Une noisette, un livre
A la table des
diplomates
L’histoire de France
racontée à travers les grands repas (1520 - 2015)
Cinq
siècles d’histoire française, de politique internationale, de diplomatie et de…
gastronomie, cette gastronomie unique, reconnue depuis 2010 par l’UNESCO comme
patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et, qui a été le fruit de rencontres,
de signatures, d’échanges entre les plus grands de ce monde, traversant les
périodes fastes et moins fastes, les heures joyeuses et les heures sombres, les
victoires et les défaites.
Sous
la direction de Laurent Stéfanini, diplomate et actuellement ambassadeur de France
auprès de l’UNESCO, ce livre présente quelques pages mémorables de l’histoire
de France racontées par des spécialistes de l’histoire, de l’art ou de la
politique, puis chaque chapitre se termine par la vision d’un chef cuisinier
puis d’une recette. Autant vous dire que c’est une véritable polka des papilles
et danse de l’estomac, surtout avec l’évocation de mets si raffinés et rares
dans nos assiettes…
Les
agapes diplomatiques commencent sous François Ier lors de sa rencontre avec
Henri VIII et se terminent lors de la Conférence de Paris sur les changements
climatiques en 2015. Une cuisson de cinq cents ans où sont plongées des noces
royales, la paix des Pyrénées, le congrès de Vienne, l’ouverture du Canal de
Suez (sans les trompettes de Verdi), les expositions universelles, l’amitié
franco-russe, l’entente cordiale, le Québec libre du Général ou encore les
relations franco-iraniennes (qui ont duré plus de six cents ans).
Une
façon très divertissante de revisiter ces riches heures de l’humanité même si
parfois c’est un véritable supplice de Tantale que de voir danser sous ses yeux
un « Homard Thermidor », un « Tartare de Saint-Jacques »,
un « Turbot rôti » ou encore une « Selle d’agneau
printanière », le tout arrosé de Mouton-Rothschild, d’un Château d’Yquem
ou un Dom Pérignon… Ah quel dîner je viens de faire…
La
cuisine n’est pas seulement une affaire « qui retient les petits maris qui
s’débinent », elle est aussi un outil diplomatique pour délier les
langues, éveiller les sens, faire mijoter les stratégies naissantes, sabler une
victoire, montrer sa puissance, amadouer les appétits, bref, le savoir des petits
plats dans les grands sans y mettre les pieds, et, on peut dire sans se
tromper, qu’à chaque fois, les services diplomatiques n’y allaient pas avec le
dos de la cuillère pour honorer les invités.
Une
lecture qui permet de réviser presque goulument le passé et le presque présent
tout en se rappelant certaines petites phrases ou en découvrant d’autres,
certaines étant étrangement contemporaines.
Même
si certains politiques ont tendance à traîner des casseroles, savoir recevoir
en offrant le plaisir de la chère est la garantie d’éviter une tempête dans un
verre d’eau tout en flattant les palais sous les ors de la République (ou de
feu la royauté et de l’empire).
Bref,
en un mot, de ce livre, votre serviteur en n’a fait qu’une bouchée !
« Un bon buveur
réussit parfois mieux qu’un homme sobre, pourvu qu’il sache boire sans perdre
la raison, en la faisant perdre aux autres » François de Callières
« J’ai plus
besoin de casseroles que d’instructions écrites » Charles-Maurice de
Talleyrand
« La Perse fut
l’Orient de la Grèce » André Malraux
« On a toujours
tort à un moment donné quand on finit par avoir raison ».
« La cuisine
française est une cuisine internationale qui se nourrit des saveurs du monde
entier : elle emprunte, adapte et assimile des savoir-faire étrangers, ce
qui la rend universelle. Elle est la reine des fastes diplomatiques et trouve
sa place dans les grands repas d’apparat, comme en témoignent le souper
d’Ismaïlia et son menu
pour l’inauguration
du canal de Suez ».
« La France
républicaine adore la royauté des autres ».
A la table des
diplomates – Ouvrage collectif sous la direction de Laurent Stéfanini –
Editions Folio - Mars 2019
Livre lu dans le
cadre de Masse Critique du site Babelio
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