Une noisette, un livre
L’essence du mal
Luca D’Andrea
Vous
n’aurez pas besoin de mettre de carburant dans votre moteur à lire, dès les
premières pages vous roulez, non pas sur des noisettes, mais sur des concentrés
de substances qui remplissent la noirceur, d’une âme, des âmes. Mais avec,
heureusement, toute l’antinomie que l’espèce humaine est capable de produire.
« L’essence
du mal ». Un titre qui tombe à pic dans l’étrange parc de Bletterbach où
l’histoire remonte à la nuit des temps, et même si l’auteur base sa fiction
entre la fin du XX° siècle et le début du XXI°, c’est une descente dans la
dernière période du Paléozoïque, au cœur du système Permien, afin d’enchevêtrer
un thriller géologique.
D’un
massacre horrible en 1985 survenu en pleine tempête dans le Tyrol du Sud, 30
ans sont passés. Mais Jeremiah Salinger, jeune réalisateur et scénariste américain, dont
l’épouse, Annelise, est originaire des environs de Bolzano, va enquêter sur ce
fossile sanguinaire après avoir failli être victime de cette terrible
« Bête », un souffle blanc impitoyable, qui a emporté une équipe de
secouristes.
Mais
les recherches vont se révéler bien ardues, il faudra fendre la carapace des
réfractaires pour mener à bien cette quête de la vérité. Car un scorpion
veille… Un scorpion des mers de 390 millions d’années… Intrigue quand tu nous
prends…
Un
polar aux multiples embranchements, à l’image de ce tentaculaire Jaekelopterus
Rhenaniae, arthropode caractérisé par un corps segmenté…il fallait y penser,
Luca D’Andrea l’a fait.
D’un
ton léger mais percutant, l’histoire est palpitante mais avec des périodes
d’accalmie lors des passages de connivence entre un père et sa petite fille
Clara, et, du fameux « syndrome de l’écureuil ! Si l’écriture peut
paraitre facile, elle est néanmoins dosée et, subitement, on prend l’importance
de la bonne utilisation des articles (là je ne parle pas de papiers
journalistiques) lorsque page 418 on lit « Je serrai des mains et je
serrai les fesses ». Imaginez le sens de la citation si l’auteur avait
écrit « Je serrai les mains et je serrai des fesses » ! Un
détail mais qui illustre toute les nuances et subtilités des idiomes.
Mais
au fait, « L’essence du mal », ça fait combien de mots ? Clara
aurait la réponse…
L’essence du mal – Luca
D’Andrea – Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza – Editions Denoël –
Décembre 2017
Livre
lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2018
1 commentaire:
Les deux scènes finales dans le Bletterbach sont trop spectaculaires.
J’ai eu l’impression d’être dans un film d’action américain aux effets spéciaux grossiers.
La conduite de Salinger n’entre pas dans mon schéma de pensée
Tout comme Inavouable, ce type de roman ne correspond pas à ce que je cherche dans la lecture.
Mais chaque écureuil choisit ses noisettes!
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