogeant les badauds sur le musée, Pierric Bailly va se retrouver au carrefour de femmes et d’hommes, représentant en quelque sorte toute la diversité humaine : visiteurs, sportifs – dont le prodige de skate Aurélien Giraud – des jeunes, des vieux, des amoureux, des blessés de la vie qui trouvent un peu de réconfort autour de l’association Graille qui offre des repas pour les plus démunis. A toute heure du jour et de la nuit, chaque regard peut se porter vers un autre et ce petit livre propose un extrait de cette richesse. En prime, il attise la curiosité et donne envie de porter quelques pas au cœur de ses convergences.

A la pointe – Pierric Bailly – Editions Cambourakis – Collection Récits d'objets - Musée des Confluences -  Octobre 2021

mardi 21 décembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
Eugénie et Eugenia
Gabriel Lévi

 


Disons-le tout de suite, ce roman n’est pas pour les inconditionnels de Formule 1 livresque ni pour ceux qui ne se plaisent que dans l’action à noisette rompue. Par contre, celles et ceux qui aiment le mystère et apprécient qu’un écrivain laisse une place pour l’imagination du lecteur, seront enchantés par ce premier roman de Gabriel Lévi qui nous entraîne de Paris à Barcelone avec un détour par Chartres.

Andrea quitte Barcelone avec encore le parfum de Nora dans son esprit. Arrivant à Paris, il séjourne dans son petit hôtel habituel aussi singulier que particulier. Là, un message d’une Eugénie, croisée lors d’une soirée, l’attend. Elle est intelligente, belle avec un charme qui ne laisse pas les hommes indifférents. Pourtant, s’ils arpentent les rues de la capitale française, boivent ensemble, partent en soirée, filent à un mariage à Chartres et finissent par prendre le train pour Barcelone, seules les paroles se rapprocheront, les corps restant à distance malgré une attirance certaine. Parce qu’Eugénie n’est pas Eugenia. Parce qu’Eugénie n’est pas l’auteure d’une lettre qu’Andrea va mettre dans sa poche en songeant à la lire plus tard, parce qu’Eugenia est une énigme. A l’instar de ce roman.

On ne sait rien d’Andrea, qui il est, ce qu’il fait malgré son omniprésence. Personnage attachant par son côté insaisissable et que l’on dessine à sa convenance - pour ma part je me le suis représenté enveloppé d’élégance. Quelle belle promenade dans les rues de Paris même si les déambulations barcelonaises dans le barrio gotico, puis l’escapade à Montserrat ont rempli votre serviteur d’une émotion baignée de mélancolie.

Randonnée sibylline mais non amphigourique, quelques erreurs de style mais peu importe, ce roman est à l’image du mouvement « Nouvelle vague » et on croit voir apparaître dans la plume de Gabriel Lévi la caméra d’un Jean-Luc Godart ou d’un François Truffaut.

Eugénie et Eugenia – Gabriel Lévi – Editions des instants – Juin 2021

vendredi 17 décembre 2021

 

Les douze coups de noisette

 



Mes chers bipèdes,

Très bientôt, sous le noisetier, sonneront les douze coups de minuit pour entrer dans une nouvelle ère, quelques jours après la lumière de Noël.

Pendant que vous prendrez un verre à douze pieds, que douze chevaliers sauront vous entourer pour assurer la paix, rien de mieux que de se retrouver avec douze pépites livresques qui ont su assurer dans le panache.

Bien évidemment, ce n’est juste qu’un conseil sciuridérien parmi les cent-vingt chroniques de l’année, sans compter la quantité de livres grignotés. La vitrine du domaine étant ouverte librement 24H24 tous les jours de l’année, vous pouvez déambuler comme bon vous semble pour rajouter d’autres titres, aucune date de péremption ne figurant sur cet aliment nourrissant richement toute âme qui se penche sur les berceaux de la littérature.

Noëllement vôtre,

📖 Le Silence des dieux – Hahia Belaskri – Editions Zulma
https://squirelito.blogspot.com/2021/12/une-noisette-unlivre-le-silence.html

📖 Le jeune homme au bras fantôme – Hélène Bonafous-Murat – Editions Le Passage
https://squirelito.blogspot.com/2021/10/normal-0-21-false-false-false-fr-x-none_10.html

📖 Cavalier noir – Philippe Bordas – Editions Gallimard
https://squirelito.blogspot.com/2021/03/une-noisette-un-livre-cavalier-noir.html

📖 Bélhazar – Jérôme Chantreau – Editions Phébus
https://squirelito.blogspot.com/2021/09/une-noisette-un-livre-belhazar-jerome.html

📖 Mon maître et mon vainqueur – François-Henri Désérable – Editions Gallimard
https://squirelito.blogspot.com/2021/11/quand-unenoisette-devient-un-prix.html

📖 Mohican – Eric Fottorino – Editions Gallimard

https://squirelito.blogspot.com/2021/08/une-noisette-un-livre-mohican-eric.html

📖 La dixième muse - Alexandra Koszelyk - Editions Aux forges du vulcain

📖 L'étoile des frontières - Alfred de Montesquiou - Editions Stock 

📖 Le roman vrai de la Vénus de Milo - Candice Nedelec - Editions Fayard 

📖 Là où naissent les prophètes - Olivier Rogez - Editions Le Passage 

📖 Dans les forêts du paradis - Tristan Savin - Editions Salvator

📖 Implosions - Hyam Yared - Editions des Equateurs 


jeudi 16 décembre 2021

 

Une noisette, une collection
 
Terre Humaine

 


« Toute ma vie j'ai été défenseur des minorités, qu'elles soient ethniques ou intellectuelles. Un anthropologue, par nature, représente en soi une minorité intellectuelle en faisant face à la vulgate politique et économique. J'ai créé Terre Humaine, contre. Toutes les semaines, deux langues disparaissent. Cela pose une question fondamentale, c'est bien d'être pour la biodiversité et le multiculturalisme, c'est une nécessité car demain, dans l'exploration du cosmos, qui est la grande aventure de l'homme, nous aurons besoin de toutes ces intelligences, aujourd'hui en réserve. »

Jean Malaurie


En févier 1954, Jean Malaurie créait une collection qui perdure et ouvre une fenêtre sur le monde en donnant la parole au « peuple racine », aux cultures en danger, aux traditions, en apportant des témoignages et en faisant rencontrer chaque lecteur avec un nouveau monde dans toute sa richesse et sa diversité humaine. Sans oublier l’écrin qui l’héberge : Dame Nature.

J’ai découvert cette collection en 1979 grâce au « Cheval d’orgueil » de Pierre-Jakez Hélias pour ensuite dévorer l’incontournable « Tristes tropiques » de Claude Levi-Strauss et, forcément, le premier de la liste « Les Derniers Rois de Thulé »  de Malaurie lui-même. Que de noms pour tracer à l’encre la vie, les destins des quatre coins du monde : Victor Segalen, René Dumont, Mahmout Makal, Jacques Soustelle, Selim Abou, Jacques Lacarrière, Eduardo Galeano jusqu’à aujourd’hui avec Jean-Marie Blas de Roblès, Caroline Audibert, Olivier Weber et le dernier né avec Sylvie Lasserre.

Collection éditée par la maison Plon, votre serviteur a récemment pu participer à un concours pour faire gagner les parutions 2021 à l’un de ses abonnés sur Instagram grâce à la générosité justement des Editions Plon. Je n’ai pu m’empêcher de leur demander, en option,  ce que signifiait pour eux la richesse humaine. Les réponses – participant au concours ou pas – ont tellement eu de panache que je ne peux m’empêcher (bis) de les retranscrire sur cette branche.

@victoire_lib  : La richesse humaine, c’est l’émerveillement, le partage, la transmission et l’amour

@routejacquescoeur : La richesse humaine, c'est savoir écouter l'autre avec bienveillance sans jamais le juger et donner souvent, toujours sans jamais rien attendre en retour ; c'est cette classe incroyable de certains êtres capables de sourire au-delà de leurs souffrances.

@christianemirabaud : La richesse humaine c’est « qui sauve un homme sauve l’humanité » (Torah, Coran, Bible) ; « On ne diminue pas le bonheur en le partageant » Bouddha

@estelle_lecture : La richesse humaine doit être, à mon sens, synonyme de respect et de bienveillance.

@mes_vadrouilles : La richesse humaine ; c’est l’empathie, le partage, la curiosité,l’émerveillement.

@lavoiselle : La plus belle et la plus grande des richesses humaines est l’ouverture d’esprit. Accepter chacun tel qu’il est sans jugement.

@mottemar : La richesse humaine est synonyme de tolérance

@thaelh  : La littérature est l’illustration parfaite de la richesse humaine, en la partageant on l’enrichie.

@evelyneln75  : La vie est notre richesse

@watercolorandbooksparis : La richesse humaine, c’est la curiosité et le partage

@cathy_lit_et_sort_aussi: La richesse humaine, c’est le respect, la curiosité, la bienveillance et bien d’autres choses encore.

@margot_hendaye: La richesse humaine implique l’entraide et le partage. Une transmission également, qui ne te fige pas dans le passé mais te permet d’avancer d’un pas sûr.

@la_mine_qui_casse : La richesse humaine, il faut de plus en plus la chercher pour la trouver. Mais c’est d’abord penser aux autres avant de faire passer ses intérêts personnels.

@valerie.unlivreapreslautre : La richesse humaine, c’est être dans l’écoute et le respect de l’autre.

@jolybrigitte : La richesse humaine, c’est l’amour.

J’invite mes lecteurs à suivre pas à pas cette collection, dirigée par Philippe Charlier, et de partager chaque jour un peu de cette richesse qui fait de l’homme un être unique et à protéger dans son immense habit d’Arlequin.

Humainement vôtre,

 

mercredi 15 décembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
S’il n’en reste qu’une
Patrice Franceschi

 


Elle s’appelle Rachel Casanova. Elle est  journaliste pour un magazine australien plutôt à sensation. Néanmoins, son chef, Jim Billingman, est un bon patron et s’en veut d’avoir refusé le reportage de Ted Singleton sur les migrants en perdition. Depuis Ted ne donne plus signe de vie. Jim souhaite changer d’orientation éditoriale et propose à Rachel une enquête sur les combattantes kurdes en Syrie. Bien que n’ayant jamais porté ses pas sur ceux des grands reporters elle accepte aussitôt le défi, partir en Syrie via la Turquie qui contrôle désormais tout après la désertion occidentale, livrant la communauté kurde à elle-même dans l’enfer du terrorisme. En 2017, Raqqa redevenait libre, Des années plus tard, les adorateurs du pandémonium terrien sont revenus pour faire régner à nouveau la terreur.

C’est dans ce contexte de dystopie que Rachel commence son reportage, en pénétrant dans la ville de Kobané avec l’un des correspondants des résistants kurdes, Mohamed. Là, elle pénètre dans un cimetière à l’abandon,  y voit deux tombes en ruines qui interpellent son regard. Deux noms sont inscrits : Tékochine et Gulistan, et apprend que c’étaient deux sœurs d’armes qui ont péri dans des conditions atroces après avoir lutté au-delà de leurs forces. Mohamed est touché par la conviction journalistique de Rachel et lui conseille de partir à Erbil, en Irak, pour rencontrer Bérivan, « la femme qui ne sourit jamais ».

Un roman qui fait froid dans le dos et qui donne une leçon d’humilité absolument prodigieuse. Patrice Franceschi manie en même temps deux plumes, une journalistique l’autre romancière, pour dresser un tableau du drame syrien, du drame kurde, du drame oriental… d’un drame international. Mais surtout, il rend hommage à ces combattants kurdes qui ont pratiquement été seuls pour lutter contre l’ennemi et bien vite abandonnés dès qu’un semblant de ciel bleu est réapparu. Plus encore, véritable chant d’honneur pour ces femmes qui défendent leur pays, leur nation, la démocratie et qui n’ont peur que d’une chose : de mourir pour rien.

« Entre les rêves et les cauchemars ayant hanté cette nuit quasiment initiatique, j’avais aussi échafaudé toutes sortes d’hypothèses sur ce qui pouvait arriver à une femme de mon âge jetée en pâture au destin. Car quoi : je m’apprêtais à partir pour des montagnes rebelles à toute autorité, sans cesse menacées par la guerre, des montagnes fermées à la plupart des étrangers et peuplées de maquisards irrédentistes dont plus personne n’avait idée ; tout cela était empli de mystères et sans doute de périls. J’entrai dans l’inconnu ».

S’il n’en reste qu’une – Patrice Franceschi – Editions Grasset – Août 2021

mardi 14 décembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
Le Silence des dieux
Yahia Belaskri

 


Comment peut-on sortir de l’humanité ? En répondant à la violence par la violence, à l’extrémisme par l’extrémisme, à l’obscurantisme par l’obscurantisme. Yahia Belaskri signe une fable sur les risques de l’engrenage des mensonges, des rumeurs, du complot menant inéluctablement au crime. Un conte, certes, mais qui renvoie à ce que l’écrivain algérien a connu dans son pays, à ce qu’endurent encore des millions de personnes face à l’intolérance religieuse, ethnique et à toutes les dérives sectaires. Inspiré d’un fait réel survenu en Amérique du Sud, Yahia Belaskri a créé une œuvre aussi sublime que tragique. Avec ce que la poésie peut apporter comme espérance.

La Source des Chèvres, c’est le nom d’un petit village aux portes du désert. Tout va pour le mieux pour le meilleur du monde malgré la rusticité des lieux. Une  unique route en terre est la seule sortie possible, un jour sans que l’on sache pourquoi elle est bloquée par des militaires sans scrupule. Alors que tous les habitants semblaient vivre dans la fraternité et qu’il faudrait unir les forces face au terrible enfermement, les luttes pour prendre le pouvoir vont se terminer en crimes, le Faune ayant décidé de diriger le village avec la bénédiction d’un mystérieux marabout plus proche des incantations libidineuses que spirituelles. Seul Ziani, celui qui est surnommé le fou, a des paroles de sagesse mettant en garde contre la brutalité et la diversion qui s’installe. Un vent de révolte contre l’obscurantisme va s’élever, il viendra des femmes, de Zohra, Badra, Setti… toutes, en s’émancipant, vont faire renaître la liberté. Et l’espoir dans la fraternité.

Enveloppé d’une poésie d’une délicatesse subtile ce roman est à lire à genoux ! Par ces multiples métaphores qui résonnent à haute volée, par cette allégorie de la tolérance, par cette dénonciation de la destruction au détriment de la fraternité, Yahi Belaskri signe une œuvre mirifique qui laissera peu d’yeux secs lorsque lecture se terminera. Un concerto de mots qui bat crescendo avec un final en apothéose sur le désert, l’humanité, la vie.

« Ceux qui n’ont pas goûté à la morsure de la vie ne savent pas de quoi ils parlent. Ils se disent experts et sont prompts à livrer leur opinion, mais ils se trompent sur tout. Pour eux, le désert est vide. Erreur et égarement ! Le désert sans limites héberge des populations diverses, animales, végétales, humaines. Il est vivant. Chaque dune, chaque pierre, chaque grain de sable racontent l’histoire des hommes, leur infortune et leurs espérances. C’est un pays où sans cesse chacun est confronté à sa présence fragile, à l’incertitude qui caractérise le mystère de la vie, à la mort et à l’infinie résurgence des éléments. Le silence est peuplé de bruits imperceptibles à l’oreille insensible. Le sable parle. Il s’exprime dans toutes les langues, celle des profondeurs de la terre et des astres, celle des tempêtes, celle des hommes aussi. Il faut écouter le murmure des cristaux. Et quand le vent s’invite, le sable fredonne, il chante parfois. Sa mélodie est  message, elle change d’une saison à l’autre. Les hommes du désert savent écouter et adaptent leur vie aux voix qui leur parviennent ».

« Vous ne connaissez pas la bienveillance, encore moins la tendresse parce que vous n’en êtes pas capables. Engoncés dans vos misérables certitudes alors que le monde est mystère et la vie miracle, vous avez donné libre cours sans retenue ni mesure à la cruauté insondable qui vous dévorait. Vous appartenez au clan des assassins. Aujourd’hui je suis vivant et nul n’est mort à ma place. Ce sont vos mains qui ont tué. Je n’ai pris la place de personne, vous êtes les usurpateurs. Je me tiens debout dans le vent, et vous dans le brouillard de la haine. Je souhaite emprunter les chemins de la vie, ceux qui mènent à la rencontre. Vous êtes pétrifiés dans la claustration et l’oubli. J’ai été nourri au sein de la fraternité. Vous l’avez été à la fontaine du ressentiment. J’ai attendu de longues années avant de pouvoir exprimer ma colère. Je vous le dis : vous avez accepté d’être des meurtriers, je suis de ceux qui s’y refusent résolument. Je ne demande rien, ni vengeance ni justice, je me détourne de votre voie qui mène à la ruine ».

« Je refuse l’assignation et ne réponds à aucune injonction. Je suis de nulle part et de tous les lieux où des femmes et des hommes s’évertuent à faire reculer la peur et enrayer le crime, de tous endroits où se réinvente la bonté humaine. C’est là ma demeure, mon unique demeure ».

Le Silence des dieux – Yahia Belaskri – Editions Zulma – Octobre 2021

Lu grâce à lecteurs.com, à Françoise Fernandes et à la Fondation Orange

vendredi 10 décembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
Les envolés
Etienne Kern

 


Les hommes ont toujours rêvé d’être des oiseaux, d’avoir des ailes pour survoler le monde, d’ailleurs les ingénieurs ont observé les mouvements des volatiles à l’envol pour imaginer comment le traduire avec la mécanique. Mais, combien se sont, non brûlé mais brisé les ailes… L’un d’entre eux s’appelait Franz Reichelt, moins passionné par l’aviation que feu son ami Antonio, il songea néanmoins à imaginer un costume-parachute. Peut-être pour offrir un cadeau posthume à son ami qui s’était tué en avion.

Reichelt était tailleur pour dames. D’origine autrichienne, son arrivée à Paris n’avait pas été triomphale mais peu à peu il avait trouvé une clientèle dans le quartier de l’Opéra. Cependant, il souffrait de la solitude, songeait toujours à un amour perdu. Pourquoi est-il allé au devant de la mort en sautant du haut de la Tour-Eiffel avec sa piètre invention ? Il n’est pas unique mais une vidéo a permis qu’on se souvienne de lui. Etienne Kern réveille sa figure ordalique pour raviver en parallèle la mémoire de ceux qui se sont envolés, peut-être vers d’autres cieux. Comme le soulignait si justement Jean d’Ormesson : « Il y a quelques chose plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ». Ce roman en remplit parfaitement la mission.

Le sujet du roman ne m’attirait guère mais l’écriture délicate d’Etienne Kern m’a fait tourner panache. D’une plume sensible, il relate la vie d’un homme qui ne parviendra jamais à surmonter les blessures successives et qui croît, à tort, que la montée dans les airs lui fera oublier la descente sur terre. Les ténèbres de la réalité sont masquées par une écriture poétique, un phrasé au charme d’antan et des personnages qui apparaissent comme des ombres chinoises et éclairés par le faisceau des mots.

Les envolés – Etienne Kern – Editions Gallimard – Août 2021

mardi 30 novembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
La belle histoire des cathédrales
Alain Billard

 


« J’allai voir la cathédrale, vaisseau gothique à nef élevée. Les bas côtés se partagent en deux voutes étroites soutenues par un seul range de piliers, de manière que l’édifice intérieur tient à la fois de la cathédrale et de la basilique »François-René de Chateaubriand

Qui n’a pas succombé au mystère, à la grandeur de ces édifices religieux ? Qui n’a pas ressenti quelque chose d’inexplicable en admirant des siècles d’histoire et d’architecture ? Qui n’a pas eu envie de caresser ces piliers de pierre pour une communion de l’âme avec l’invisible ? Que l’on croit au ciel ou que l’on n’y croit pas.

Ce beau livre, richement illustré par des photos à couper le souffle, incarne parfaitement cette grandeur et retrace la longue route architecturale depuis la naissance des cathédrales en 315 lors de l’édit de Milan en 313 par Constantin Ier lors de sa conversion au christianisme, jusqu’à nos jours.

Façonné par ordre chronologique, Alain Billard commence, en toute logique, par les fondations, à savoir l’an 15 quand les Romains édifient des  basiliques civiques, basilique signifiant étymologiquement « salle du roi » et déjà imaginée par les Grecs. Puis, les constructions chrétiennes sortent progressivement de terre, au Proche-Orient puis à Rome avec Saint-Pierre du Vatican, qui verra moult transformations par la suite. Jusqu’au tournant de l’an 1000, les inspirations sont diverses, ottonienne, byzantine et c’est l’art roman qui commence son ascension pour laisser progressivement la place, au douzième siècle, à l’art gothique qui passera du classique au flamboyant, bien que la Renaissance apporte un retour à l’antique avec le néoclassique et qui fait que le gothique reste rare dans la péninsule italienne. De la pierre pour les murs et du bois pour la charpente vont laisser leur place à d’autre matériaux à l’approche du vingtième siècle et la Sagrada Familia de Barcelone, toujours inachevée, est la dernière cathédrale en pierre.

Entre chaque période, l’architecte met en valeur par un zoom, les spécificités de l’art religieux sans oublier le plus important de tout, le rôle de l’homme et de ses métiers. Et qui dit cathédrale dit, hélas, aussi drame. Combien, au fil des siècles, se sont écroulées, soit par des défauts de construction, soit par l’usure du temps, ou ont été détruites par les flammes ou la main de l’homme lors des révolutions et des guerres. Les cathédrales ont, par leur beauté et leurs épreuves, quelque chose de vivant.

Un glossaire clôt l’ouvrage, précieux et ô combien utile car de quoi se perdre dans les termes techniques, et, quelques plans pour mieux comprendre l’évolution du transept.

De l’Arménie à l’Angleterre, de l’Europe à l’Afrique en passant par l’Amérique Latine, c’est un petit tour du monde en 320 pages même si, forcément, une très large place –oserais-je dire parvis – est consacrée à nos monuments religieux français avec quelques trésors que l’on aimerait tant admirer en vrai.

La belle histoire des cathédrales – Alain Billard – Editions De Boeck Sup et Adapt Snes – Octobre 2021

Remerciements à BABELIO pour m’avoir permis de découvrir ce beau livre grâce à l’invitation d’une Masse critique privilégiée.

 

 

samedi 27 novembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
Montagnes humaines
Jean-Christophe Rufin  avec Fabrice Lardreau


 

Le titre est à lui seul l’oreille qui a écouté Jean-Christophe Rufin répondre aux questions de Fabrice Lardreau : des roches assimilées à tout ce qu’il y a de plus vivant et une humanité s’érigeant dans les hautes sphères de la bienveillance sur les parois de la liberté, de l’amitié, de la solidarité. Sans oublier celle de l’authenticité, la vraie, pas celle utilisée à des fins publicitaires, celle à l’image de ceux qui côtoient la montagne, l’affrontent, tentent de l’adopter ; franchise du geste, véracité de la conviction, sincérité des paroles.

Curieusement les relations entre l’écrivain et la montagne n’ont pas débuté sous les meilleures auspices : enfant, il s’est retrouvé momentanément éloigné de sa famille, au cœur de la montagne suisse où Zeus avait lancé son foudre contre les parois des Alpes. Depuis la crainte de l’orage est restée – ça me parle énormément puisque pour votre serviteur c’est le contraire qui s’est produit.  Mais le défi d’apprivoiser la bête rocheuse s’est ancré au plus profond de Jean-Christophe Rufin dans un souci du respect des éléments et dans la satisfaction de se hisser sur les hauteurs de la liberté.

L’académicien raconte sa conception de l’alpinisme – ni militaire, ni hippie mais avec cette soif de faire corps avec la montagne, de sortir de sa zone de confort tout en étant conscient de ses dangers – et plus globalement sa vision sur la nature, l’écologie ; ô combien on ne peut séparer les éléments sur terre et surtout les opposer. Si l’homme est responsable des maux de la terre, c’est également ce même homme qui pourra apporter des solutions.

Si la montagne est évidemment le socle de ce livre, d’autres lieux sont évoqués, notamment le Berry et ses cieux  qui imitent les sommets, et,  diverses réflexions escaladent les paragraphes en fixant  bien consciencieusement les pitons sur les falaises de la nuance ; Rufin abomine les idéologies extrêmes, les combats soi-disant pour le bien qui mènent paradoxalement à la violence. Celui qui met toujours en fiction des personnages solaires aime la réalité de la lumière, préfère avancer que reculer, construire que détruire, allumer toute source de vie plutôt que d’enfermer les âmes dans des couloirs crépusculaires.

Avec toute l’humilité qu’on lui connaît, Jean-Christophe Rufin refuse de se considérer comme un grand alpiniste. Pourtant il ouvre des voies sur les versants de notre société, en réchauffant l’ubac et en apportant de la fraîcheur vers l’adret ; une façon de soigner par les mots ce qui engendre les maux.

« Le Berry revendique sa platitude, dans la mesure où les reliefs se trouvent dans le ciel et des nuages qui accompagnent la vie quotidienne quasiment comme des massifs montagneux. Je me souviens que mon père, très attaché à cette région dont il n’était pourtant pas originaire, aimait se promener en voiture, le dimanche, le coude sur la portière, pour le seul plaisir de regarder le ciel… Il est vrai qu’en Berry, c’est un spectacle en soi. Les ciels de la Champagne berrichonne, mouvants et éphémères, sont particulièrement propices à la rêverie, car rien en fait obstacle à leur contemplation ».

« Je déteste détruire, je déteste ce qui se casse, s’abîme, J’aime essayer de réparer, de redonner aux choses leur forme (…) En médecine, quand un malade va mieux, je ressens une joie profonde, sincère, existentielle ».

« L’alpinisme est un sport individuel qui se pratique au moins à deux ».

« L’amitié, le véritable compagnonnage de cordée ajoute une dimension à l’alpinisme ».

« Je trouve curieux ce besoin qu’ont les « calmes » de chercher à convertir les « agités ».

« L’écologie pour moi ne peut être qu’un humanisme. Je ne peux concevoir la Nature sans l’être humain et ce que je souhaite, c’est une harmonie entre les deux. Ce point d’équilibre entre l’humanité et la montagne a été rompu. Doublement rompu. D’abord en haute montagne où l’activité humaine provoque la fonte des glaciers, l’écoulement des parois, puis en moyenne montagne à cause de la crise agricole. Dans d’autres pays comme la Suisse, les montagnes sont restées beaucoup plus claires, car les paysans sont payés pour les entretenir. Ils sont des producteurs, mais aussi des paysagistes, des protecteurs des espaces naturels. La France n’a eu aucune politique volontariste sur ce sujet ».

« Je me suis toujours intéressé, en tant que citoyen et romancier, aux dérives radicales du « Bien » : toutes les idéologies du Bien, politiques, écologiques, humanitaires, peuvent dévier vers le totalitarisme et le meurtre. On ne comprend pas les phénomènes totalitaires si on ne voit pas qu’ils procèdent toujours d’une volonté de faire le Bien. La « pureté dangereuse » d’un Saint-Just est d’abord une révolte contre certaines injustices et elle finit par en produire d’autres. Des millions de gens se sont retrouvés sous la guillotine ou dans des camps à cause d’idéologies a priori bienveillantes. L’écologie n’est pas exempte de ces risques de dérive ».

Des drames, des tragédies surviennent parfois en montagne. Le drame y existe (hélas), mais le mélodrame n’y a pas sa place. On ne tolère pas les faux-semblants dans ce milieu qui décape les sentiments, évacue tout ce qui est faux, que ce soit les gens qui se vantent d’avoir fait tel ou tel sommet et sont confrontés à la performance réelle, ou les pseudo-souffrances, les bobos sans conséquence : tout cela vole en éclats face à la réalité de la montagne ! ».

Montagnes humaines – Jean-Christophe Rufin – Entretiens avec Fabrice Lardreau – Editions Arthaud – Collection Versant intime – Octobre 2021

Note : Quatre lectures montagnardes sont conseillées dans ce livre avec une critique de Jean-Christophe Rufin, suivie d’un court extrait. Elles seront évoquées, dans quelques semaines,  lors d’une autre chronique sur le blog.

jeudi 25 novembre 2021

 

La noisette de… Marlène Goud
 
A nous la terre !
Ouvrage collectif au profit de WWF France

 

 

Photo © Marlène Goud

J’ai chroniqué ce recueil de nouvelles ICI sur le blog. Depuis, j’ai reçu un courriel de ma collègue du Prix Orange 2019 qui m’a énormément touchée. Son ressenti, ses mots offrent un retour de lecture excessivement sensible. Il m’était donc impossible de ne pas l’accueillir dans mon domaine arboricole.

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Beaucoup de textes sont liés aux émotions d'enfance, nous construisons tellement de choses à cette période et en si peu de temps, nos rêves et nos vécus d'enfant nous accompagnent toute notre vie.

J'ai été très touchée par le texte de Catherine Cusset, par sa description de cette plage, ce rapport aux vagues, à cette forme de jouissance qu'elles procurent quand elles nous enveloppent, je retrouve cette sensation lors de mes longes côte. Alors ses mots ont fait écho.

Le texte de Jean-Christophe Rufin, m'a tout simplement donné envie de pleurer, connaissant les lieux et comprenant le désastre, comme l’écrivain médecin, j'ai mal pour la Montagne.

Jean-Baptiste Del Amo m'a ramené aussi à des souvenirs de mon enfance jouant avec les insectes comme s'ils étaient mes amis évitant soigneusement de les tuer et leur parlant durant des heures 

Et bim! Là, encore touchée en plein cœur la Marlène 

Pour Sonja Delzongle , les descriptions sont magnifiques, je l'ai vécu pleinement, un suspens m'a envahi avec une peur terrible que ce petit ne se relève pas, même si je comprends que chacun a un rôle sur terre, et la loi du plus fort demeure, la happy end m'a fait du bien.

J'ai bien aimé la promenade avec Luc Lang, un texte à la première personne m'aurait permis de mieux le ressentir.

Très émue par le conte de Carole Martinez, je pense et persiste à dire que la liberté reste notre ADN premier, et même dans la plus grande obscurité la lumière demeure. Il faut toujours suivre la petite musique qu'on a dans la tête.

J'admire le parcours retracé par Ron Rash sur Kephart, je confirme la nature sauve, nous écoute, nous accompagne, nous émerveille, nous nourrit. Comme je comprends ce combat pour la protéger à défaut de la sauver des mains meurtrières 

Quant à la Pieuvre de Monica Sabolo, j'en reste bouche bée, cette rencontre avec la pieuvre est tout simplement sublime. Je suis convaincue que notre instinct sait reconnaitre la nature, nous en sommes trop coupés aujourd'hui mais il revient vite pour ceux qui sont attentifs, sensibles. Nous avons en nous la possibilité de nouer des liens avec chaque élément naturel. Cette rencontre en est la preuve.

Marlène Goud n’a pas de blog mais vous pouvez la retrouver sur Instagram


A nous la terre ! Les écrivains s’engagent pour demain – Editions Folio – Novembre 2021

Les bénéfices de ce livre seront intégralement reversés à WWF France.

 

 

  Noisette romaine L’ami du prince Marianne Jaeglé     L’amitié aurait pu se poursuivre, ils se connaissaient, l’un avait appris à...