jeudi 28 février 2019


Une noisette, un livre


 Première dame

Caroline Lunoir




« Addio, del passato bei sogni ridenti
Le rose del volto gia sono pallenti”

C’est l’histoire d’une femme, d’une épouse, d’une mère. Heureuse en ménage avec ses quatre enfants et son mari mais tout bascule le jour où son mari décide de se présenter à la primaire pour briguer le plus haut poste de la République Française, celui de Président.

Elle décide d’écrire un journal de bord, un journal intime pour, au départ, décrire ses premières impressions dignes d’un joyeux brindisi mais qui progressivement devient cathartique face à la violence de la campagne électorale et de la découverte de quelques secrets conjugaux via la presse people.

Pêle-mêle on retrouve un candidat du parti opposé arrêté pour affaire de mœurs aux Etats-Unis et Paul, le mari, mis en examen pour détention de comptes familiaux au Luxembourg, puis flashé sur un scooter avec un casque sur la tête pour aller retrouver sa maîtresse, un ancien président énervé de constater qu’un de ses anciens ministres brigue une candidature, bref, toute ressemblance avec des personnage ou des faits réels ne serait que pure fortuite coïncidence…

Intéressant l’aspect qu’a choisi Caroline Lunoir, celui de se mettre du côté du conjoint qui subit, encaisse et voit le sol se dérober sous ses pieds.
Ce n’est un secret pour personne que l’honnêteté et la politique marchent très souvent sur des chemins opposés mais que des hordes de communicants veulent faire croire le contraire. Avec toute l’hypocrisie ornementée dans ses plus beaux habits. Mais c’est par la fiction que souvent les messages deviennent plus pertinents, on se détache de la réalité pour mieux la retrouver apportée dans un enveloppement inédit.

La petite noisette en plus, c’est le parallèle avec La Traviata, Marie, l’héroïne, devenant une Violetta meurtrie par la maladie de cette politique qui tousse et crache sur ses représentants et ceux qui les entourent. Une maladie qui semble incurable tant elle résiste aux tentatives de transparence et d’apaisement, les médias étant des alliés de l’infection virale. Et avec tant de camélias carnivores…

« Quand il était préfet, à chaque nouveau poste il était d’abord annoncé comme « Paul V, père de quatre enfants ». Comme si avoir quatre enfants vous étiquetait avec plus de garantie qu’une couleur politique ».

« Quand ils se sont retournés vers moi, me faisant signe de les rejoindre, j’ai dû m’avouer qu’ils avaient peut-être compris combien j’avais besoin d’eux et combien les savoir dans la tourmente pouvait tout ébranler ».

Première dame – Caroline Lunoir – Editions Actes Sud – Janvier 2019

Livre lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019



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