Une
noisette, un livre
L’Alchimiste
de Sant Vicens
Hélène
Legrais
On
ne peut pas dire que le jeune retraité de l’Éducation nationale André Escande
est un homme à l’esprit ouvert… Certes, nous sommes dans les années cinquante
mais tout de même, une certaine évolution souffle surtout quand on habite dans
le quartier Saint-Gaudérique à Perpignan, juste à côté de l’atelier de
céramique de Sant Vicens créé par Firmin Bauby. Jean Lurçat vient d’y peindre
une fresque flamboyante et Pablo Picasso fréquente ce lieu. L’épouse d’André,
la docile Suzanne, aimerait bien qu’André aille rendre visite à son voisin et
prendre la température de ce lieu de création. Mais hormis ses mathématiques et
son travail de recherche sur la Bible qu’il a entrepris pour occuper ses
journées, point de salut. Il hait les extravagances de ce voisinage bruyant, ne
supporte pas les jeunes éphèbes qui traversent le parc de Sant Vicens et ne
veut surtout pas que sa femme en franchisse les grilles. La pauvre épouse se console
dans sa roseraie et en écoutant les chansons du moment comme celle de Charles
Trenet (son mari, bien évidemment ne jure que par Bach et non par ces variétés
décadentes).
Cela
n’empêche Suzanne d’inventer des stratagèmes pour aller se faufiler dans l’atelier,
jusqu’à aller créer une assiette. Mais chut, faut pas qu’on le dise 😉
Mais l’arrivée de Vivi, une petite fille autiste va tout changer. C’est là que commence le pouvoir des arts, de la terre et des signes invisibles…
Comme très souvent dans l’œuvre – déjà fort importante – d’Hélène Legrais tout commence doucement pour, soudain, se transformer en un captivant roman où la noblesse des sentiments se termine en haie d’honneur.
Tout
pour plaire aux lecteurs – sauf ceux qui ne jurent que par un certain snobisme
condescendant – avec en bonus toute le charme du pays catalan et ses
particularités régionales, à commencer par sa langue et sa gastronomie. Sans
appartenir nullement au « feel good book » ce roman charme de toute
part grâce aux personnages de Suzanne puis de Vivi et à la plume si sensible de
la Senyora Legrais. S'ajoute un formidable hommage à Firmin Bauby, personnage haut en couleur et qui a laissé une empreinte indélébile dans le monde de l'art.
L’Alchimiste
de Sant Vicens, un peu de tendresse dans un monde de rudesse.
L’Alchimiste de Sant Vicens – Hélène Legrais – Éditions Calmann Levy/Collection Territoires – Novembre 2022
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