Une noisette, un livre
Romy, une longue nuit de
silence
Sarah Briand
« Que ceux et
celles
qui l’ont aimée
et l’aiment encore
aient une pensée pour
elle »
Alain
Delon
Romy
Schneider s’est éteinte dans la nuit du 28 au 29 mai 1982 en emportant avec
elle le secret de ses dernières heures et en laissant pour son public et tous ceux qui l’ont aimée des films inoubliables. Elle s’est endormie pour rejoindre
le monde des étoiles, elle qui fut une star du cinéma. Ce firmament où se
retrouvent pour l’éternité les âmes parties de terre et, où peut-être, les
êtres chers se rejoignent ; puisse pour Romy avoir pu embrasser à nouveau
l’être le plus cher à son cœur, celui qui a été son bonheur et l’une de ses
raisons de vivre et de ne plus survivre : son fils David.
Car
derrière cette silhouette, derrière cette voix, derrière la beauté de ce
visage, l’éclat du sourire masquait le crépuscule de l’âme, beaucoup d’ombres,
trop d’ombres ont plané sur la trop brève vie de Rosemary Albach. De blessures
en blessures, d’amours perdues ou retrouvées, s’agitait un cœur excessivement
meurtri par la tragédie d’un destin.
La
journaliste Sarah Briand a choisi cet angle pour peindre le portrait de
l’actrice en utilisant toutes les palettes possibles des nuances de l’écriture,
en maniant la plume comme un pinceau, posant des petites touches délicates et
pudiques pour mettre en lumière toute la sensibilité de l’artiste tout en incorporant des ombres scripturales pour permettre au lecteur de saisir la funeste
vie d’une femme qui voulait tant aimer et tant donner.
Le
récit alterne entre la description de la terrible nuit du 29 mai 1982, et des
jours suivants, et la progression cinématographique de l’actrice autrichienne,
de ses premiers pas dans ce rôle de Sissi qu’elle a toujours détesté jusqu’à
son dernier film tiré de l’œuvre de Joseph Kessel « La passante du
sans-souci », là où intervient cette déchirante scène avec le jeune acteur
Wendelin Werner, où ce n’est pas « Elsa qui pleure mais Romy ».Sans
oublier le fil conducteur, le personnage qui vit toujours dans les pas de Romy
Schneider : Alain Delon, sans oublier pour autant l’un des autres hommes
de sa vie, Daniel Biasini.
Une
narration qui laisse le lecteur dans une singulière émotion. Emotion par le
destin brisé d’une actrice aux mille sensibilités, émotion par le parcours à
coups de succès et de drames, émotion par la disponibilité d’Alain Delon à
raconter à l’auteure ce qu’il n’a jamais révélé jusqu’à présent, émotion par
l’écriture d’une délicatesse inouïe de Sarah Briand, comme si chaque mot était
une note dans un long hommage en forme d’adagio.
Le
premier ouvrage de la journaliste sur Simone Veil était une révélation
d’élégance et d’atticisme pour dépeindre l’une des femmes les plus
emblématiques du vingtième siècle. Ce nouvel opus sur Romy Schneider poursuit
le même chemin et fait honneur à ces femmes hors du commun.
« Alors qu’elle
l’enlace maintenant qu’elle est morte, Romy pourrait se demander combien de
fois sa mère a accompli ce geste depuis son enfance. Chercher aux confins de sa
mémoire ne sert plus à rien, mieux vaut garder les souvenirs heureux, l’odeur
de ses toilettes ou de sa peau contre son visage lorsqu’elle l’embrassait pour
lui dire au revoir,de son parfum lorsqu’elle sortait de scène ou lorsqu’elle
rentrait de tournage, après ces longues heures où Romy patientait en espérant
son retour »
« Romy rit parfois
pour ne pas pleurer »
« La traque a
commencé. Elle peut désormais reconnaître ces regards qui scrutent sans relâche
les malheurs des êtres. Ils errent comme des vautours autour de la chapelle de
l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye où David attend dans son linceul le dernier
hommage que sa mère a organisé pour lui ».
« C’est tout le
paradoxe de sa vie, Romy aime ces moments où elle est seule, elle les recherche
parfois pour s’isoler du monde et se sentir apaisée. Et en même temps, ces
instants de solitude peuvent aussi la précipiter dans une mélancolie au cours
de laquelle les souvenirs de son fils viennent la heurter ».
« C’est dans les
rencontres, les moments de bonheur et les plus grandes douleurs que se
construit un destin ».
Romy, une longue nuit de
silence – Sarah Briand – Editions Fayard – Mai 2019
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