Une noisette, une interview
Eva Roque, du swing sans blues
Un
ouragan de dynamisme avec la tranquillité d’une légère brise :
telle est la définition de la pétillante journaliste Eva Roque,
soufflant le meilleur de l’actualité médiatique sur les ondes
d’Europe1 et dans les colonnes de Télé7 Jours. La connaître est un
honneur, ses ordonnances sont des fleurons de bien-être, son écoute
est infinie, avec Eva, plus belle la vie sur écrans !
1 – Commençons cette interview avec Ella Fitzgerald et dites-moi ce que vous ressentez à l’écoute de cette voix :
Une
émotion particulière que seule la voix d’Ella me procure. Une
perfection vocale évidemment. Mais surtout elle semble dévoiler son
âme et scruter la nôtre. Le temps s’arrête… Elle chante la vie
dans ce qu’elle a de plus difficile et de plus beau. Avec elle,
j’ai compris cette phrase que Sébastien Vidal (directeur de TSF
Jazz) m’a dit un jour de juillet au festival de jazz de Juan alors
que je découvrais ce genre musical : "tu verras le jazz
rend plus intelligent". J’ai mis du temps à comprendre ce
qu’il voulait dire. Avant de réaliser que le jazz dans sa
construction, dans sa diversité incitait à la tolérance, à la
curiosité de l’Autre aussi.
2 –
Redescendons de l’arbre et racontez en quelques noisettes votre
parcours :
Si
j’en crois mon entourage, j’ai toujours voulu être journaliste.
Je me souviens avoir eu le goût de la lecture et de l’écriture
dès l’âge de 5 ans. Ensuite, bac littéraire, IEP d’Aix en
Provence (spécialisée Sciences Politiques), Ecole des Hautes Etudes
en Sciences Sociales et mon premier contrat à Nice Matin. J’y suis
restée 10 ans. Avant d’intégrer la rédaction de Télé 7 Jours.
En parallèle j’ai débuté la radio sur TSF Jazz, puis sur RFM et
Europe 1. Sans compter quelques expériences télé.
3
– Justement Nice-Matin, un fleuron de la presse régionale. Une
rédaction qui va peut-être renaître de ses cendres. Quelle a été
votre sentiment (professionnel mais aussi personnel) à l’égard de
la récente actualité pour ce quotidien ?
Je n’arrive pas à imaginer la disparition de ce titre. Donc je suis soulagée qu’une solution ait été trouvée. Fière de mes confrères qui se sont battus pour que l’aventure puisse se poursuivre. D’autant que c’est à eux désormais de diriger l’entreprise.
Je n’arrive pas à imaginer la disparition de ce titre. Donc je suis soulagée qu’une solution ait été trouvée. Fière de mes confrères qui se sont battus pour que l’aventure puisse se poursuivre. D’autant que c’est à eux désormais de diriger l’entreprise.
Du soulagement
donc et de l’appréhension parce que je sais que le plus dur est à
venir. Qu’il va falloir repenser le journal, offrir la meilleure
information, faire en sorte que Nice Matin soit indispensable.
Je suis aussi en
colère : en colère contre ces groupes de presse qui ont acquis
le quotidien depuis quelques années comme d’autres s’offrent un
jouet. Qui n’ont pas envisagé l’avenir à long terme.
C’est
une nouvelle page qui s’ouvre. Espérons qu’elle perdure.
Longtemps.
4 –
Les documentaires vous passionnent. Hélas, tous ne se valent pas en
qualité, quels sont les ingrédients indispensables pour faire la
différence ?
Aujourd’hui,
j’attends d’un documentaire un sujet inédit – ou à défaut un
angle différent – avec une qualité d’écriture, et de
réalisation. La forme et le fond doivent se répondre. Un
documentaire réussi pour moi, c’est celui qui évoque un sujet qui
m’est étranger, qui me tient devant l’écran, me permet de
réfléchir, d’apprendre ou me procure une émotion.
5 – A
un écureuil arboricole on peut tout dire, existent-ils des émissions
qui ne vous intéressent pas du tout ?
Sur
un plan professionnel, toutes les émissions m’intéressent.
Sur
un plan personnel, la liste de mes intérêts est longue. Sourire.
Les programmes de télé réalité, les émissions de variété old
school, ne me séduisent pas.
Je
me tiens à la disposition de l’écureuil pour lui établir la
liste de ces dites émissions
(L’écureuil
est tout ouïe...)
6 –
Les audiences génèrent les programmes, votre point de vue sur
Médiamétrie qui va bientôt fêter ses trente ans ?
Dans
une vie médiatique idéale, je rêve de la disparition de
Médiamétrie. Car ce comptage quantitatif devient une forme de
dictature médiatique qui oublie de prendre en compte la qualité des
émissions. Et que ces courbes d’audience quotidiennes rendent fous
les gens de télé.
Mais
aujourd’hui, Médiamétrie existe et conditionne l’économie de
la télé. Et c’est aussi le reflet de la réalité. Aux
responsables des chaînes de ne pas condamner un programme de qualité
quand l’audience n’est pas là tout de suite.
7 - "La presse, si bavarde dans l’affaire des rats, ne parlait plus de
rien. C’est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans
leur chambre. Et les journaux ne s’occupent que de la rue".
Cette "peste" d’Albert Camus, est toujours
d’actualité à l’heure du buzz et de la télé-réalité ?
Si
les médias ont une responsabilité dans la façon de traiter l’info
(et il existe des disparités de traitement, nous sommes tous
d’accord sur ce point), le téléspectateur-auditeur-lecteur a
aussi une responsabilité. Celle de ne pas céder à la facilité. De
se renseigner, comparer, être curieux… C’est difficile, je le
sais. Cela demande un effort. Mais il n’y a rien de plus
insupportable que "y’a rien à la télé", "la
radio, c’est nul", "les journaux parlent toujours de
la même chose". Sans réflexe corporatiste absolu, ces
assertions sont fausses.
Ensuite,
à nous, journalistes, de lutter au quotidien pour offrir une
information juste. De s’intéresser au monde et aux gens du mieux
possible. Cela relève parfois de la Mission, je le concède (rires).
8 –
Vous êtes une optimiste née. Ce proverbe est pour vous : "Il
n’y a pas qu’un jour, demain aussi le soleil brillera"
Sachant que l’Afrique est chère à votre cœur, parlez-nous de ce
continent et de son peuple :
Mes
parents passent beaucoup de temps au Burkina-Faso pour des missions
humanitaires. Ils m’ont embarquée sur cette terre rouge au centre
de l’Afrique. J’ai découvert une autre vie, une autre façon de
concevoir le temps, les relations humaines, la nature aussi. Pour
faire court et user d’une image un peu bateau, j’ai pris une
claque. Et ce pays est devenu le mien. Je n’y vais que rarement
malheureusement. Mais à chaque fois, c’est la même sensation :
celle de se ressourcer, comme un changement de peau. Une mue. Qui
vous permet de relativiser la vie quotidienne au retour.
9 –
Vous avez publié récemment sur les réseaux sociaux, une photo
séduisante, tant sur la forme que sur le fond avec pour thème :
un livre, un café. Une idée à développer ? Pour paraphraser
Edouard Herriot, la littérature, c’est ce qu’il reste quand on a
tout oublié ?
J’ai
besoin de la littérature et des nourritures terrestres en général.
Un besoin viscéral. A la fois intellectuel – parce que ce sont ces
arts qui développent notre appréhension du monde – et émotionnel.
J’aime ces moments de « déconnexion » quand les mots
d’un livre me transportent ailleurs. Un effet similaire à l’écoute
d’un album, quand je vais au cinéma, voir une exposition, un
concert…
10 –
Casimir, Snoopy, quels sont vos autres héros ? Tic et Tac,
j’espère ?
Rires.
J’aime Tic et Tac oui.
Le
petit bonhomme de La linéa, Shrek aussi. Tous ceux qui me font
sourire.
11 -
"Si tu as de l’ardeur, cours les montagnes". Ce
proverbe turc est à votre image. Malgré votre emploi du temps
marathonien, vous prenez encore le temps de courir, question de
panache ?
Pas
seulement… Et c’est assez compliqué de répondre à cette
question parce que j’y pense souvent. Courir pour la forme, la
santé, respirer, décompresser, évacuer le stress. Et puis, il y a
autre chose. Une étrange sensation. A l’entraînement, je pense
beaucoup pendant que je cours. "J’écris" dans ma
tête. Je deviens hyper créative. Je conçois des émissions de
radio, je pense à la façon dont je vais aborder un article. Et
quand je fais une course plus longue, là, mon cerveau se déconnecte.
J’atteins un degré extrême de concentration physique et de
déconcentration totale sur un plan cérébral. Je gère la
souffrance et l’effort différemment. Je divague totalement
intellectuellement. Pour en avoir parlé avec l’ami Cyrille de
Lasteyrie, il s’agit d’une forme de pleine conscience. J’espère
pouvoir écrire un jour sur ce sujet. Quand mes idées seront un peu
plus claires…
12 –
Pour terminer, le traditionnel questionnaire impersonnel... pour
mieux vous connaître
Un roman
: L’étranger d’Albert Camus et
plus récemment Chaos Calme de Sandro Veronesi
Un
personnage : Le petit prince
Un(e)
écrivain(e) : Boris Vian
Une
musique : Ella Fitzgerald !
Un
film : Les valseuses de Bertrand Blier
Une
peinture : une toile de Nicolas de
Staël
Un
animal : un écureuil de Central Park
Une
devise/citation : "Un homme est
plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il
dit", Camus, Le mythe de Sysiphe.
101 noisettes de remerciements Eva Roque pour cette interview délicieusement pralinée et à très bientôt sur les ondes, les réseaux sociaux, le blog du Dr Eva http://evaroque.fr/ ... here, there and everywhere ;-)
1 commentaire:
Elles sont tops tes itw Squiri !
Le hérisson. ;)
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