jeudi 11 novembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
Le roman vrai de la Vénus de Milo
Candice Nedelec

 


L’histoire de la Vénus de Milo est un roman à rebondissement à l’image des courbes de la célèbre statue. Probablement née vers le II° siècle av. J.-C., elle s’est ouverte au monde en 1820 sur l’île grecque de Milo, surgissant des entrailles de la terre grâce au travail d’un paysan local, Yorgos Kentrotas. Peut-être que ce jour-là l’âme de Gaïa veillait à ce que sa fille soit entre de bonnes mains en invitant un élève de l’Estafette, Olivier Voutier, à venir sur les lieux pour dessiner l’apparition de la déesse de l’amour. Car qui dit amour dit rivalité et jalousie. Avant d’être ramenée dans sa demeure, Le Louvre, Aphrodite a vécu nombre de péripéties allant de la bataille d’égos entre ceux qui revendiquaient être les pères de sa découverte jusqu’aux convoitises des gens de guerre.

Un document signé Candice Nedelec qui se lit comme un… roman ! Avec presque un petit côté thrillesque en s’apercevant qu’être de marbre n’est pas synonyme de repos, bien au contraire. Et du haut de son piédestal la belle a pu observer la folie des hommes à son égard.

A côté de la bataille entre archéologues qui montre que l’appropriation est l’une des attitudes les plus vieilles au monde, l’œuvre d’art permet de retracer l’histoire de France depuis le début du XIX° siècle jusqu’à nos jours et de mettre en lumière des personnages restés dans l’ombre, à commencer par Olivier Voutier – j’avoue humblement qu’il avait été passablement balayé de l’étage de ma mémoire et, en le retrouvant, voilà une figure historique qui mériterait également un roman – ainsi que Jacques Jaujard et Franz von Wolff-Metternich, eux deux prouvent qu’en temps de guerre des ennemis peuvent se retrouver par la voix du courage.

D’autres personnalités ornent la narration, Delacroix, Rodin, Dali jusqu’à l’évocation de Talleyrand via le château de Valençay qui a abrité Vénus pour la protéger des diables de la guerre, sans oublier Salomon Reinach. Et là, soudain avec l’archéologue on songe à un autre récit, celui d’Adrien Goetz avec « Villa Kérylos », comme quoi l’antiquité mène sur tous les chemins du monde.

« La compétition entre les Etats occidentaux fit rage dans le domaine des arts et des musées, une bataille à laquelle prend part, à sa manière, le soldat Voutier. La Vénus est sans doute le symbole d’une nouvelle conquête. L’art remplaçant les armes ».

« De retour en Grèce, Olivier Voutier est bien éloigné de l’effervescence artistique et politique de cette époque. Il n’est pas de ces intrigants qui recherchent quelques avantages et déploient des trésors d’imagination pour s’approcher au plus près de la cour ».

Le roman vrai de la Vénus de Milo – Candice Nedelec – Editions Fayard – Mars 2021

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