dimanche 9 juin 2019


Une noisette, un livre


 La dent du piment

Thomas Vennin




Dés le départ de l’escalade de ce livre, aucune platitude, on grimpe à flèche sur les crêtes de l’écriture et de l’esprit d’en haut ; bref, Thomas Vennin est un auteur qui a une plume « à doigts » car réussir à mettre en pâmoison un écureuil qui s’y connait autant en alpinisme qu’un escargot de plaine, excepté peut-être au temps jadis de la « cueillette des violettes dans les alpages », c’est forcément un tour de force.

De la genèse du montagnard à 8848 odyssée des chaînes de l’espace, c’est une montée en altitude entre grandes dates de l’alpinisme, les figures masculines et féminines qui ont su prendre de la hauteur, mais aussi ceux, moins glorieux, qui n’ont laissé que des empreintes amères, le tout avec une proéminence notoire : l’humour. Un humour à s’en décrocher les sommets !
Si certains noms ne sont pas inconnus (Frison-Roche, Mazeaud, Herzog, Bonatti), j’ai fait connaissance avec les vaillants Messner, Tabei, Rébuffet et son pull, Wiessner… sans oublier un Horace-Bénédict de Saussure  qui, au XVIII° siècle, a inauguré les débuts de l’ascension du Mont-Blanc bien que quelques décennies plus tard ce sont des anglais avant-gardistes qui ont créé en 1857 un club alpin (les français ont attendu 1874), comme quoi le flegme britannique en prend un coup dans le versant !

Un document qui plaira forcément à tous les amants de la montagne mais aussi à ceux qui n’en n’ont jamais caressé la moindre croupe, à ceux qui aiment les circuits de l’extrême comme à ceux qui commencent à avoir le vertige dès qu’ils sont en haut d’un escabeau de trois marches (votre serviteur par exemple) parce que c’est une histoire entre l’homme et la terre, un hommage à ces tontons flingueurs des cimes et que ce sont des instants de lecture à biscuiter. Et à apprendre aussi.

Thomas Venin a eu la caisse pour réaliser cette performance de relater ces grandes heures, hélas parfois plus que sombres, de glorifier ces hommes et ces femmes voulant rejoindre le ciel en surmontant ce qui semble impossible et de montrer au grand public les efforts surhumains, les défis que se lance l’Homo Sapiens depuis des décennies face à cette merveille de la nature offerte par la danse tectonique : la montagne.

« 14 janvier 1897 – Première de l’Aconcagua, point culminant du continent américain. Joli coup double pour le guide suisse Matthias Zurbriggen qui, en atteignant le sommet en solitaire, s’offre également le record mondial d’altitude. On pourrait même lui accorde un coup triple puisque dans la foulée, il bat le record de dénivelé négatif en passant de 6962 mètres aux profondeurs de l’oubli ».

« Après six jours d’ascension en solitaire, Walter Bonatti vient à bout du pilier sud-ouest des Drus. Pour les amateurs de grand alpinisme, cette ascension est un film pornographique. Bonatti dans le rôle d’Emmanuelle, les Drus dans celui du fauteuil en rotin. Six jours d’un coït sauvage entre l’homme et la montagne ».

La dent de piment, balade épicée dans l’histoire de l’alpinisme – Thomas Vennin – Editions Paulsen/Guérin – Mars 2019

Aucun commentaire:

  Noisette romaine L’ami du prince Marianne Jaeglé     L’amitié aurait pu se poursuivre, ils se connaissaient, l’un avait appris à...