lundi 26 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 
Tous, sauf moi
Francesca Melandri

 


Rome, 2012. Attilio Profeti se meurt à quatre-vingt-dix-sept ans. Sa fille Ilaria songe que lui aussi est désormais un « sorti », un demandeur d’asile. Elle repense à cette journée deux ans auparavant, qui a fait basculé l’image de son père, quand elle a trouvé devant sa porte un jeune homme Ethiopien qui recherchait son grand-père, il porte d’ailleurs le même nom : Shimeta Ietmgeta Attilaprofetti. Au même moment, un vieil homme très affaibli murmure doucement « Abeba ».

Depuis l’arrivée de cet homme qui se dit être son neveu, Ilaria va remonter avec l’aide de son demi-frère Attilio (ce rare patronyme étant transmis de père en fils) l’histoire de son père qui semble une énigme même si son côté bigame et séducteur en diable est connu de ses quatre enfants officiels et de ses deux épouses également « officielles ». Mais qui est cet Iemgeta ? Existe-t-il un autre demi-frère ? Est-ce que son père est lié avec la sinistre histoire éthiopienne de Mussolini ? De recherches en recherches, Ilaria va dérouler tout le fil de plus de 70 ans d’histoire entre Italie et Abyssinie, une colonisation sous le signe des feux de l’enfer, une corne sanglante qui laisse encore des traces sur les parois de la botte. Et inversement.

Qui est Attilio Profeti, ses amis le nommant Attila ? Et pour cause, car son père Ernani voulait l’appeler comme l’un des héros des opéras de Verdi, cadet de la famille, son frère ainé se nomme Othello, la tragédie est en route mais sans lyrisme. Sa mère Viola est une superbe femme qui a pour mari un second choix, elle sera hermétique à l’amour d’Ernani et portera tout son affection sur son deuxième fils. Pourquoi : parce qu’il est beau avec ce sourire épanoui et ses yeux bleus transcendants. Parfait représentant d’Apollon, personne ne résiste à son élégance, à son charme, à son apparente délicatesse. La nature en a fait un physique d’ange mais le démon rode dans sa chair. On pense immédiatement au sanguinaire officier SS Arribert Heim, beau comme un dieu, cruel comme Lucifer. Car Attilio a été volontaire pour la campagne africaine de Mussolini, il débarque en Ethiopie en parfaite chemise noire avec un redoutable machiavélisme.

Roman fleuve qui, à travers l’histoire fictive d’une famille, plonge dans l’histoire parallèle de l’Italie et de l’Ethiopie, de Mussolini à Berlusconi, du dernier négus Haïlé Selassié Ier jusqu’à Meles Zenawi, sans oublier les terribles années du Derg et de sa terreur. Une histoire rouge à l’image des hautes montagnes d’Ethiopie que Francesca Melandri a creusée sur les parois des barbaries humaines. Une colonisation italienne basée, comme dans toute ingérence, sur l’autoritarisme, l’humiliation, l’accaparement des richesses, le rejet des cultures locales pour imposer celle de l’occupant, le droit de vie et de mort sur les peuples autochtones, les exécutions, le viol des femmes et des fillettes jusqu’à l’utilisation d’armes pour détruire massivement tel le gaz ypérite – ou gaz moutarde- pas toujours létal mais provoquant des lésions irréversibles sur la peau, les yeux (cécité) et les muqueuses. Le tout avec l’éternel sentiment de la supériorité de la race blanche sur la race noire appuyé par de savants travaux qu’on pourrait nommer, avec euphémisme, de « morphologie appliquée » ! Les années 1930 ne sont pas le début de la conquête italienne en Abyssinie et les Italiens avaient une revanche à prendre après leur défaite à Adoua à la fin du XIX° siècle.

Le thème de la colonisation n’est pas le seul qui apparait, s’ajoutent ceux de l’exil et du parcours du combattant pour celui « qui sort » et « veut rentrer » ailleurs (départ du pays, rançon des passeurs, traversée des mers et montagnes, contrôles, centre de rétention, reconduite aux frontières) et celui de la domination masculine incarnée par cet Attilio qui règne tel un coq dans une basse-cour, le grand-âge venant, il mélange même son attribut masculin avec le lance-flammes utilisé contre les populations éthiopiennes. Pourtant, il lui arrive d’éprouver de réels sentiments et même d’un vif amour pour ses femmes. A sa façon. Quant à la corruption des politiques et autres dirigeants, rien de nouveau sous le soleil, ce qui fut sera et, hélas, ce qui s’est fait se refera…

 

« Toi qui n’es jamais sorti d’Addis-Abeba, tu comprends enfin les chansons qui vantent la beauté de l’Ethiopie, le Pays où Dieu veut vivre. Chaque sycomore est un monument, les roches ocre et vermillon sont les os de tes ancêtres, le ciel la main divine qui te portera en sécurité au-delà des déserts et de la mer ».

« La faim en Ethiopie avait mis eu centre du monde un pays dont beaucoup ignoraient l’emplacement, voire l’existence encore quelques mois plus tôt. Les plus célèbres photographes accouraient pour immortaliser de leurs clichés tragiques, mais à la composition parfaite, l’énormité de la catastrophe (…) Ces images inspiraient une pitié symbolique, esthétique et résolument exceptionnelle. Les spectateurs auxquels elles s’adressaient en étaient à la fois horrifiés et rassurés : cette misère absolue était manifestement étrangère à leur existence. L’altérité représentée sur ces photos niait toute parenté humaine possible entre sujets et spectateurs. Epargnant ainsi à ces derniers le terrible abîme de la véritable empathie ».

« Un projet pharaonique voulu par un dictateur et mis en œuvre par nous sans considérer le génocide que comportait ce projet. Un dictateur qui ne se souciait pas non plus des conséquences sur le plan international, parce que de toute façon à ce moment-là, en Occident, personne ne s’occupait de guerres inconnues comme celle entre l’Ethiopie et l’Erythrée, malgré les millions de morts ».

Tous sauf moi – Francesca Melandri – Traduction : Danièle Valin – Editions Folio – Août 2020

 

 

jeudi 22 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 
Urgence ! Il faut sauver les montagnes
Reinhold Messner

 


Nul besoin, ou presque, de présenter Reinhold Messner, celui qui a, pour la première fois, franchi l’Everest sans aucun apport d’oxygène, et qui a toujours pratiquer d’une manière responsable en faisant corps avec les éléments.

Amoureux de la nature dans toute la noblesse et l’authenticité du terme, il a aussi bien tutoyé les sommets que tracer ses pas dans les déserts et autres lieux extrêmes. Député écologique pendant cinq ans, il se consacre également à l’écriture et depuis 2003 a créé les « Messner Mountain Museums » pour interpeller sur la nécessité de prendre soin de ce qui fait l’histoire de la nature, de la montagne et de ses peuples.

Nul besoin également de présenter l’état de notre planète en général et celui de la montagne en particulier. La technologie permet d’améliorer nos conditions de vie et le tourisme d’offrir des journées inoubliables pour des millions de personnes. Seulement, la facture est lourde sur le registre de l’environnement : si d’un côté l’amélioration du niveau de vie est notoire, d’un autre côté les conditions climatiques sont l’un des facteurs de l’augmentation de la pauvreté dans certaines zones du monde et de milliers de déplacés.

Si nous restons dans l’univers de prédilection du célèbre alpiniste, pas besoin de longs discours, des images suffisent. La fonte des glaciers et un exemple qui doit tenir particulièrement au cœur de Messner, le pilier qui porte le nom de feu son ami Bonatti : en 2015, il « s’effondre de tout son long » pour reprendre l’expression utilisé par Thomas Vennin, à cause du réchauffement climatique (une enquête a été menée) qui entraîne la dégradation du pergélisol (permafrost).

Cet appel de Reinhold Messner n’est pas une simple tribune accusatrice contre nos modes de vie, il est simplement une énième tentative pour prendre conscience que nous sommes tous issus de la même mère planète et qu’il faut la protéger comme nous le pouvons, selon nos possibilités, nous avons tous notre part de colibri, en « adoptant une attitude minimaliste face au développement des zones sauvages ». Sans faire l’apologie du monde d’avant il serait salutaire de savoir se contenter du confort sans aller aux gadgets inutiles, aux équipements dernier cri, à ne pas jeter ses déchets sur le sol et dans le vide, à ne pas se glorifier d’avoir pris de la hauteur par un ensemble de remontées mécaniques ou par hélicoptère, etc. L’engouement des sports de montagne est appréciable mais parfois c’est tout de même un sentiment d’effroi qui surgit, telle cette photo prise en mai 2019, par le jeune grimpeur Rizza Alee,  de cette colonie humaine  (une « death race ») sur les arêtes de l’Everest où bientôt d’aucuns songent à mettre en place des tickets d’attente et où certains grimpeurs poussaient ceux qui n’allaient pas assez vite ! L’esprit de la montagne, comme le souligne justement l’alpiniste germano-italien, ce n’est pas un exploit à rechercher, un selfie de quelques secondes, un orgueil de citadin, c’est un lieu à respecter et à franchir au prix du courage, de la sueur, d’efforts en observant son univers aussi bien pour sa propre survie que pour celle de ces rocs intrépides.

Un manuel de survie à lire, à partager pour que cette immensité de l’univers continue d’être un lieu de ressourcement, de beauté, pour le plus grand plaisir de la flore, de la faune et des Homo Sapiens sachant fouler les sols sans un défoulement vertigineux.


Pour compléter cet ouvrage, j’invite mes fidèles lecteurs à visiter la page web de ACTS, Action Collective de Transition pour nos Sommets, une association récemment crée par un collectif d’alpinistes engagés https://www.acts-association.org/

« La montagne est indissolublement liée à l’histoire de la Terre et à celle de l’humanité. Que ce soit au Tibet, à Bali, au Japon, en Equateur ou chez les Indiens Hopis, de nombreux rites ont ces mythes pour origine : les montagnes sont la demeure des dieux ou l’axe de la Terre, autour duquel tout se meut ».

« Les bons sentiments ne suffiront pas à sauver le paysage naturel ni à éviter l’effondrement de l’agriculture de montagne. Je demande donc aux alpinistes d’endosser le rôle de pionniers, comme à l’époque de l’ouverture des Alpes au tourisme, mais dans le sens inverse, cette fois-ci. C’est à nous d’assumer la responsabilité de la protection de la montagne. Personne ne souhaite un retour au passé. Mais il faut absolument reconsidérer notre frénésie de mobilité. La construction de routes et de remontées mécaniques supplémentaires est-elle vraiment nécessaire en montagne, quand on sait qu’elles sont la cause principale des dommages environnementaux en dehors des zones urbanisées ? Il ne s’agit pas seulement de la survie de nombreuses espèces animales et végétales, mais aussi de la sauvegarde de valeurs comme la grandeur, le silence, l’harmonie et le danger, sans lesquelles la montagne perdra à nos yeux tout intérêt ».

« Nous n’avons pas de nature de rechange ».

Urgence ! Il faut sauver les montagnes – Reinhold Messner – Traduction : Catherine Schiellein – Editions Glénat – Septembre 2020

mercredi 21 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 
Nous étions trois
Hélène Legrais

 


Elles étaient trois, mais parfois quatre ! Une nouvelle version de Trois Mousquetaires bien décidées à manier la cape et l’épée envers certains hommes atteints de machisme profond, à bouter les préjugés, jusqu’à porter l’estocade s’il le faut !  Intégrant un service de sport, autant vous dire qu’une compétition se joue pour ses jeunes journalistes volontaires.

Au moment où les témoignages se multiplient quant aux comportements sexistes dans le monde du sport, la journaliste et romancière Hélène Legrais publie « Nous étions trois », un roman inspiré de son parcours et de deux de ses amies lorsqu’étudiantes elles se retrouvent stagiaires au sein d’une radio nationale. Pour éviter tout règlement de compte, les noms sont modifiés et hormis l’histoire sentimentale tous les autres faits sont réels.

Elise, étudiante à la prestigieuse école de journalisme de Lille décroche un stage au service des sports d’une radio nationale où elle interviendra en direct pour commenter des matchs de foot. En arrivant dans les locaux, elle fait la connaissance des trois autres stagiaires : Clémence, Noëlle et Pierre, le seul garçon. Nous sommes en 1984 et elles sont accueillies par un « Voilà les petites cailles ». Mais à ce jeu de basse cour, les drôles de dames n’ont pas l’intention de se laisser faire quitte à tacler ces messieurs misogynes et les envoyer sur le banc de touche !

La catalane se lie d’amitié avec Clémence qui elle aussi excelle dans le vocabulaire du football et les statistiques, en couple avec un superbe jeune homme interne dans un hôpital parisien, elle souffre de la jalousie de son compagnon malgré l’amour qui les réunit. Noëlle est mariée avec Thierry, sportive également et sa passion reste avant tout la navigation. Quant à Pierre, il s’intègre très bien dans ce trio féminin et devient même leur plus fidèle supporter.

Un récit sportif en forme d’un marathon de mots qui rend le lecteur aussi attentif qu’un spectateur devant quatre-vingt-dix minutes de match. C’est vif, direct et résonne d’authenticité. Romancé certes, mais qui reflète l’ambiance d’une rédaction lors du clasico « masculin-féminin », sans oublier les rumeurs et autres attitudes qui mériteraient un carton jaune voire un rouge.

Une façon également de retrouver les années quatre-vingt qui flirtaient encore sur les avancées de mai 68 mais où les préjugés ont encore la ferme conviction de jouer les prolongations. A côté, souvenirs, souvenirs de grands événements sportifs – que les non-footeux se rassurent, d’autres sports sont évoqués notamment le cyclisme.

Un roman en forme de combat pour l’égalité qui a en plus le mérite d’évacuer toute misandrie, des hommes sont envoyés sans ménagement au terminus des glands inutiles tandis que d’autres reçoivent un certificat de bonne aptitude à la mixité.

Sportivement féminin, féminement sportif !

Nous étions trois – Hélène Legrais – Editions Calmann Lévy – Octobre 2020

mardi 20 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 

L’étrange féminin

Ouvrage collectif

 


Un ouvrage qui s’annonce étrange, comme c’est bizarre. Pourtant mystérieux, cabalistique sont les premiers vocables qui tournent dans la tête, puis au fil de la lecture. Déjà la présentation originale donne le ton : du noir et blanc et des illustrations de Jérôme Minard qui mettent en scène la nature dans tout son fantastique : branches, pierres, eau, brouillard qui peuvent soudainement se déchaîner en des tourbillons phosphorescents et troublants.

L’éditrice et communicante Lucie Eple a rassemblé six voix féminines pour une chorale aux rythmes incantatoires et fabuleux, pour une plongée dans des ombres gothiques ou surgissent des êtres imaginaires, des fantômes, des formes spectrales ou tout simplement les forces de la nature dans un déchainement ténébreux.

Quelques figures littéraires du passé rencontrent des êtres d’aujourd’hui, des ectoplasmes ou fascinantes divinités. Frissons qui pourtant apaisent, obscurité qui porte une lumière, puissance de l’écriture sur la fragilité du monde, un ensemble qui dompte les peurs tout en les faisant sortir. Un chœur qui chante en solo mais sur la même harmonie.

La femme du fleuve

Caroline Audibert brosse le portrait de Naïs, telle une déesse du fleuve en proie aux forces de Zeus, un orage terrible s’est abattu et des pluies diluviennes rendent les routes comme des torrents. Partant à la dérive elle est sauvée par Theo (le choix des prénoms n’est pas anodin). Il lui apporte les premiers secours, repartent ensemble et vont s’aimer le temps d’une nuit. Le récit le plus réel de l’ouvrage et qui résonne terriblement par rapport à l’actualité météorologique. Dans cette vésanie qui embrasse la nature, une plume sculpte les contours de l’inattendu.

Une robe couleur de souffrance

Clara Dupuis Morency trempe une plume de sang dans les veines d’une histoire ancienne, celle d’une femme, Mary Barbe dans « La marquise de Sade » de Rachilde, dont la première robe commandée avait été créée par la couleur de la souffrance. Mante religieuse, cruelle, elle se joue des hommes à cause d’une enfance marquée par un père qui n’avait que faire d’une fille et de l’image ineffaçable d’une vache égorgée. Vampirisant.

Cette nuit ne finira donc jamais

Hélène Frappat convoque le fantôme de Mary Stelley, s’habille de lueurs translucides pour éparpiller des feux follets d’où surgissent ses phrases. La femme de lettres anglaise a été entourée par la Grande faucheuse, est née avec elle, sa mère décédant onze jours après sa naissance. Elle-même va vivre le même cauchemar, par trois fois. Que dire, que faire… Convoquer les esprits qui crient la détresse, la chair écorchée d’une mère. Le courage d’une vie broyée.

Jaune vif, veiné de noir

Bérengère Cournut raconte l’histoire de Pierre-Luisante, femme de la forêt dans un temps suspendu. Sa communauté a été dévastée, elle survit puis vit en chassant, en humant, en regardant. Sauvée par une louve, elle part en plaine mais retourne dans sa forêt pour retrouver ses arbres, ses ruisseaux, sa grotte. Elle fait corps avec la nature jusqu’à faire l’amour avec elle. De là, vont naître d’autres petites pierres. Conte poétique qui rappelle, sur le fond, Regain de Jean Giono.

 Petit traité d’immortalité à la fenêtre

Marie Cosnay fait hurler le vent dans la noirceur de la lande d’Emily Brontë. L’écrivaine découvre une édition de 1962 du célèbre roman et se met à imaginer qu’elle a aussi convoqué Catherine, Hearthcliff, Edgar, Lockwood… mais soudain, un autre fantôme entre dans le paysage, celui de Didon, Didon la femme courageuse face à la jalousie. Entrechats imaginaires entre une divinité phénicienne et romantisme anglo-saxon.

 Niglo

Karin Serres ferme le ban par l’élément vie de la terre : l’eau. Une confrontation entre des êtres étranges plongés dans des aquariums de laboratoire et des nage-pas aux différentes couleurs de peau, qui s’habillent en blanc et plongent des mains vertes ou bleues dans les bacs. Mais enfermer des ondines n’est pas aisé et l’une d’elle va s’échapper… Une fontaine aérienne dans des flots fantasmagoriques.

 

Et maintenant, à vous de vous immerger dans ces incantations et métamorphoses féminines.

L’Etrange féminin – Caroline Audibert/Clara Dupuis-Morency/Hélène Frappat/Bérengère Cournut/MarieCosnay/KarinSerres – Editions du Typhon – Octobre 2020

lundi 19 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 
Life is a Beatles’ song
Marlène Tissot

 


Marlène Tissot chante les mots, fredonne la poésie. La vie n’est pas forcément une chanson mais elle peut prendre les mêmes airs,  s’envoler de lyrisme ou se noyer dans le blues.

Comme toujours, l’écrivaine peint des notes sur les gammes de la vie. Elle regarde, observe, soulève les yeux des autres, de ceux qui ont les paupières trop baissées de fatigue, d’usure, de lassitude, de fatalité. En seulement 120 pages, elle égrène 49 chansons du plus célèbre groupe de rock originaire de Liverpool, avec sa propre vision, ses propres vocables en donnant corps à tous ces refrains collés à notre esprit. Situations imaginées entre espoir et désespoir, combat et résignation ; des petits instants de vie, quand il ne se passe rien, quand il se passe quelque chose, peu importe entre l’attente et le jour même, le vécu et le lendemain ; à chaque fois que les êtres sont moroses ou bercés d’alacrité, elle ajoute un ingrédient qui domine les nuages blancs, les nuages gris : la poésie et la gymnastique fantaisiste que d’aucuns nomment la verve. Inspiration, respiration.

Alors pourquoi lire ce livre ? Because peut-être vous vous dites I’m so tired ou I’m a loser. Pourtant ce n’est pas The end, surtout Don’t let you down, Marlène Tissot want to hold your hand et cette lecture sera A day in the life. Pour Getting better et siffloter pour mieux voir les rêves en liberté. A l’image de la première nouvelle avec cette femme qui habitant trop loin de la mer a mis du bleu dans son bain, pour « se transformer un moment en sirène ». Une forme de parenthèse  inattendue dans cette « impatience d’un monde pressé ».

« Ras le bol de la passivité des sentiments tacites et des saisons qui se suivent avec une discipline presque militaire. Je voudrais trouver une substance qui nous rendre notre folie et me donne le cran d’oser t’embrasser par surprise, pendant que tu regardes ailleurs, pendant que la pluie cogne à la fenêtre et se reflète au fond de tes yeux. Je poserais mon sourire sur la jachère du tien. Et pendant qu’un nouveau bonheur germerait, nous irions main dans la main réapprendre à rêver hors des frontières de la nuit ».

Life is a Beatles’ song – Marlène Tissot – Editions Lunatique – Septembre 2020

 

vendredi 16 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 
La nuit du premier jour
Theresa Révay

 


En ce jour de mars 1896 un accident de funiculaire dans la ville phare de la soierie française va faire basculer le destin de Blanche. Cette jeune femme née au Levant, mariée à un riche soyeux, mère de deux enfants, Aurélien et Oriane, va être secourue par Salem, un négociant très respecté en Syrie. Un regard, un geste prévenant suffisent à provoquer un coup de foudre qui entraînera Blanche dans un tourbillon d’amour et d’aventures. Lors du décès de sa mère, elle part au Proche-Orient avec la décision de tout abandonner, sans regret pour son mari et sa belle-mère, la mort dans l’âme pour ses enfants. Une nouvelle vie l’attend entre un amour authentique, des retrouvailles sur la terre de sa jeunesse, et, l’arrivée d’un conflit européen s’étendant en Asie.

Les enfants grandiront avec l’amour de leur père et leur grand-mère qui, pour éviter tout scandale dans cet univers bourgeois du début du XX° siècle, leur feront croire que leur mère est décédée et repose dans un cimetière libanais.

Theresa Révay ne se contente pas d’écrire une éternelle saga ou une histoire d’amour baignée dans des effluves baignés de naphtaline, elle peint le portrait d’une femme libre, avant-gardiste, qui refuse la bien-pensance pour vivre comme elle le désire, dans un contexte historique qui ébranla l’Europe et le Proche-Orient : première guerre mondiale, agonie de l’empire ottoman et la révolte arabe entre 1916 et 1948. S’ajoute l’histoire de la soie entre Orient et Occident, des ateliers lyonnais aux fermes libanaises qui, déjà à l’époque, commençaient à être victimes d’une technologie naissante entremêlés dans les sempiternelles négociations conjuguant pour le meilleur et pour le pire finance et politique.

Blanche, Salim, Victor, Geneviève, Armand, Aurélien, Oriane, Maxence, Adib,pour ne citer que les personnages principaux, prennent vie sous la plume de l’écrivaine de fresques historiques et feront, sans aucun doute, battre le cœur des lecteurs pour ce voyage livresque aux couleurs flamboyantes d’une soie travaillée dans l’amour et la liberté.

La nuit du premier jour – Theresa Révay – Editions Albin Michel – Octobre 2020

mardi 13 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 
Outre-mère
Cyrielle Gau

 


Marie. Une femme, une mère. Sensible, effacée, pétrie de doutes. Elle quitte la métropole avec son mari Luc et ses deux enfants, Camille et Pierre, direction un monde inconnu : la Nouvelle-Calédonie. Son mari a obtenu un contrat de mécénat pour ses sculptures et elle espère trouver un poste d’enseignante une fois sur place. Le voyage est long, fatigant, une chaleur humide l’étouffe en arrivant, un hôtel sera leur résidence le temps de trouver un logement ; les valises épousent le désordre ambiant, l’esprit de Marie va devenir du même acabit.

Ce déracinement volontaire va provoquer des failles dans le couple et lorsque les éléments météorologiques se déchainent à Nouméa et sa région, c’est un ouragan qui envahit l’âme de Marie par des pensées qui soufflent et tourbillonnent  crescendo, rien ne semblant pouvoir stopper la dérive des sentiments. Errements psychiques ou  vésanie rampante ? Mal-être de l’exil ou dérive d’un couple qui ne se comprend plus ?

Le roman se déroule sur plusieurs années et prend la forme d’un carnet de bord, un journal tellement proche de la réalité qu’il faut relire plusieurs fois la mention qui stipule que les faits et gestes des personnages relèvent de l’imagination de l’auteure même si Cyrielle Gau a puisé son inspiration dans le vécu. Une lecture crescendo avec la curiosité de savoir qu’elle va être l’issue de cette histoire d’apparence ordinaire mais qui se transforme en un récit singulier. Le seul bémol est peut-être l’absence d’une écriture littéraire, certes les descriptions transcrivent les émotions et le contexte dans lequel elles se jouent mais une certaine ornementation aurait donné encore plus de relief au personnage de Marie. Mais d’aucuns trouveront sûrement que rien ne vaut une narration sobre et épurée.

Outre-mère – Cyrielle Gau – Editions l’Harmattan – Avril 2020

vendredi 9 octobre 2020

 

Une noisette, une rentrée littéraire #23
 
Impossible
Erri de Luca

 


Impossible : qui est hautement improbable. Hautement, comme ce roman qui tutoie les cimes de la liberté et des idéaux.

Un face à face entre deux hommes que tout oppose : l’un est l’Etat, l’autre est hors Etat, l’un est jeune, l’autre est à l’automne de sa vie, l’un a le vertige, l’autre est un alpiniste, l’un croit en la justice, l’autre peste contre l’injustice. Peut-être que l’un croit au ciel et que l’autre n’y croit pas. Ils se retrouvent parce que l’un a grimpé sur un chemin escarpé des Dolomites et a appelé les services de secours lorsque qu’un autre homme qui le précédait a chuté dans le vide. Seulement, ces deux hommes de la montagne se connaissaient, ils étaient amis de très longue date, ont brandi ensemble les drapeaux révolutionnaires jusqu’au jour où celui qui a chu avait dénoncé son compagnon de route. Juste une coïncidence pour l’accusé, action prémédité pour le juge qui l’interroge dans la prison où il a été incarcéré. De l’impossible au possible, ou inversement, ce sont des joutes verbales qui vont se succéder dans un huis-clos vertigineux d’atmosphère.

Erri de Luca signe un court roman mais dont la force scripturale équivaut à plusieurs tomes, peut-être parce que l’écrivain, souvent inspiré par son propre destin, n’a pas fait que glisser des mots sur une page mais s’est vu dans le miroir de son existence. Militant communiste en s’engageant sur le terrain – la vie d’ouvrier il connait – c’est aussi un humaniste qui n’a pas hésité à s’engager pendant la guerre de Bosnie et qui a essuyé les bancs d’un tribunal ayant été en 2015 accusé de sabotage lors de la construction de la ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin. Quant à l’art de la conversation, peut-on rappeler « Sur la trace de Nives » qui narre son expédition sur les sommets de l’Himalaya avec l’alpiniste Nives Meroi avec un souffle sur l’engagement, le danger, le courage.

Le sens du devoir pour le juge, l’authenticité de l’engagement pour l’accusé qui rejette, par la courtoisie et la discussion, les tentatives – vaines - du magistrat pour tenter de lui faire avouer un crime, commis ou non. A ce jeu du chat et de la souris – comment ne pas se rappeler le film de Claude Miller « Garde à vue » ou le roman de Jean-Christophe Rufin « Le collier rouge » - s’ajoutent des lettres que l’incriminé envoie à sa bien-aimée et qu’il nomme amoureusement « Ammoremio » lui déclarant toujours sa flamme et sa ferme conviction de ne jamais se laisser influencer par l’attitude du juge, qu’il sera toujours libre, même entre quatre murs d’une cellule.

D’une table et deux chaises à l’immensité de la nature, c’est une confrontation qui atteint les sommets de part et d’autre. Tel un aigle survolant les Dolomites, le suspect plante fermement des pitons sur les parois de la liberté avec un point d’ancrage tellement solide que même les trahisons, dissimulations et autres accidents de parcours ne l’effleurent point, au contraire, ses forces décuplent.

Au fait, Monsieur Erri de Luca, lorsque vous croiserez une marmotte, n’oubliez pas de lui faire « un baisepatte » de ma part.


« Chacun a ses propres raisons d’aller en montagne. La mienne est de tourner le dos à tout, de prendre de la distance. Je rejette le monde entier derrière moi (…) Là-haut je suis un étranger, sans invitation et sans bienvenue. Même la guerre d’il y a cent ans n’a pas marqué les montagnes. Les rochers détachés par les explosions ont roulé comme à toute autre époque, sans laisser de signature ».

« Je vais en montagne parce que c’est là-haut qu’est arrivé le bord de la terre. Sa frontière avec le ciel et l’univers se trouve là-haut, et alors en grimpant je peux aller jusqu’au point où il n’y a plus rien à escalader. Je suis la terre jusqu’à l’endroit où elle s’est élevée et continue encore à s’élever. Car les montagnes grandissent ».

« Je croise des chamois qui grimpent en courant, en apesanteur, et plus bas, dans les bois, mon passage surprend une biche. C’est une créature dont la pure élégance est l’effet d’une intense surveillance des dangers environnants. Elle transforme sa vigilance en mouvements agiles et parfaits, sa fuite est une danse. Je savoure chaque rencontre. Si elle s’arrêtait près de moi, je m’inclinerais et je lui ferais un baisepatte ».

« Prendre connaissance des événements d’une époque à travers les documents judiciaires c’est comme étudier les étoiles en regardant leur reflet dans un étang ».

« Impossible, c’est la définition d’un événement jusqu’au moment où il se produit ».

« Les silences profonds permettent à l’oreille de s’ouvrir à la recherche de bruits ».

« L’élégance n’est pas dans la garde-robe, mais dans les attentions de deux êtres qui vivent ensemble ».

Impossible – Erri de Luca – Traduction : Danièle Valin – Editions Gallimard/Collection Du Monde Entier – Août 2020 – Rentrée littéraire 2020

lundi 5 octobre 2020

 

Une noisette, un livre
 
Succession
Patrick Cargnelutti

 


Il y avait au Kimbavu, dans le palais présidentiel de Dembéla, un adjudant-chef de carrière à qui la nature avait donné les mœurs les plus infâmes. Son aspect ne reflétait en rien la noirceur de son âme. Il s’appelait Marchenot, Charles Marchenot. Point d’anciens domestiques pour soupçonner d’où il venait et peut-être que jamais une demoiselle ne voulût l’épouser. Même s’il n’était pas majoritaire dans l’entreprise forestière MKK appartenant au sieur Lepelletier, Charles était tel un seigneur d’une puissance illimitée et personne ne riait à son passage, il ne faisait pas de contes, il parsemait juste ici et là des gouttes de sang et morceaux de chair pour bâtir un empire au-delà du machiavélisme avec la bénédiction, de ceux qu’on nomme à l’injuste titre, les grands de ce monde.

« Succession » est « presque une histoire autour de ces vies faites d’une suite d’atrocités inutiles » aurait clamé Voltaire même si loin de moi toute tentative de prosopopée. Et même si le Kimbavu est un pays imaginé par l’auteur, il est aisé de reconnaître certains territoires africains tombés dans la corruption de leurs dirigeants avec des ogres occidentaux.

Varennes – pas un rendez-vous – est un déserteur de l’armée française reconverti dans les combats de boxe en République Démocratique du Congo. Après un match qui n’a pas tourné en sa faveur il est miraculeusement sauvé par Marchenot, un adjudant-chef de carrière – resté donc sous-officier – qui le soigne et l’héberge dans sa somptueuse villa. Mais son geste n’est en rien philanthropique, il pense que cet être sans scrupule sera parfait pour diriger une milice et faire la loi dans les forêts du pays voisin, le Kimbavu. L’exploitation du bois y est parfaitement illégale mais grâce aux relations entretenues avec le Président – à vie – du Kimbavu et de savants procédés administratifs, l’entreprise française MKK reste un emblème industriel et la proie de tous les partenariats possibles avec le gouvernement français et ses services secrets. La France va bientôt changer de Président de la République et, comme toujours, tous les coups seront permis. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait bien évidemment fortuite.

Patrick Cargnelutti signe un thriller à couper le souffle, une pure fiction dans l’insoutenable réalité de certains pays africains où l’exploitation, le travail des enfants, l’esclavage continuent en toute impunité et où meurtres et règlements de compte sont minutieusement orchestrés par la Grande faucheuse de la finance internationale et inénarrables autocrates. Peu importe le nombre d’innocents exécutés sur la grande table des nations, la richesse des sols et sous-sols valant bien quelques sacrifices humains.

Cynique et mordant, l’auteur réussit à tout de même faire sourire parfois grâce à sa plume laissant l’encre corrosive pour faire une pause dans celle de la légèreté, mais façon puzzle !

Dans ce récit d’une noirceur absolue, le lecteur cherchera les âmes pures. Certaines apparaissent mais la tragédie de leur destin chevauchant celui des autres font qu’elles se perdent dans ce pandémonium du XXI° siècle où seuls les cerbères affamés de chair, de sang et de pièces sonnantes et trébuchantes surfent sur la loi du pouvoir à tout prix sans vergogne aucune.

Si seulement certains se contentaient de cultiver leur jardin…


« Le paysage est splendide, les eaux du lac tranchent sur le vert de la végétation, et les nombreux bateaux de pêche faisant route vers les rives du lac Tanganyika animent le décor de rêve. Voilà pour la carte postale, pour qui ne se donne pas la peine de regarder au dos ce qui y est dissimulé, ne plonge pas sous la surface où il découvrirait une réalité de cauchemar. Les eaux paisibles du lac recèlent un des nombreux fléaux dus aux errements humains. La faute halieutique originelle a été décimée par l’introduction d’un prédateur inconnu de ces contrées : la perche du Nil. D’une voracité inouïe, pesant jusqu’à deux cents kilos, elle dévore tout ce qui passe à sa portée en très grande quantité, si bien que les poissons locaux, ceux qui faisaient vivre toute la population des rives du lac, ont presque disparu. La prolifération des algues, jusque-là contenue par du fretin herbivore, trouble la limpidité et l’oxygénation du milieu aquatique, empêche la lumière de percer la surface. Un cercle vicieux en forme de désastre écologique. Ecologique, pas économique, puisqu’une conserverie, bâtie avec des fonds européens, expédie chaque jour des tonnes de filets congelés de Lates niloticus vers les Etats-Unis et l’Europe, où ils sont fort prisés. D’énormes Antonov survolent sans cesse la région, se posent, bourrés jusqu’à la gueule de caisses d’armes et de munitions, sagement étiquetées « Matériel agricole », sans doute afin de cultiver les guérillas endémiques à la région, et repartent livrer la précieuse chair blanche aux consommateurs occidentaux, attentifs à la qualité de leur nourriture.

Les autochtones bénéficient tout de même des têtes et des arêtes, ils en font des brouets délicieux, à défait d’être nourrissants, lorsqu’ils reviennent de trier les montagnes de déchets informatiques et les monceaux de matière plastique envoyés par les pays industrialisés, qui se consument dans les décharges à ciel ouvert. Mais ça, le touriste spectateur ne peut pas le voir. L’unique violence qu’il perçoit est celle des pélicans se disputant les entrailles jetées par-dessus bord par les pêcheurs. Marchenot, lui, sait tout cela, il a investi une partie de ses pots-de-vin dans l’usine ».

Succession – Patrick Cargnelutti – Editions Piranha – Septembre 2020

jeudi 1 octobre 2020

 

Une noisette, une rentrée littéraire #22
 
Du miel sous les galettes
Roukiata Ouedraogo

 


Si ce premier roman de Roukiata Ouedraogo, avec des noms fictifs, s’apparente davantage à un récit autobiographique, il n’en demeure pas moins d’un intérêt certain avec un portrait de femme exceptionnelle, celle de la mère de la narratrice : Djelila Sankaké.

L’action se déroule à l’est du Burkina Faso, dans la ville de Fada N’Gourma où est née l’auteure. Un bébé qui narre le début de son grand voyage dans la vie, accroché au dos de sa mère qui va devenir un exemple de courage, de détermination. Une mère au foyer- s’occuper de sept enfants est un travail à temps complet - et un père fonctionnaire. Ni riche, ni pauvre, une famille aimante dans un quartier de la ville où les femmes se réunissent en comité pour aider les autres. Solidarité absolue. Jusqu’au jour où le papa est accusé à tort d’avoir fracturé un coffre de l’établissement public. Emprisonné par un procureur qui manipule la justice selon son bon vouloir, la maman Sankaké ne va jamais baisser les bras et faire tout son possible pour libérer son mari. C’est à ce moment-là, qu’elle se met à préparer les fameuses galettes, une recette secrète qui fait sa renommée au grand dam de sa voisine, qui l’imitant peu de temps après, n’arrive pas à fidéliser la clientèle.

Un récit touchant qui rend hommage à une mère mais aussi à toutes les femmes, piliers de la société et qui doivent continuellement se battre pour s’émanciper. S’ajoute, un témoignage direct des ombres et lumières d’une société africaine et d’une justice parfois (souvent ?) injuste. La fin de l’histoire fait apparaître un chapitre terrible pour les femmes africaines, l’excision, et je n’ai eu qu’un souhait en refermant ce livre : que le prochain opus de Roukiata Ouedraogo soit consacré à cette amputation de la femme.

Tendre comme une galette, lumineux comme la couleur du miel.

 

« Le courage féminin m’a toujours fascinée. Il est rarement mis en scène sous forme d’héroïsme comme chez les hommes, il est plus terre à terre, plus quotidien. Yennenga n’est pas qu’une guerrière courageuse, c’est aussi une féministe, mais sans tout le discours et la théorie du féminisme moderne, militant et occidental. En Afrique, beaucoup de femmes font preuve de courage au quotidien, pour résister au poids des traditions ou affronter le pouvoir des hommes ».

Du miel sous les galettes – Roukiara Ouedraogo – Editions Slatkine & Cie – Septembre 2020 – Rentrée littéraire 2020

  Noisette romaine L’ami du prince Marianne Jaeglé     L’amitié aurait pu se poursuivre, ils se connaissaient, l’un avait appris à...