Une noisette, un
spectacle
Les Suppliantes
Tragédie moderne du
poète Eschyle
Et
si les Grecs avaient tout compris ? Déjà Homère avec son héros de tous les
temps, Ulysse, avait écrit « Etranger,
tu n’es pas un homme vulgaire ni privé de raison (…), puisque tu es dans cette
île, tu ne manqueras ni de vêtements, ni de tous les secours que l’on doit aux
malheureux voyageurs qui viennent implorer notre pitié. (…) Pourquoi fuyez-vous
cet étranger ? Pensez-vous que ce héros soit un de nos ennemis ? Non. »
Dès
le début de la Grèce Antique le réfugié était protégé de ses ennemis. C’est le cœur
de la tragédie « Les Suppliantes » écrite vers 460 av. J.C. par le
poète Eschyle. Une œuvre chorale formée des Danaïdes. Fuyant le mariage forcé,
elles partent avec leur père Danaos et échouent au pays d’Argos. Le Prince
apparait face aux femmes qui prient secours et protection, mais ce dernier
consule son peuple. Après avoir refusé la demande d’extradition des Egyptiens
et malgré les menaces de guerre, Pélasge accepte de les accueillir.
Comment
ne pas être secoué par cette histoire face à l’actualité ! Ces femmes
refusant la soumission, fuyant viols et autres crimes, réclamant le droit à la
liberté et à une vie digne. C’est ce récit antique que Jean-Luc Bansard,
fondateur du Théâtre du Tiroir à Laval, a décidé d’adapter avec la scénographe
Brigitte Maurice d’après la traduction d’Olivier Py. Plus de 30 représentations
ont eu lieu jusqu’à ce jour dans le Grand Ouest et c’est devant une salle archi
comble que la pièce s’est jouée dimanche 25 février à Neuil-les-Aubiers
(Deux-Sèvres) grâce à la participation de l’association locale « la
Citoyenne » et au profit de « 100 pour 1 en Bocage ».
Non
seulement ce naufrage antique fait corps avec la réalité mais la plupart des
acteurs sont des réfugiés et des demandeurs d’asile, telle Alice-Simbi, fuyant
le Kenya après avoir été violée, ou Walid, syrien refugié en France mais qui
tremble pour son fils toujours à Damas. La présentation de ce dernier a d’ailleurs
provoqué une intense salve d’applaudissement et l’on a vu parmi les spectateurs
la bannière de l’ancien drapeau syrien. Emotion. Un total de 41 actrices et
acteurs, venant de 19 pays différents, métissage des cultures pour une explosion
de vocables vernaculaires. La représentation s’est terminée avec toutes les
musiques du monde après les chants composés par
Olivier Messager pour l’occasion.
La
modernité de la mythologie pour montrer que l’aide aux réfugiés, aux migrants est
indispensable, que chaque vie mérite d’être sauvée avec cette phrase qui
résonne au plus haut des cieux « Zeus
exige que l’on respecte les étrangers ».
Un
spectacle citoyen pour une cause universelle.
Les Suppliantes d’après
Eschyle – Théâtre du Tiroir
« Comment serait-il
pur, l’oiseau qui dévore l’oiseau ? Et comment serait pur celui qui veut
épouser une femme malgré elle ? » Eschyle - Les Suppliantes
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