samedi 25 novembre 2017


Une noisette, un livre

 

D’ébène et d’or

Jean-Louis Lesbordes


 


Participant à La Voix des Lecteurs 2018 qui, cette année encore, offre une belle vitrine aux romans personnels et peu connus, ceux de ces auteurs bien souvent anonymes mais qui ont quelque chose à nous dire, à faire partager. Ces petites histoires qui s’entrechoquent et qui se fondent dans cette immense épopée de l’humanité.

« D’ébène et d’or » de Jean-Louis Lesbordes fait partie de la sélection et c’est mon coup de noisette de ce jury. Du début du XX° siècle jusqu’aux années 60, c’est une histoire de transmission de père en fils entre le département des Landes et le Gabon. On passe de l’ère de « l’homme de fer » à l’ère de « l’homme de bois », du grand-père forgeron, au père menuisier, pour un petit-fils devenu médecin, le narrateur de cette généalogie aux parfums français et africains.

Une lecture touchante, très touchante, mais aussi instructive en replongeant dans cette façon de vivre au temps jadis… je vous parle d’un temps où la course n’existait pas, où on prévoyait à long terme sans se soucier de la rapidité à la mise en œuvre de tel ou tel projet, où on se plaignait rarement, aller de l’avant avec souvent beaucoup de solidarité envers les uns et les autres. Cependant, tout n’était pas mieux autrefois… la dureté au labeur, les distances à parcourir… et un enfermement d’esprit envers l’étranger, envers celui qui est différent. Ce qui permet à l’auteur de nous livrer une sacrée dose de réflexion sur la colonisation et les sentiments des blancs envers le peuple noir, l’humain à la peau foncée n’ayant plus eu sa place dans son propre pays, où l’autochtone était réduit quasiment à un objet : un exemple parmi d’autres, la plupart des serviteurs étaient rebaptisés par un prénom générique, Roger pour les hommes, Marie pour les femmes…

De courts chapitres, un ordre chronologique, des phrases précises, l’ensemble permet une lecture facile et pourtant très riche en anecdotes et en pensées. Un livre hommage d’un petit-fils à  ses géniteurs où l’écrit est d’ébène et le cœur en or.
 
"Cette plante tu la verras sur des meubles, des monuments ou des sculptures. elle orne des chapiteaux des temples grecs et romains depuis plus de deux mille ans. C'est le symbole de la réussite, du triomphe sur l'adversité et sur la mort, la vie est pleine d'épreuves : ce sont les piquants de l'acanthe. la feuille reverdit et redémarre, c'est le triomphe de la vie".
 
"C'est à l'usine qu'il a prit ses plus grandes leçons d'humanité et de solidarité".
 
"Ces hommes, perdus dans le froid et déchiquetés par la mitraille, étaient pour ce prêtre un symbole de l'absurdité de la guerre. Depuis 1919, il parcourait l'Afrique explorant les langues et les coutumes de ces indigènes. il était conquis par leur sagesse, leur vitalité, leur soif de vivre et leur connaissance intime de la forêt, des lacs, des plantes, des arbres, des animaux".

D’ébène et d’or – Jean-Louis Lesbordes – Editions La Cheminante – Avril 2016

Livre lu dans le cadre du Prix Littéraire de « La Voix des Lecteurs » organisé par le cCntre du Livre et de la Lecture en Nouvelle-Aquitaine

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