Une noisette, un livre
Incendie blanc
Antoine Catel
« La petite sœur
avait vieilli bien avant de grandir »
Cette phrase située dans l’incipit exprime déjà tout. On songe à ces photos d’enfants disparus et qui ont des yeux d’adulte, où la couleur de l’iris se mélange aux ombres de la tristesse. Comme s’ils savaient inconsciemment que leur vie serait de courte durée et qu’ils ne franchiraient même pas la trentaine voire bien avant…
Petite sœur – je vous laisse découvrir son prénom – n’a pas survécu au mirage blanc, un mirage dévastateur qui enflammera son corps et arrêtera subitement son cœur, brûlé à la fois par les stupéfiants et les révoltes intérieures.
Petite sœur est brillante, intelligente, belle, amoureuse des arts et des hommes. Étudiante en médecine elle ne franchira pas le doctorat, la grande Faucheuse étant passée par la case cocaïne. Petite sœur est aimée de tous mais la violence surgit dans sa famille après la mort de son père. Être sensible qui ne supportera pas ce monde qui l’entoure, son refuge sera d’enfiler des rails de cocaïne et plus rien ne l’arrêtera, même les séances de désintoxication. L’addiction est une maladie.
Grand frère est dévasté, culpabilise. L’écriture est cathartique. Il nous raconte sa petite sœur avec une tendresse infinie, une poésie absolue sur fond de Tristesse de Chopin – elle jouait du piano – peut-être parce que « seule la musique agite un peu le lien endormi des âmes avec le réel ». Cette petite sœur si lumineuse – « Elle était une palette de peintre quand, le dimanche, elle revêtait ses robes de toutes les couleurs » - perdue dans le crépuscule de l’artificiel.
Une sublime déclaration d’amour filial post-mortem, une vaste réflexion sur la toxicomanie et son emprise.
Incendie blanc – Antoine Catel – Éditions Calman-Lévy – Janvier 2023
Livre
lu pour le Prix de la Vocation 2023
1 commentaire:
voilà qui donne bien envie de le découvrir!
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