mardi 12 février 2019


Une noisette, un livre


 Personne n’a peur des gens qui sourient

Véronique Ovaldé




Gloria, maman de deux filles, Stella et Loulou, décide de s’enfuir avec elles dans la vieille demeure familiale de Kayserheim près de la frontière allemande, en cachette et en exigeant que ses filles n’en parlent à personne, en brouillant toutes les pistes. Enorme choc pour les petites qui doivent quitter leurs amies et oublier les rives de la Méditerranée pour les paysages alsaciens. Loulou, plus jeune, fait avec ; Stella, elle, perd un peu son sourire.

Gloria semble avoir peur, veut se prémunir d’un danger, un danger qui semble s’appeler Pietro Santini, l’avocat de son défunt père et qui avait fait ami avec le père des enfants de Gloria, le beau et ténébreux Samuel, mort six ans auparavant dans l’incendie de son atelier. Mais que fuit-elle réellement ? Qui est cette mère solitaire qui veut protéger, surprotéger ses enfants ? Cette même femme qui a été abandonnée par sa propre mère et qui a dans ses gênes une grand-mère bien étrange et distante.

Par une plume finement acérée, Véronique Ovaldé signe un roman proche du thriller psychologique autour d’un portrait de femme d’où coulent des sueurs froides. Pour parfaire cette nage en eaux troubles, l’auteure revient dans le passé afin que le lecteur puisse découvrir progressivement ce que fut l’univers de Gloria, ses fantômes et ses spectres, ses amours, ses colères…
On cerne au fur et a mesure le personnage aux multiples facettes pour que le mystère s’éclaircisse dans un récit devenant de plus en plus sombre.

Le seul bémol que je noterais est l’accumulation de phrases entre parenthèses, certes l’usage permet d’alléger la narration, mais parfois elles sont tellement longues que c’est l’effet contraire qui se produit. Sinon, une partition bien rythmée qui plonge dans les profondeurs de l’âme humaine avec tout ce qu’elle renferme de complexité, de surprises et de comportements déconcertants. Avec en prime, une fabuleuse démonstration sur le jeu des apparences, la transparence de l’être pouvant se révéler d’une funèbre opacité.

« C’est étonnant d’assister à un coup de foudre, c’est comme d’être pris dans un mouvement de foule dans un couloir du métro, un samedi, pendant une période d’attentats. Vous êtes embarqué et vous abandonnez toute défense, vous regardez passivement ce qui se déroule, vos attendez que ça s’arrête et vous vous dites, Ah c’est donc cela dont tout le monde parle ».

Personne n’a peur des gens qui sourient – Véronique Ovaldé – Editions Flammarion – Février 2019

Livre lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019

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