lundi 10 juin 2019


Une noisette, un livre


 On n’efface pas les souvenirs

Sophie Renouard




Un couple amoureux sans histoire, deux enfants dont un qui vient de voir le jour, aucun souci particulier. Une existence rêvée où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais soudain, après la cérémonie du baptême de Violette, la maman Annabelle avait un pressentiment jamais ressenti : l’angoisse. Décidée de rejoindre seule avec ses enfants la maison de ses parents en Normandie, une inexplicable anxiété s’installe dans son esprit sans aucune raison, elle connaît bien la route et la journée s’est déroulée sous les meilleures auspices.
Son intuition était effectivement réelle, sitôt entrée dans un café elle est victime d’un enlèvement et des traces de sang sont retrouvées dans les toilettes de l’établissement. Elle est emmenée dans le coffre d’une voiture en direction de Pyrénées. Les ravisseurs lui tireront une balle dans la tête mais, heureusement, qui ne fera que l’effleurer. Néanmoins, évanouie et considérée comme morte, elle est vaguement enterrée dans un bois éloigné de tout dans la montagne. Le chien d’un vieil homme flairera sa présence…

Même si ce premier roman de Sophie Renouard semble ressembler à un thriller, c’est surtout une formidable histoire où se mêlent la psychologie des divers protagonistes et la rencontre d’une jeune femme bourgeoise habituée au confort et un nonagénaire enfoui dans ses souvenirs croyant vivre encore sous le seconde guerre mondiale, le tout dans le décor des montagnes pyrénéennes. Pourtant, malgré les apparences Emile est loin d’avoir perdu la raison et c’est un monument d’humanité et de sagesse qui va secourir la jeune femme. Annabelle va apprendre à vivre différemment, à revivre, à retrouver les bases de l’existence, à percevoir ce souffle tant précieux quand on a échappé de peu aux ailes de la Grande Faucheuse. Amnésique, elle devra faire un gros effort sur elle-même sous la surveillance d’Emile. Par une écriture simple mais excessivement touchante, un roman à ne pas effacer tant, en réalité, il y a de nombreuses fenêtres de réflexion, de la détermination des êtres jusqu’à la relativité des choses de la vie.

Noisette sur le livre, le personnage de Françoise qui devient peu à peu non seulement le symbole de la tendresse mais aussi un exemple littéraire du positivisme et de cette capacité à croire de toutes ses forces que rien n’est perdu et qu’une étoile guide le chemin même si ce dernier est parsemé d’épines, les roses finissant par réapparaître et ouvrir leurs pétales vers une nouvelle floraison d’espoir.

« Dans les trop grandes douleurs, chacun est seul. On trouve au fond de soi la force de résister, ou on laisse couler sans chercher à entraîner les autres. Parfois, c’est la lucidité qui sauve, accepter de subir le choc de plein fouet, sans vouloir l’atténuer. Ce qui était arrivé à Annabelle était arrivé. Personne ne pouvait rien y changer. Inutile de verser dans la fureur, le désespoir, la détresse. Il fallait maîtriser ses émotions. Garder son sang-froid et tenir debout, dans l’espoir, quel que soit le temps que ça prenne ».

On n’efface pas les souvenirs – Sophie Renouard – Editions Albin Michel – Avril 2019

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