mardi 2 novembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
L’expulsion de l’autre
Byung-Chul Han

 


Nul n’est besoin d’être philosophe pour lire et apprécier cet ouvrage qui pose de sérieuses questions sur l’avenir de l’homme dans une société de plus en plus numérisée et gonflée à l’information fast food.

Un bémol toutefois pour commencer. Ce concept philosophique de la négativité reste pour moi une énigme et une incompréhension, soit par absence de neurones, soit pour être orientée sur les branches de la positivité pour mieux lutter contre les affres. Byung-Chul Han fait de la négativité la base de tout. Je préfère un autre chemin de conception de  la vie.

Cela dit, cet essai dresse un parfait bilan de ce que notre société devient et les risques qui courent si tous ensemble nous continuons à nous baigner dans les flots du narcissisme et de l’individualisme sans prendre la peine d’écouter l’autre, de reconnaître les différences et d’accepter ce qui n’est pas comme nous. Dans un souci permanent de vouloir attirer l’attention, l’humain devient une vitrine où se reflète ce besoin d’être remarqué à cause de la politique de l’égo, redoutable instrument.

Critique acide du néo-libéralisme où l’Autre n’est plus qu’un objet économique. Hyper-communication, hyper-information, hyper-numérisation, hyper-virtualité font de l’humain un être sans âme, sans pouvoir de réflexion, sans échanges fructueux, dénué de séduction et d’empathie ; l’auteur prenant la métaphore de la pornographie pour décrire ces cerveaux qui deviennent nus, ces corps automatisés ne cherchant que la performance dans l’obscénité du néant. Avec le risque de l’uniformité qui, comme chacun sait, aboutit à l’ennui. Tout devient exploitable et exploité. Même la liberté. Même l’authenticité.

Reste à privilégier l’écoute, devenir « écouteur », retrouver cette capacité de donner la parole à l’autre car « l’écoute amène l’autre à la parole, écouter pour que l’autre parle ». Oui, « l’écoute est un cadeau, un don, une donation ». Puissions-nous en faire une richesse humaine.

« La société de l’angoisse et la société de la haine se conditionnent mutuellement ».

« La politique du beau, c’est la politique de l’hospitalité ».

L’expulsion de l’autre – Byung-Chul Han – Traduction : Olivier Mannoni – Editions PUF – Septembre 2020

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