Une noisette, un livre
Même les méchants rêvent
d’amour
Anne-Gaëlle Huon
Par
une citation de Jack le Black, Anne-Gaëlle Huon signe un roman aux effluves de
tendresse et de pardon sur fond d’histoire familiale et qui parfois nous projette
dans nos propres souvenirs ou regrets.
Jeannine
a franchi les portes du quatrième âge et commence à perdre tout doucement ses
repères. Consciente, elle a un souci de vouloir transmettre à sa petite fille
ses joies et ses peines et de l’encourager à suivre le mieux possible sa route.
Julia se rend compte qu’il est urgent qu’elle retrouve sa grand-mère et qu’elle
profite de cette mémoire vivante. Elle part la rejoindre dans le sud de la
France et se retrouve dans une maison de retraite entourée de personnes âgées
incroyables et de Félix, personnage atypique, qui est l’auxiliaire de vie de
Jeannine. Mais elle est troublée par Lucienne, une femme légèrement plus jeune
que sa grand-mère mais au comportement sibyllin. Sans oublier Antoine et son
chien Zerbino.
Une
lecture qui séduira tous les amateurs de belles histoires qui font du bien. Le
style est excessivement musical, peut-être parce que beaucoup de chansons
parcourent le roman et, aussi, parce que l’auteure a désiré glisser cette
histoire un peu personnelle sur les plus hautes notes de la vie.
On
a envie de la serrer dans ses bras cette mamie si généreuse, qui malgré son
destin a pu garder une joie dans son cœur si meurtri. Une jolie fiction qui
amène à la réalité et à la prise de conscience qu’il faut ô combien tendre les
mains vers les gens âgés, ils ont l’expérience des bons et des mauvais chemins
et sont la parole de notre histoire.
On
aimerait tant que toutes les maisons de retraite soient à l’image de celle
décrite dans le livre, que ce soit un lieu de vraie vie et d’attention. Que ce
ne soit plus l’antichambre de la mort… Ou que les plus jeunes accueillent un
peu plus généreusement ceux qui les ont fait naître…
Le
fil conducteur est évidemment l’amour sous toutes ses formes, l’amour filial,
l’amour des êtres qui ne font qu’un, cet amour qui peut glisser, cet amour
qu’il ne faut pas hésiter à saisir si une petite voix intérieure
« cupidonde »autour de vous.
Quant
aux trahisons, que peut-on faire ? Oublier ? Pardonner ?
Peut-être les deux, peut-être l’un plutôt que l’autre. Vaste question qui reste
dans l’espace de lecture même le livre terminé. Une certitude : ne pas se
mentir à soi et aux autres.
« La
lumière, ça rend vivant »
« Quand
une porte se ferme, une fenêtre s’ouvre »
« Accepte
d’être vulnérable. C’est le secret du bonheur. Accepter de marcher nu dans une
assemblée de gens vêtus. Se montrer tel que l’on est, tendre le flanc aux
jugements. Il n’y a que comme cela que l’on est vivant ! »
Même les méchants rêvent
d’amour – Anne-Gaëlle Huon – Editions
Albin Michel – Avril 2019
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