Une noisette, un livre
On n’efface pas les
souvenirs
Sophie Renouard
Un
couple amoureux sans histoire, deux enfants dont un qui vient de voir le jour,
aucun souci particulier. Une existence rêvée où tout va pour le mieux dans le
meilleur des mondes.
Mais
soudain, après la cérémonie du baptême de Violette, la maman Annabelle avait un
pressentiment jamais ressenti : l’angoisse. Décidée de rejoindre seule
avec ses enfants la maison de ses parents en Normandie, une inexplicable
anxiété s’installe dans son esprit sans aucune raison, elle connaît bien la
route et la journée s’est déroulée sous les meilleures auspices.
Son
intuition était effectivement réelle, sitôt entrée dans un café elle est
victime d’un enlèvement et des traces de sang sont retrouvées dans les
toilettes de l’établissement. Elle est emmenée dans le coffre d’une voiture en
direction de Pyrénées. Les ravisseurs lui tireront une balle dans la tête mais,
heureusement, qui ne fera que l’effleurer. Néanmoins, évanouie et considérée
comme morte, elle est vaguement enterrée dans un bois éloigné de tout dans la
montagne. Le chien d’un vieil homme flairera sa présence…
Même
si ce premier roman de Sophie Renouard semble ressembler à un thriller, c’est
surtout une formidable histoire où se mêlent la psychologie des divers
protagonistes et la rencontre d’une jeune femme bourgeoise habituée au confort
et un nonagénaire enfoui dans ses souvenirs croyant vivre encore sous le
seconde guerre mondiale, le tout dans le décor des montagnes pyrénéennes.
Pourtant, malgré les apparences Emile est loin d’avoir perdu la raison et c’est
un monument d’humanité et de sagesse qui va secourir la jeune femme. Annabelle
va apprendre à vivre différemment, à revivre, à retrouver les bases de
l’existence, à percevoir ce souffle tant précieux quand on a échappé de peu aux
ailes de la Grande Faucheuse. Amnésique, elle devra faire un gros effort sur
elle-même sous la surveillance d’Emile. Par une écriture simple mais
excessivement touchante, un roman à ne pas effacer tant, en réalité, il y a de
nombreuses fenêtres de réflexion, de la détermination des êtres jusqu’à la
relativité des choses de la vie.
Noisette
sur le livre, le personnage de Françoise qui devient peu à peu non seulement le
symbole de la tendresse mais aussi un exemple littéraire du positivisme et de
cette capacité à croire de toutes ses forces que rien n’est perdu et qu’une
étoile guide le chemin même si ce dernier est parsemé d’épines, les roses
finissant par réapparaître et ouvrir leurs pétales vers une nouvelle floraison
d’espoir.
« Dans les trop
grandes douleurs, chacun est seul. On trouve au fond de soi la force de
résister, ou on laisse couler sans chercher à entraîner les autres. Parfois,
c’est la lucidité qui sauve, accepter de subir le choc de plein fouet, sans
vouloir l’atténuer. Ce qui était arrivé à Annabelle était arrivé. Personne ne
pouvait rien y changer. Inutile de verser dans la fureur, le désespoir, la
détresse. Il fallait maîtriser ses émotions. Garder son sang-froid et tenir
debout, dans l’espoir, quel que soit le temps que ça prenne ».
On n’efface pas les
souvenirs – Sophie Renouard – Editions Albin Michel – Avril 2019
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