Une noisette, un livre
La nuit – Vivre sans témoin
Michaël Fœssel
Quand
vous abordez cet essai de Michaël Fœssel sur « La nuit »,
au départ vous pensez successivement que ce préparent des nuits
blanches, des migraines, des « nervousse brékdones »...
mais à la fin vous le refermez avec un apaisement, vos perceptions
de la nuit seront peut-être différentes et votre jugement sur les
êtres qui recherchent l’obscurité aussi. Une cogitation nocturne
qui peut faire veiller des jours et des lunes...
Réflexions
philosophiques à la fois ardues et souples, enrobées de questions
ténébreuses mais sans porter d’ombre à votre esprit ou alors
avec le bénéfice d’un clair obscur. Ce clair obscur qui « arme
le regard de patience » l’une des lois de la nuit.
L’obscurité,
cet étrange « objet » du désir, sans savoir ce qui vous
attend mais l’opportunité d’être un peu moins observé par les
autres. Pourtant la nuit est perçue comme négative « ce qui
fait obstacle à la nuit, c’est la représentation de la nuit ».
La société moderne (capitaliste dirait le philosophe qui transmet
en subliminal des messages politiques) fait le maximum pour
contrecarrer le noir en créant des lumières artificielles
entraînant un impact sur l’écosystème, car pour pouvoir se
perpétuer, le besoin d’alterner le jour et la nuit est primordial.
La nuit
« lot commun de l’humanité » que l’on peut percevoir
comme « négation » plutôt que « privation »
pour mieux apprendre d’elle et survoler tel un « Hibou »
ses différents aspects maintes fois abordés, notamment par les
philosophes du siècle des... Lumières... Beaucoup d’autres
références enrichissent la lecture : Restif de la Bretonne et
ses « Nuits de Paris », Dostoïevski et ses « Nuits
blanches », Rancière et ses « Nuits des prolétaires »
sans omettre Alexandre le protagoniste de « La maman et la
putain » de Jean Eustache («Comme les gens sont beaux la
nuit ») ou encore Alain Bashung.
Parmi
les nombreuses visions abordées, celle du romantisme sur les effets
de la nuit avec le rejet de la lumière « pas besoin de lumière
pour s’illustrer » et « pour qu’une nuit commence
vraiment il faut oublier que l’aube reviendra ». Et surtout,
ne pas regarder la nuit avec les yeux de jours.
Cette
promenade nocturne est également baignée par de riches moments de
poésie « les étoiles sont au cœur de la nuit, des
lieutenantes du soleil ».
On dit
que la nuit porte conseil...le mien serait de profiter d’un
crépuscule pour vous immiscer au fil des pages à cet essai
consacrée à un « mot clair » un mot reposant « comme
si la lueur des étoiles se donnait à entendre dans la douceur du
son ». Se souvenir de la nuit, la cultiver pour mettre de la
liberté au cœur des jours... « l’homme est un être capable
d’éclipse ».
La
nuit. Vivre sans témoin – Michaël Fœssel – Editions Autrement
– Février 2017
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