vendredi 8 mars 2019


Une noisette, un livre


 Les miroirs de Suzanne

Sophie Lemp




Et si Sophie Lemp avait fait de ce roman une psyché pour résumer ce qu’un individu peut enfermer, dans sa conscience et son inconscience, comme reflets de la vie et de l’amour jusqu’à parfois être le miroir des autres ?

Quittant son appartement, fenêtres ouvertes, pour seulement une vingtaine de minutes, Suzanne découvre à son retour qu’il a été cambriolé. A part l’ordinateur (que son compagnon Vincent définie comme obsolète) rien de précieux n’a été pris. Sauf, quand dans la soirée, elle s’aperçoit qu’un tiroir est mal refermé, celui où contenait une grande boite en métal avec ces cahiers de jeunesse. Ils n’y sont plus.
Ces cahiers sont ses journaux intimes, ceux de ses 16 ans et de son passage à l’âge adulte. Ses rêves, ses espoirs et ses désirs d’amour. Elle y raconte ses premiers émois et surtout sa rencontre avec Antoine, un écrivain de renom de plus de 30 ans son ainé. Une amitié se noue entre eux mais dans leur âme respective c’est déjà de l’amour. Plus âgé, marié, tout semble impossible jusqu’à la symbiose des corps quelques années plus tard. Mais quel sera leur avenir…

En parallèle, on fait connaissance de Martin, livreur de plats préparés qui a abandonné ses études. En jetant une bouteille de bière, il est surpris de trouver dans une poubelle un coffret métallique. Intrigué, il l’ouvre et feuillette les carnets. Puis, les emmène dans sa petite chambre pour les lire tranquillement. Impressionné par le récit, il ne songe qu’à en lire davantage et bientôt se redécouvre à dessiner, tant les mots inscrits lui parlent.

Lire ce roman, c’est se pencher avec des flèches de Cupidon pour voir scintiller les désirs des cœurs et des corps. C’est comme un lac ou une étendue d’eau avec le reflet des branches rejoignant les flots des hasards de l’amour et des jeux du destin. Destins qui se croisent, s’entrecroisent, se séparent, se rejoignent, se ressemblent et se rassemblent, disparaissent et renaissent.
Lire ce roman c’est regarder dans le rétroviseur, laisser de côté les regrets tout en y laissant un peu de soi-même mais pour mieux conduire son chemin de vie dans l’ancre des rêves.
Lire ce roman, c’est confirmer la puissance des reflets de l’âme, des visages de l' espoir et de la lumière qui peut s’y réfléchir dans chacun. Baignés par quelques larmes…

« Raconter à Léa les études interrompues brutalement, les livraisons à vélo pour payer le loyer, les muscles qui se transforment, les pensées absentes, les disparitions, plus de dessins, plus de désirs, plus rien. Lui confier comment, grâce à Suzanne, les rêves sont revenus peu à peu, et ce qu’ils deviennent depuis qu’il s’autorise à travailler moins ».

« Cet amour ancien, qu’elle s’efforçait de décrire le plus justement possible, lui revient dans sa chair. C’est à lui qu’elle destine ces mots, comme si personne d’autre, jamais, ne devait les lire ».

« Dans les larmes de Martin, il y a les souffrances qui sautent aux yeux, celles que l’on devine et celles que l’on côtoie sans les remarquer. Celles qui durent et celles qui finissent par s’estomper. Celles qui font vieillir et celles qui endurcissent. Celles que l’on expose et celles que l’on tait ».

Les miroirs de Suzanne – Sophie Lemp – Editions Allary – Mars 2019

Livre lu  dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019





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