Une noisette, un livre
La dent du piment
Thomas Vennin
Dés
le départ de l’escalade de ce livre, aucune platitude, on grimpe à flèche sur
les crêtes de l’écriture et de l’esprit d’en haut ; bref, Thomas Vennin
est un auteur qui a une plume « à doigts » car réussir à mettre en
pâmoison un écureuil qui s’y connait autant en alpinisme qu’un escargot de
plaine, excepté peut-être au temps jadis de la « cueillette des violettes
dans les alpages », c’est forcément un tour de force.
De
la genèse du montagnard à 8848 odyssée des chaînes de l’espace, c’est une
montée en altitude entre grandes dates de l’alpinisme, les figures masculines
et féminines qui ont su prendre de la hauteur, mais aussi ceux, moins glorieux,
qui n’ont laissé que des empreintes amères, le tout avec une proéminence
notoire : l’humour. Un humour à s’en décrocher les sommets !
Si
certains noms ne sont pas inconnus (Frison-Roche, Mazeaud, Herzog, Bonatti),
j’ai fait connaissance avec les vaillants Messner, Tabei, Rébuffet et son pull,
Wiessner… sans oublier un Horace-Bénédict de Saussure qui, au XVIII° siècle, a inauguré les débuts
de l’ascension du Mont-Blanc bien que quelques décennies plus tard ce sont des anglais
avant-gardistes qui ont créé en 1857 un club alpin (les français ont attendu
1874), comme quoi le flegme britannique en prend un coup dans le versant !
Un
document qui plaira forcément à tous les amants de la montagne mais aussi à
ceux qui n’en n’ont jamais caressé la moindre croupe, à ceux qui aiment les
circuits de l’extrême comme à ceux qui commencent à avoir le vertige dès qu’ils
sont en haut d’un escabeau de trois marches (votre serviteur par exemple) parce
que c’est une histoire entre l’homme et la terre, un hommage à ces tontons
flingueurs des cimes et que ce sont des instants de lecture à biscuiter. Et à
apprendre aussi.
Thomas
Venin a eu la caisse pour réaliser cette performance de relater ces grandes
heures, hélas parfois plus que sombres, de glorifier ces hommes et ces femmes
voulant rejoindre le ciel en surmontant ce qui semble impossible et de montrer
au grand public les efforts surhumains, les défis que se lance l’Homo Sapiens
depuis des décennies face à cette merveille de la nature offerte par la danse
tectonique : la montagne.
« 14 janvier 1897 –
Première de l’Aconcagua, point culminant du continent américain. Joli coup
double pour le guide suisse Matthias Zurbriggen qui, en atteignant le sommet en
solitaire, s’offre également le record mondial d’altitude. On pourrait même lui
accorde un coup triple puisque dans la foulée, il bat le record de dénivelé
négatif en passant de 6962 mètres aux profondeurs de l’oubli ».
« Après six jours
d’ascension en solitaire, Walter Bonatti vient à bout du pilier sud-ouest des
Drus. Pour les amateurs de grand alpinisme, cette ascension est un film
pornographique. Bonatti dans le rôle d’Emmanuelle, les Drus dans celui du
fauteuil en rotin. Six jours d’un coït sauvage entre l’homme et la
montagne ».
La dent de piment,
balade épicée dans l’histoire de l’alpinisme – Thomas Vennin – Editions
Paulsen/Guérin – Mars 2019
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