vendredi 29 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

Dans les oubliettes de l’histoire

Priscille Lamure

 


Ami lecteur, vous avez un petit trésor entre vos mains si votre regard se porte sur cet ouvrage. Une couverture passablement angoissante, un préambule presque digne de Dante et ses portes de l’enfer : « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance », des nouvelles plus que grinçantes même si la première vous offre un amuse-gueule tout à fait digeste. Les plats suivants le sont beaucoup moins. Et pourtant !

Du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle, Priscille Lamure passe en revue des faits historiques souvent mêlés à toutes les croyances et rumeurs populaires qui ne faisaient qu’aggraver le sordide des actes. Dûment documenté, ce livre est un condensé de connaissances et lorsque la dernière page se ferme, on se sent, momentanément, moins bête.

Qui connaît l’origine du jeu de Colin Maillard, de l’existence des vierges folles de Loudun ? Qu’Alma Malher a été – indirectement – à l’origine des poupées érotiques, même si ce sont des Hollandais navigants qui ont créé le concept, au XVIIe siècle, des poupées à usage sexuel ? Le climax est peut-être atteint avec les reliures en peau de femme, une pratique née en Angleterre au XVIIIe siècle et qui s’est intensifiée au XIXe, oui, vous avez bien lu au XIXe. Même si tanner des peaux humaines avait eu quelques précédents pendant la Révolution française aux Ponts-de Cé – sans continuité – la "lubie" de relier un livre avec la peau d’un sein parait démentielle. Sans parler de la morgue de Paris, devenue une attraction populaire où on allait s’y promener en famille… Le sempiternel « C’était mieux avant » en prend un sacré coup dans l’aile !

Cela dit, des moments savoureux vont s’intercaler et une belle ouverture dans ces meurtrières du passé : la réhabilitation de Louix XI.

Instructif et, malgré les apparences, une lecture enjouée. Oui, grâce à la plume de l’historienne : un humour et une virtuosité qui ont la magie de vous entraîner avec enthousiasme dans les pires récits des ténèbres de l’âme humaine. Une voix peut avoir le don de vous faire écouter l’énumération des noms d’un annuaire téléphonique comme un écrit peut vous entourer de lumière dans les souterrains des catacombes !

Dans les oubliettes de l’histoire – Priscille Lamure – Éditions du Trésor – Mai 2021

jeudi 28 décembre 2023

 

Une noisette, un livre,

Arletty, un cœur libre

Nicolas d’Estienne d’Orves

 


La vie d’Arletty, née Léonie Bathiat, est un roman, un destin que nul romancier aurait pu imaginer : en 1898, à Courbevoie, dans une masure, Léonie voit le jour en pleine nuit face à la Seine - mot quasi polysémique pour la future femme de théâtre qu’elle sera. Souffrant de problèmes respiratoires, elle part chez sa grand-mère en Auvergne et y garde, malgré son jeune-âge, un souvenir inoubliable. À peine deux ans plus tard, retour au bercail, ou presque. À Puteaux, dans un appartement un peu plus digne. Adolescente, elle verra son père mourir sous ses yeux lors d’un accident de tramway puis montera sur les planches : un grand théâtre de la vie qui sera la sienne. Jusqu’au jour où la nuit deviendra son seul domaine : fin des années 60, elle perd définitivement la vue.

Pourtant, elle a cru en un « Ciel », celui de son premier amour qui sera happé par le feu de la guerre en 1914. Cet amour platonique restera celui de sa vie et elle ne cessera de penser à cet homme, celui qui aurait pu devenir son mari. En apprenant sa mort, elle s’est jurée de ne jamais prendre un homme pour époux. Ce qu’elle fit. Libre elle a décidé, libre elle mourra.

Sa voix de crécelle et ses répliques dignes d’Audiard lui porteront chance pour trouver ses premiers engagements sur scène jusqu’au jour où le succès et la renommée l’entourent de ses bras avec Fric-Frac. Elle n’aime guère le cinéma mais il faut gagner sa vie. C’est avec lui qu’elle deviendra éternelle, depuis l’Hôtel du Nord jusqu’aux Enfants du Paradis, film qui la marquera pour les difficultés de tournage et sa mise à l’écart lors de la sortie : elle est suspectée de trahison avec l’ennemi. En cause : sa relation passionnée avec Hans Jürgen Soehring, un officier de la Luftwaffe.

Elle n’a jamais pactisé avec le diable et a même pu sauver de ses griffes Tristan Bernard (sauvetage que Sacha Guitry ramenait exclusivement à lui). Beaucoup d’artistes ont eu des soucis avec la période de l’épuration, le fait de jouer pendant la guerre étant synonyme de collaboration. Pourtant, certains y échappent comme Edith Piaf qui, pourtant, faisait plus que chanter du côté de la rue Lauriston… Toujours se méfier des indignations à géométrie variable et des effets de masse.

Jeux de scène, amours plus ou moins fugaces, la ligne d’Arletty a été bien sinueuse pour cette femme restée toujours droite dans ses bottes. Sans fard, avec sa gouaille, son franc-parler, elle se fichait des jugements que d’aucuns portaient sur elle : un cœur en morceaux mais une âme libre.

Nicolas d’Estienne d’Orves a pris les habits de l’actrice pour narrer son histoire, cette biographie se lit logiquement comme un roman, flamboyante comme la couleur garance. Et puis un livre où un écrivain qui énumère les titres d’une pièce dont « L’école des cocottes » et écrit au paragraphe suivant que « le succès est volatil » ne peut être qu’excellent !

« Fleur de pavé, j’ai toujours aimé la vraie nature. Non pas les arbres sous cloche d’un parc ou d’un square, mais la sauvagerie d’une terre indomptée. Lorsque j’achèterai ma petite maison de Belle Île, au début des années cinquante, je passerai des heures à contempler la mer déchirée par le vent. Quoi de plus rassurant que le spectacle des éléments livrés à eux-mêmes, sans cette pudeur que l’homme a toujours imposée aux choses ? Il y a tellement plus de liberté chez les feuilles, les racines, les mousses, les vagues, jusqu’aux nuages ».

« Un être qui a le don de donner la vie ne devrait pas être soldat ».

« Je suis contre toutes les guerres. Comment a-t-on osé parler de guerre sainte ? Le type qui a dit ça est un beau fumier ».  

« La comédie est un art qui ne s’apprend que sur scène, en respirant le même air que le public, en risquant chaque soir un faux pas. D’ailleurs, on a rarement vu un acteur de cinéma faire un malheur au théâtre. Il ne connaît pas les codes. Le cinéma est un art prodigieux, mais reste une illusion ! Le théâtre, en revanche, ne triche jamais ».

« La morale s’arrête devant la raison d’État ».

Arletty, un cœur libre – Nicolas d’Estienne d’Orves – Éditions Calmann-Lévy – Octobre 2023

jeudi 21 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

La Ballade d’Amélie

Hélène Legrais

 


L’héroïne a un prénom qui fait aussi penser à un grand bal, masqué de préférence avec musique de Verdi. Justement, Amélie est cantatrice.

Lorsqu’on a eu la chance de partager la scène avec Montserrat Caballé, imaginez le choc que subit Amélie en découvrant en se réveillant qu’elle est aphone ! Plus aucun son ne sort de son gosier, juste un souffle pour lui signifier qu’elle est encore vivante. Autant dire la catastrophe. Obligée de consulter des spécialistes dont un phoniatre, le constat est sans appel : sa voix reviendra mais pas tout de suite. La cause : burn-out. Amélie fait partie de ces personnes qui ne savent pas dire non et engageait contrat sur contrat. Un repos est nécessaire mais comment se soigner quand tout s’écroule. Le passé lui revient à la figure, notamment son histoire d’amour avec un musicien qui a l’a abandonnée lorsque le fruit de leur passion s’est développé dans le ventre d’Amélie. Des relations entre mère et fille qui ont toujours été compliquées.

Après des mois de navigations indécises , Amélie va tomber, par hasard, sur un objet. Soudain, une idée lui vint à l’esprit. Ce sera le début d’une renaissance avec sa fidèle compagne Indy.  

La romancière Hélène Legrais nous propose une très jolie balade musicale à travers la Catalogne et jusqu’en Lozère où tous les sens du lecteur seront en éveil grâce à la description des paysages traversés, des plats dégustés, des airs évoqués, des senteurs humées, des mains tendues… Ce roman est une façon élégante pour dire que le lâcher-prise est une nécessité lorsque le travail devient un fardeau même s’il est une passion, qu’il ne faut jamais renoncer à ses rêves et que les coups du destin peuvent se transformer en une opportunité. Sans jamais se plaindre.

Quant à la Catalogne, c’est une nouvelle déclaration d’amour à cette terre qui unit France et Espagne, cette fois avec la musique et ses artistes : Pau Casals, son Cant dels ocells et sa farouche défense de la démocratie, Jordi Savall et Montserrat Figueres pour le baroque, Monstserrat Caballé pour l’opéra, Lluis Llach pour ses chansons engagées… et combien d’autres à découvrir ! 

La Ballade d’Amélie – Hélène Legrais – Éditions Albin Michel – Octobre 2023

mercredi 20 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

La chouette d’or

Isabelle Mayault

 


Et là, votre serviteur apprend qu’un jeu très en vogue a eu lieu en Europe à la fin des années 90 : la Chouette d’or… Isabelle Mayault a réveillé le trésor caché et déroule d’un long fil d’or et d’argent l’histoire de Claudia – journaliste à Genève – et de Beto, un Péruvien suspecté d’avoir caché la fameuse chouette. Lorsqu’elle apprend que Beto a été assassiné à Barcelone, elle file vers la capitale catalane pour éluder le double mystère. Dans la cité aux couleurs or et sang, les souvenirs reviennent et entraineront notre enquêtrice intrépide dans une ville française où certains songes sont encore présents.

Si certains romans démarrent lentement, Isabelle Mayault a le don de mettre dès l’incipit le lecteur en éveil. Pourtant, elle prendra son temps pour narrer cette sorte de road-movie à la sauce légèrement thrillesque entre Barcelone et une ville nommée La Sioule, ville qui ressemble fort étrangement à… Saint-Amand-Montrond dans le Cher malgré quelques petites différences géographiques ; vive la fantaisie qui sait se mettre au service de la création littéraire.

De personnages en personnages – un épicier, une directrice de musée, un libraire –, de rencontres en rencontres, du Barça aux bars de la Rambla, la romancière se transforme en guide pour arpenter les rues de la ville méditerranéenne et chacun pourra aisément s’y retrouver s’il a goûté au charme de cette cité qui sait aussi bien garder un aspect historique et jouer de la modernité. Noisette sur le livre, la plume a maintes fois été trempée, alimentée dans un encrier au contenu précieux : l’humour ! Avec quelques visions fantomatiques pour cet original jeu de pistes.

La chouette d’or – Isabelle Mayault – Éditions Gallimard – Mars 2023

 

dimanche 17 décembre 2023

 

Une noisette, un livre 

Le carrefour invisible – Une chronique française

Fabrice Lardreau


 

L’œil de Fabrice Lardreau est attiré par le détail. À onze ans, il est au cinéma avec sa mère pour voir « L’argent de poche » de François Truffaut. La première scène – avant le générique – l’intrigue. Il ne cessera de penser à cette petite fille avec sa carte postale en plein centre de la France. Quarante ans plus trad, il se dirige vers cette terre inconnue qu’est le Berry, à Bruère-Allichamps précisément, le cœur de la France ; même si des autres calculs le situe en divers lieux. L’écrivain journaliste va interroger les gens du village, humer cet endroit vallonné – bien loin du plat pays qu’il imaginait – pour y dresser une enquête sociétale au-delà des clichés. Car l’histoire de cette France du milieu est le carrefour d’une histoire française.

Le tournage de cette scène et François Truffaut prennent une large place dans cet essai aux côtés des habitants de Bruère et des souvenirs d’enfance de l’auteur. Cette dizaine de personnes interrogées est un échantillon représentatif des français moyens (sans aucune connotation péjorative) auxquels s’ajoutent quelques traits caractéristiques du Berrichon comme la simplicité, l’absence d’orgueil mal placé et la prudence.

Le lecteur fait donc la connaissance du maire Patrick Ciajolo (en 2016), de Madeleine Gilbert, la mémoire vivante de la commune, de Nicole et Didier du café central, Christine de l’agence postale, de Nicole… qui racontent leurs parcours respectifs et donnent leurs impressions sur cette vie villageoise où tout se sait, circule mais où il fait bon vivre par rapport aux grandes villes. Même si tous constatent le délitement du lien social, l’homogénéisation des territoires et la tendance cité-dortoir avec les nouveaux arrivants.

Ce cœur de la France a une longue histoire et Fabrice Lardreau nous apporte en apéritif des éléments pour que chacun puisse prolonger ensuite la dégustation sur place. À commencer par la fameuse colonne du centre de la France remontant au temps de l’empereur Caracalla jusqu’à sa position actuelle décidée en 1799 par le duc de Béthune Charost, un bienfaiteur de l’humanité et qui appartient à la grande histoire du château de Meillant situé à quelques kilomètres de Bruère. Autour, le prieuré d'Allichamps, l’abbaye de Noirlac, le domaine de Châteaufer et la ville de Saint-Amand-Montrond où le Grand Condé a laissé d’innombrables empreintes. Une région confrontée aux nombreuses guerres et qui se souvient, entre autre,  des nombreux réfugiés espagnols envoyés sur ces terres.

Selon l’une de ses habitantes, Christine, on n’arrive pas dans le Berry par hasard… Et si tous les chemins menaient à Bruère-Allichamps ?

Le carrefour invisible – Une chronique française – Fabrice Lardreau – Éditions Plein Jour – Mars 20217

mercredi 13 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

 

Moi, Maurice Sand, Fils de…

Mes confessions imaginaires

Georges Buisson

 


Fils de… Une gloire qui n’appartient qu’à son géniteur ou génitrice et qu’il faut assumer. Avec ses avantages et ses inconvénients. Georges Buisson – qui a été administrateur du domaine de Georges Sand à Nohant pour le Centre des Monuments Nationaux – s’est glissé dans l’âme de Maurice Sand pour rédiger les mémoires imaginaires du fils de la dame de Nohant. Le résultat est stupéfiant.

Qui visite justement la maison George Sand à Nohant à côté de La Châtre verra un théâtre consacré à la représentation de marionnettes et né de l’initiative de Maurice Sand avec l’aide de son ami Eugène Lambert. Une histoire de famille puisque sa mère confectionnait les costumes et avait été à l’origine de la création d’un autre théâtre quelques années auparavant. Le visiteur pourra également, parfois, découvrir l’atelier de Maurice Sand et s’apercevoir des multiples cordes qu’il possédait à son arc : caricaturiste, marionnettiste, dessinateur, peintre, écrivain… mais également passionné par les sciences naturelles et lépidoptériste.

 Était-ce lui qui voulait être un artiste ou bien sa mère ? Leurs relations étaient fusionnelles – a contrario de celles entre sa sœur Solange et George Sand – et elle avait de toute façon décidé ce que Maurice serait. À l’aide de la correspondance et des mémoires – celles-ci bien réelles – de George Sand, Georges Buisson dresse un portrait psychologique du personnage en soulignant à maintes reprises qu’il a été bien ardu pour ce jeune homme de trouver sa place aux côtés du génie de sa mère et de sa faculté à tout superviser, organiser. Pourtant, ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre…

Ce récit est une très belle opportunité pour redécouvrir la vie de George Sand et découvrir celle de son fils, s’immiscer à Nohant, théâtre familial avec ses joies, ses douleurs, ses rencontres artistiques et les amours de George que n’acceptaient pas toujours Maurice. Quelques reproductions de gravures complètent ce livre à mettre entre toutes les mains.

Moi, MAURICE SAND. Fils de… Mes confessions imaginaires – George Buisson – Éditions La Bouinotte – Mai 2023

 

 

lundi 11 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

La rivale

Éric-Emmanuel Schmitt

 


Carlotta Berlumi, signe distinctif : aversion totale envers Maria Callas, cette dernière ayant été la responsable de tous les problèmes du monde jusqu’au 16 septembre 1977 en général et de la non carrière de Carlotta en particulier !

Nous sommes au XXIè siècle, à Milan avec Enzo un jeune guide touristique, féru d’opéra et qui passe les trois quarts de sa visite dans le temple absolu de l’art lyrique : La Scala ! C’est lors de l’une d’elle qu’il fait la connaissance d’une vieille dame au ton aigri (euphémisme) et au comportement plutôt grossier dés qu’il prononce un nom : celui de Maria Callas. Victime d’un malaise vagal, la Berlumi le désigne comme son neveu et va pendant quelque temps dialoguer avec cette soprano dont la carrière s’est arrêtée lorsque Maria Callas a démarré la sienne.

Un roman très court qui se lit d’une seule portée mais délicieusement drôle et le lecteur ne peut que se réjouir de la verve infinie d’Éric-Emmanuel Schmitt. Les aficionados du bel canto retrouveront l’évocation des artistes qui ont illuminé de leurs voix les temples lyriques, de la Scala au Metropolitan Opera et ô combien une voix singulière associée à l’émotion de la scène peut envouter l’ouïe ! Maria Callas n’était pas qu’une chanteuse et c’est certainement le plus bel hommage rendu par Éric-Emmanuel Schmitt : celui de mettre noir sur blanc – comme les notes de musique – que les défauts comme le fameux « wobble de la Callas- peuvent se transformer en atouts pour cet art absolu qui unit chant et théâtre.

La rivale – Éric-Emmanuel Schmitt – Éditions Albin Michel – Novembre 2023

 

 

dimanche 10 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

Un papa vivant

Alice Taglioni

 


Elliot va bientôt fêter son septième anniversaire. Toujours sans son papa qu’il n’a jamais connu, il est décédé quelques mois après sa naissance lors d’une avalanche en montagne. Gloria, sa mère, lui voue un amour fou et tous les deux sont en parfaite symbiose dans leur maison de Fontainebleau. Sauf, qu’un être continue à manquer et comment repeupler cette absence, surtout lorsqu’Elliot écrit sur sa liste d’envie pour les cadeaux d’anniversaire… un papa vivant !

Un roman aux allures fantomatiques et excessivement touchant et, curieusement, sans ombres de tristesse, juste une empathie qui s’élève entre les protagonistes et le lecteur. Écriture classique avec dialogues courts pour décrire simplement le ressenti d’une famille après une épreuve subie des années auparavant et qui restera ancrée au plus profond des âmes, avec un petit garçon qui doit grandir avec la blessure d’être orphelin de père.

Alice Taglioni a eu l’intelligence d’écrire un vrai roman, en s’inspirant, certes, de son propre vécu et celui de son fils – son compagnon Jocelyn Quivrin est décédé lors d’un accident de voiture et leur fils Charlie n’avait que huit mois – mais en réinventant chaque personnage, en créant une histoire avec juste quelques touches réelles et ô combien primordiales, comme le piano omniprésent et le brave toutou Motus – le seul à avoir gardé son nom même s’il a changé de race et est passé du beige clair au  noir.

Un livre pour tout public, une fine analyse sur le deuil et ce qui l’entoure et qui peut aider bien des personnes se retrouvant ou s’étant retrouvées dans un chagrin similaire après la perte d’un être cher car ce roman est un énorme souffle d’espérance et comme l’avait si justement souligné le regretté Jean d’Ormesson « Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ». Et même peut-être davantage si d’aucuns savent scruter l’invisible.

« Le bonheur ne répond pas toujours à la définition que l’on espère, mais, visiblement, il se démène toujours pour lui ressembler un peu ».

Un papa vivant – Alice Taglioni – Éditions Robert Laffont – Novembre 2023

 

 

 

 

samedi 9 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

Le fruit le plus rare

Gaëlle Bélem

 

 


Vous aimez les desserts doucereux, les parfums envoûtants avec cette subtile substance qui fait saliver les babines et flancher l’odorat ? Mais connaissez-vous son origine ? Cette vanille bourbon née à l’île de La réunion grâce à un jeune garçon : Edmond Albius. Englouti dans les oubliettes de l’histoire, Gaëlle Bélem le fait revivre par sa plume et lui offre un goûteux hommage à la gloire du plus exquis des arômes.

Ile de la Réunion, 1829, naissance à Sainte-Suzanne d’Edmond avec une double peine : esclave et rapidement orphelin. Analphabète, son malheur s’adoucit lorsqu’il est recueilli par le planteur de canne à sucre Ferréol Bellier-Beaumont et passionné de botanique. Veuf, sans enfant, il suspecte un talent naissant dans le tout jeune enfant. Il a acquis une bouture de vanillier lors de son apparition dans l’ile dix ans plus tôt mais impossible de le multiplier. Attentif à la science du propriétaire terrien, le jeune Edmond va développer un sens extraordinaire autour des plantes et découvrir – à seulement douze ans - comment féconder manuellement la fleur à l’aide d’une aiguille. Hélas, un sombre destin va rattraper le prodige…

Il aura fallu cent ans pour qu’une plaque commémorative soit apposée à Sainte-Suzanne et ce n’est qu’en 2004 qu’une statue sera érigée. La Réunionnaise Gaëlle Bélem revient avec maestria sur la destinée de cet être oublié qui, pourtant, a révolutionné la gastronomie mondiale. Tout en faisant honneur à la langue française avec une fine écriture, elle narre un chapitre de l’histoire de l’île de la Réunion, dénué de clichés ou sempiternelles cartes postales, raconter l'esclavage sans tomber dans la haine et savoir poser ces touches de romanesque qui manquent tant à la littérature contemporaine française .

Gaëlle Belem fait partie de cette congrégation des "raconteurs d'histoire", ces gens de lettres qui n'écrivent pas en se regardant mais en portant leur regard sur les autres.
Dès son deuxième roman, Gaëlle Belem sait déjà se renouveler : après "Le monstre derrière la porte" elle embarque le lecteur dans une histoire totalement différente. Seule l'âme de l'encre est semblable. Gaëlle Bélem, vous n'êtes pas une autrice. Vous êtes une écrivaine. Une talentueuse écrivaine.

Le fruit le plus rare ou la vue d’Edmond Albius – Gaëlle Bélem – Éditions Gallimard/Collection Continents Noirs – Août 2023

 

 

 

 

dimanche 3 décembre 2023

 

Une noisette, un livre

Juliette

Abd Al Malik


 

Abd Al Malik offre un hommage posthume à sa marraine artistique : Juliette Gréco, un hommage qui doit la faire sourire d’où elle est, tant il incarne l’élégance et la liberté qui la caractérisaient : « L’esprit illumine tout. Juliette est bien une incarnation de la Liberté ». Son admiration est si notable qu’il la compare à la poétesse Rabia al Adawiyya, figure majeure du soufisme au VIIIe siècle.

Dans une langue poétique et d’une finesse exquise, le rappeur jongle entre ses souvenirs et la vie de la plus célèbre des Mômes, prenant même sa place parfois dans le récit de sa vie, comme le jour où Juliette Greco sort de la prison de la Gestapo – sa sœur et sa mère iront dans les camps de concentration et en sortiront – et se réfugie chez la seule personne de toute confiance, son ancienne professeure de lettres, Hélène Duc. Un double hommage pour ces deux femmes « courage ».

Juliette n’est pas seulement l’égérie de la liberté, elle est LA vie et plus encore : « Elle chante la vie, au fond, comme le cri derrière la prière. Le chant est la plus puissante des prières qu’on puisse faire. Il est aussi la plus sincère. Il est à la parole ce que l’amour est au sentiment. Le chant est la preuve du langage universel et de l’art comme miroir d’humanité ».

Malgré cet hymne à la beauté, au chant, Abd Al Malik n’oublie pas de souligner avec brio les dérives d’une société qui vend son âme : « Depuis son AVC et la mort de Gérard, son bien-aimé, la foule de dévoués ne se précipitait plus guère ; embringuée dans une industrie culturelle qui ne s’apparentait plus désormais qu’à une vaste télé-réalité toujours plus obscène » et que la « plume fait de moins en moins le poids face à l’épée de tous ces despotes toujours convaincus d’être éclairés ».

Les évocations de Ferré, Brel, Brassens permettent de se replonger dans cette France d’antan où les poètes musiciens devenaient immortels, se mettant au service de la création sans imitation aucune ; cette notion d’artiste selon la définition de Juliette Gréco : « un artiste doit ambitionner de n’être que lui-même dans toute sa splendeur ».

Loin de tous les vitrioleurs et vitrioleuses, ce livre vous fera vous envoler sur les ailes de la liberté par la voix de Juliette Gréco et les mots inspirés du soufisme d’Abd Al Malik.

Juliette – Abd Al Malik – Éditions Robert Laffont – Août 2023

mardi 28 novembre 2023

 

Une noisette, un livre


Veiller sur elle

Jean-Baptiste Andrea

 


« Pietà, Signore, Di me dolente ! Signor pietà » La musique d’Alessandro Stradella inonde la pièce dès la lecture des premières pages de « Veiller sur elle » de Jean-Baptiste Andrea. On devine qu’il y aura de la douleur, du mystère, du courage ; une spiritualité invisible tentera de glisser dans votre regard posté par un esprit qui vénère la beauté.

Sur les hauteurs du Piémont, en 1986, Mimo se meurt dans une abbaye où trente-deux moines l’entourent. Sa respiration diminue mais il tente de survivre encore quelques jours, quelques heures. Il a encore quelque chose à dire : sa vie à raconter et un message à transmettre.

Né en France mais Italien de sang, le très jeune Mimo est envoyé par sa mère chez son oncle dans La Botte, veuve elle ne peut assurer l’éducation de son fils et apprendra le métier de sculpteur. Si rêve il y avait, il va rapidement s’écrouler, l’once est rustre et malmène son jeune apprenti. Mais l’exil va lui permettre de rencontrer Viola, une adolescente bien-née, grandissant dans la richesse de la puissante famille des Orsini. Aussi mystérieuse que savante, le petit Mimo – il est nain – va savourer chaque instant avec la jeune fille et s’instruire. Il sait qu’il a du talent pour sculpter mais comment le faire comprendre. L’avenir et l’Italie fascisante lui réservent bien des surprises ; le lecteur en aura également et ne cessera d’imaginer ce à quoi cette Pietà peut ressembler. 

Près de six cents pages pour une évasion totale, une fiction mêlant histoire et art autour d’un personnage particulièrement attachant et d’une figure féminine sibylline au possible. Une écriture fluide, à la fois sobre et académique, et surtout une envolée lyrique sur les hauteurs de la fiction au doux parfum d’antan et de l’amour courtois. L’auteur sait ne pas tomber dans les sempiternels clichés de l’Italie, il sculpte en détails les forces et faiblesses de cette terre tout en rendant hommage à toutes les formes d’art. Un roman à l’image du personnage d’opéra évoqué : vériste. Un Mimo qui dans les affres du destin continue à y croire, « Ridi del duol', che t'avvelena il cor ! »

Un Goncourt sculptural avec une pensée pour Sophie de Sivry, fondatrice et directrice des éditions L’Iconoclaste, disparu en mai dernier. Elle avait fait confiance à Jean-Baptiste Andrea pour son premier roman « Ma reine ». En seulement six ans, il est devenu le roi de la littérature.

Veiller sur elle – Jean-Baptiste Andrea – Éditions L’Iconoclaste – Août 2023

 

lundi 20 novembre 2023

 

Une noisette, un livre


Grandeur nature

Erri de Luca

 


Erri de Luca n’a pas d’enfant, sa transmission ne sera pas génétique mais littéraire. Néanmoins, cette absence de paternité ne l’empêche pas d’avoir un regard sur les autres. Sa propre expérience avec ses parents, sa vision du monde, son écoute envers les autres le rend tout à fait légitime dans cet acte de raconter les relations père/fils.

Son dernier livre est une succession de pensées personnelles et de petits récits allant d’Abraham jusqu’au XXe siècle avec cette femme qui apprend que son père était un chef nazi. À chaque fois, une narration de relations extrêmes, sur la corde – métaphore de l’alpiniste qu’est Erri de Luca – sur les parois rocheuses de l’histoire et de l’intimité des familles. Corde qui lie, étouffe, protège, libère.

Erri de Luca n’a pas connu la pauvreté. Pas comme celle de ses enfants napolitains, abandonnés à eux-mêmes, sans attaches familiales et qui… étaient l’attraction des touristes avant d’embarquer. Le futur écrivain les voyait se jeter près du paquebot, dans cette mer noire souillée aux carburant, pour récupérer les pièces que les croisiéristes lançaient. Ces gamins criaient, seul moyen d’exprimer leur situation, sans aucune larme : « Il existe un degré si noir au bout des descentes que pleurer est un raffinement ».

L’auteur revient sur le mythe d’Abraham s’apprêtant à sacrifier son fils pour honorer la voix divine – tous en connaissons l’issue – pour mettre en parallèle Marc Chagall et son père. Il est encore Marek et peint son père, pour lui donner un poids, bien loin de l’odeur des harengs, une gratitude tardive pour ce fils qui fuyait ces relents : un « portrait grandeur nature ».

Un ouvrage vibrant qui se termine par un coup de tonnerre : « Dans les abîmes de l’inhumain, le simple être humain éblouit comme la rafale d’un éclair ».

Grandeur nature – Erri de Luca – Traduction : Danieèle Valin - Éditions Gallimard – Mars 2023

vendredi 17 novembre 2023

 

Une noisette, un livre


Ma champagne, mon pays

Daniel Rondeau

 


« Partout la terre vibre du mystère des hommes »

 

« Être Champenois, c’est un bon passeport pour le toit du monde » C’est ce que se disait Daniel Rondeau dans sa tête d’enfant. L’avenir a confirmé cette pensée. Depuis sa région natale il a sillonné le monde, reçu les honneurs tout en conservant une humilité extrême, celle de ceux qui savent grandir sans humilier les autres.

Mais, à l’image d’Ulysse et de ses beaux voyages, Daniel Rondeau retourne en sa province où coulent le champagne et les empreintes de ses aïeux. Rien ne lui plait davantage que de raconter l’histoire du tant oublié – hormis une station de métro - de Dom Mabillon. Né en 1632 à Saint-Pierremont il débarque à trente-deux à Paris à Saint-Germain des Près et s’attache à un sujet fondamental : la vérité en Histoire. De pérégrinations en pérégrinations, il réconcilie savoir et foi. Daniel Rondeau en parle avec une telle ferveur que le lecteur n’a qu’une envie : en savoir plus sur cet intellectuel, figure du dix-septième siècle.

S’il est question beaucoup d’églises – patrimoine champenois oblige – un autre domaine est largement évoqué, celui des vignes. Forcément. Jusqu’à aller à murmurer à l’oreille d’un vigneron.

L’académicien ne se contente pas de raconter son pays et de ceux qui y sont nés, y ont vécu, il élargit le champs livresque à diverses réflexions sur la valeur de la transmission, sur la bêtise humaine et sa sempiternelle haine qui fait jaillir le sang. Car du sang il y en a eu sur ces terres de Champagne et d’Argonne…

Champagne toujours au cœur mais amour pour les autres horizons, les autres mondes, les autres peuples, puisque la Méditerranée est également chère au cœur de l’auteur qui s’abreuve de liberté. Quant à la terre, ne jamais oublier ses racines, racines qui forment le palimpseste de l’humanité.

« La communion des saints efface les frontières de la mort et de la vie. La communion des saints n’est pas seulement une consolation pour les vivants, c’est une façon pour les disparus de continuer à exister avec force au milieu de leurs frères vivants ».

« L’école de mes parents était celle de la liberté. Liberté de ne jamais se sentir enfermé par un milieu, une situation, une quelconque fatalité. Liberté de s’envoler vers d’autres cieux et de rester fidèle à sa terre natale ».

Ma Champagne, mon pays – Daniel Rondeau – Éditions des Équateurs – Septembre 2023

mercredi 25 octobre 2023

 

Une noisette, un livre

 

Nos destins sont liés

Walid Hajar Rachedi

 


Walid Hajar Rachedi a de la suite dans les idées. Ce deuxième roman est la continuité de « Qu’est-ce que j’irais faire au paradis » même si les lecteurs peuvent très bien découvrir ce nouvel opus sans avoir lu une ligne du précédent. La géopolitique est nettement moins présente mais la « psychologie des banlieues » est le socle de tous ces destins.

Ceux de Salem, de Lisa, de Matthieu, de Ronnie, de Céline, cette dernière ayant une situation beaucoup plus confortable mais ne supportant l’ambiance « naphtalisée » de son milieu.

Alors que tout peut éloigner un rappeur d’un financier (il ne s’agit pas d’un gâteau), une habitante du 93 et une résidente des quartiers riches de Versailles, tout les rapproche ou va les faire rapprocher. Tous sont pris dans un étau, ne sachant plus s’il faut continuer à rêver un peu ou se laisser glisser dans l’inexorable cours du temps qui happe la plupart des jeunes.

Le ton est léger pour des sujets graves et, curieusement, chaque paragraphe devient percutant, comme ceux narrant la facilité à juger sans discernement, à toujours faire monter les amalgames. Inutile de raconter l’histoire, elle est à découvrir par soi-même mais croyez que le passage avec le présumé terroriste est exemplaire.  

L’un des points culminants du roman est conversation entre Ronnie et sa professeure de philo, genre old school. Juste un extrait, pour le plaisir « Je me suis rendu compte que la vraie réussite d’un enseignant, c’est de réussir à intéresser un public qui n’est pas conquis d’avance. Et il faut reconnaître qu’ici je suis servie, n’est-ce-pas ? Certes, les élèves n’ont pas le profil type de futurs pensionnaires de Normale Sup, mais qui sait ? Alors, en ce qui vous concerne, réfléchissez à ce que vous avez vraiment envie de faire et ayez le courage de vos ambitions. Je ne dis pas que ce sera facile… Mais rien n’est facile dès lors qu’on y tient un peu. Et ce n’est pas parce que qu’on ne peut pas tout de suite, qu’on doit croire qu’on ne peut rien. Réflexion qui, au passage, vaut autant pour vous que pour moi. Jean-Paul Sartre disait très justement à ce sujet « La liberté, ce n’est pas de pouvoir ce que l’on veut, mais de vouloir ce que l’on peut » ». C’est ce que vous aviez écrit dans votre copie, si je ne me trompe ? »

Merci Madame Bazart, merci Ronnie, merci Salem… et merci Walid Hajar Rachedi.

« Passer une soirée, juste une seule, avec quelqu’un qui ne parle pas sa « langue » - celle des audits sociaux, de l’optimisation du capital humain et des perspectives de mission et de carrière qui vont avec – lui paraît une excellente idée ».

Nos destins sont liés – Walid Hajar Rachedi – Éditions Emmanuelle Colas – Septembre 2023

 

 

jeudi 5 octobre 2023

 

Une noisette, un livre 

De l’inconvénient d’être russe

Diana Filippova

 


Voilà un livre fort intéressant et pas seulement par rapport à l’actualité. Diana Filippova dresse un constat à la fois sur la condition des Russes en France – certains exilés depuis des décennies ou descendants de ces familles partis lors de la Révolution ou fuyant les polgroms – et sur la Russie elle-même et de son aïeule l’URSS. La guerre en Ukraine a provoqué la rédaction de ce livre car le conflit la ramenait à ce qu’elle ne voulait plus être : russe.

Arrivée en France lorsqu’elle était encore enfant, elle a connu le déracinement, les difficultés d’être étranger en France, les brimades mais aussi les encouragements, la liberté. De ce récit intime en découle une vision générale sur la Russie et les difficultés de l’exil. À travers de nombreuses anecdotes et de références littéraires, ce constat est édifiant puisqu’il va bien au-delà du sujet, l’extrait sur la peur en est un parfait exemple :

« La peur ancrée rend caduque toute possibilité de révolte. Les opposants le savent bien, eux qui dirigent leur slogan droit contre elle. Elle agit sur le corps des femmes, des enfants et des hommes avec une redoutable efficacité. Une fois qu’elle est là, elle ne demande que peu d’entretien. De tous les instruments de répression, elle présente le meilleur rapport coût-efficacité. Sa puissance est décuplée quand elle vient surprendre les gens dans la sécurité apparente de leur foyer. Il suffit de l’avoir connue une fois pour qu’elle exerce pour toujours son emprise débilitante ».

Sur le plan personnel, ce témoignage est fort et met en avant qu’il est impossible de déconstruire une identité. Diana Filippova avait un sentiment de honte par rapport à cette violence et à son pays dévasté. Elle avait honte d’être russe. Pourtant, c’était la mauvaise réaction. Il ne faut rien renier et s’affirmer.

« La littérature jaillit d’un ailleurs lointain, elle court à travers les contrées étrangères, villes et campagnes, châteaux et dortoirs, elle bouillonne d’une eau lavée de mille peuples et traditions ; battue par les mains des mères, effervescente encore du babil des enfants, bue et recrachée par des gorges viciées et pures, oisives et travailleuses, elle entraîne avec elle pierres, branches et feuillages d’une autre terre que la nôtre, d’autres vies que la vôtre ».

De l’inconvénient d’être russe – Diana Filippova – Éditions Albin Michel – Août 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

lundi 25 septembre 2023

 

Une noisette, un projet sciuridérien


Des monuments et des livres

 

 

(Forteresse de Montrond - Photo © Marylène Bigot)

Cette année 2023 est source de très belles surprises pour votre serviteur. Comme celle d’avoir été lauréat de Tourisme et Territoire du Cher pour l’appel à projets KissKissBankBank. Neuf candidats ont été sélectionnés après dossier et interrogatoires musclés (oui, j’exagère un peu) :

·         🚀 Création d’un Battle Kart à Saint-Doulchard – Projet porté par Nicolas Groelly

·         🚀Gîte équestre à Saint-Symphorien – Projet porté par Fabienne Dorléans

·         🚀Découverte des marais de Bourges en canoë – Projet porté par l’association Canoë Kayak Club de Bourges

·         🚀Anaïs Cold Brew – Projet porté par Anaïs Bargallo

·         🚀Création d’un laboratoire de cuisine professionnel à la Cathédrale de Linard – Projet porté par Charlotte Collet et William Rouger

·         🚀La Nuit du Polar – Projet porté par la Bouinotte

·         🚀« Pose » Café – Projet porté par Jimmy Perriault

·         🚀USB Hébergements insolites à Genouilly – Projet porté par Stéphanie Deneux

·         🚀et celui de l’écureuil « Des monuments et des livres »

Depuis avril, nous sommes tous accompagnés par une équipe formée par l’AD2T (Berry Province) et KissKissBankBank qui a veillé à ce nous fassions consciencieusement nos travaux pratiques et nos devoirs à la maison. Je ne vous explique pas la pression subie et la sévérité extrême (j’exagère un peu, bis). Bref, après plusieurs mois de classes en mode commando, chacun va présenter officiellement son bébé le 1er octobre prochain après une conférence de presse à Bourges le 28 septembre.

Tadam, pour celles et ceux qui désirent être aux premières loges, lancement officieux dés demain mardi 26 septembre à 10h00 !

Il suffit de vous inscrire avec votre adresse mail sur la page de pré-lancement, pour la bestiole rousse c’est ici : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/des-monuments-et-des-livres

Vous découvrirez qui je suis (sous les traits également de ma doublure humaine), pourquoi ce projet me tient tant à cœur, quelles sont mes motivations et pourquoi j’ose demander un financement participatif. Mais, évidemment pour vous remercier de votre générosité, je vous ai préparé de jolies contreparties qui sont toutes en stock en magasin.

Merci déjà du fond de la noisette pour votre participation (en dons et/ou en partages) et je profite de cette annonce pour remercier mes chers et fidèles bipèdes qui me suivent avec assiduité depuis plusieurs années.

Merci également aux écrivains et aux maisons d’édition avec qui je noue des relations très cordiales et qui seront à l’honneur lors de la première programmation en 2024 dans les lieux emblématiques du département du Cher.

Merci évidemment à Béatrice Damade, Ludovic Azuar, Jennifer Desille, Stéphanie Massonat, Nathalie Boccanfuso, Chloé Rapin, Flavien Boucherat, Bastien Doutre, Sandrine Gérard, Sébastien Champault (pardon pour ceux que j’oublie) et Olivier Sanchs.

Grand merci à Martine d’Aligny, présidente de la Route Jacques Cœur, pour son soutien et le partenariat avec la RJC.

Et enfin, merci de merci à mes amis, de loin comme de près, qui m’encouragent, me supportent. Vous êtes trop nombreux pour que je vous énumère tous mais je tiens à nommer deux qui sont des soutiens depuis la première heure : Nathalie Désiré et Gaël Chênet (et ainsi le Berry est réuni avec un 36 et un 18). Gratitude immense.

Je souhaite une chance de toutes les noisettes à mes collègues porteurs de projet, certains, d’ailleurs, se retrouveront avec l’écureuil en 2024. Croyez-moi, tous les projets sont épatants et nous formons une équipe de choc, à cheval, en canoë, en kart électrique, en bien-être, en spiritualité architecturale, en lectures qui méritent de porter un toast avec un cold brew avec une belle photo de famille à l’ancienne !

Panachement vôtre 🏰📚

 

 


 


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