Souvenirs d'un médecin d'autrefois

dimanche 11 février 2018


Une noisette, un livre

 

L’essence du mal

Luca D’Andrea


 

 

Vous n’aurez pas besoin de mettre de carburant dans votre moteur à lire, dès les premières pages vous roulez, non pas sur des noisettes, mais sur des concentrés de substances qui remplissent la noirceur, d’une âme, des âmes. Mais avec, heureusement, toute l’antinomie que l’espèce humaine est capable de produire.
 
« L’essence du mal ». Un titre qui tombe à pic dans l’étrange parc de Bletterbach où l’histoire remonte à la nuit des temps, et même si l’auteur base sa fiction entre la fin du XX° siècle et le début du XXI°, c’est une descente dans la dernière période du Paléozoïque, au cœur du système Permien, afin d’enchevêtrer un thriller géologique.
 
D’un massacre horrible en 1985 survenu en pleine tempête dans le Tyrol du Sud, 30 ans sont passés. Mais Jeremiah Salinger, jeune réalisateur et scénariste américain, dont l’épouse, Annelise, est originaire des environs de Bolzano, va enquêter sur ce fossile sanguinaire après avoir failli être victime de cette terrible « Bête », un souffle blanc impitoyable, qui a emporté une équipe de secouristes.
Mais les recherches vont se révéler bien ardues, il faudra fendre la carapace des réfractaires pour mener à bien cette quête de la vérité. Car un scorpion veille… Un scorpion des mers de 390 millions d’années… Intrigue quand tu nous prends…
 
Un polar aux multiples embranchements, à l’image de ce tentaculaire Jaekelopterus Rhenaniae, arthropode caractérisé par un corps segmenté…il fallait y penser, Luca D’Andrea l’a fait.
D’un ton léger mais percutant, l’histoire est palpitante mais avec des périodes d’accalmie lors des passages de connivence entre un père et sa petite fille Clara, et, du fameux « syndrome de l’écureuil ! Si l’écriture peut paraitre facile, elle est néanmoins dosée et, subitement, on prend l’importance de la bonne utilisation des articles (là je ne parle pas de papiers journalistiques) lorsque page 418 on lit «  Je serrai des mains et je serrai les fesses ». Imaginez le sens de la citation si l’auteur avait écrit « Je serrai les mains et je serrai des fesses » ! Un détail mais qui illustre toute les nuances et subtilités des idiomes.

Mais au fait, « L’essence du mal », ça fait combien de mots ? Clara aurait la réponse…

L’essence du mal – Luca D’Andrea – Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza – Editions Denoël – Décembre 2017

Livre lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2018
 
 

1 commentaire:

Jostein a dit…

Les deux scènes finales dans le Bletterbach sont trop spectaculaires.
J’ai eu l’impression d’être dans un film d’action américain aux effets spéciaux grossiers.
La conduite de Salinger n’entre pas dans mon schéma de pensée
Tout comme Inavouable, ce type de roman ne correspond pas à ce que je cherche dans la lecture.
Mais chaque écureuil choisit ses noisettes!

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