mercredi 26 novembre 2014



Une noisette, une interview

 
 
 

Eva Roque, du swing sans blues









Un ouragan de dynamisme avec la tranquillité d’une légère brise : telle est la définition de la pétillante journaliste Eva Roque, soufflant le meilleur de l’actualité médiatique sur les ondes d’Europe1 et dans les colonnes de Télé7 Jours. La connaître est un honneur, ses ordonnances sont des fleurons de bien-être, son écoute est infinie, avec Eva, plus belle la vie sur écrans !

1 – Commençons cette interview avec  Ella Fitzgerald et dites-moi ce que vous ressentez à l’écoute de cette voix :
 
 

Une émotion particulière que seule la voix d’Ella me procure. Une perfection vocale évidemment. Mais surtout elle semble dévoiler son âme et scruter la nôtre. Le temps s’arrête… Elle chante la vie dans ce qu’elle a de plus difficile et de plus beau. Avec elle, j’ai compris cette phrase que Sébastien Vidal (directeur de TSF Jazz) m’a dit un jour de juillet au festival de jazz de Juan alors que je découvrais ce genre musical : "tu verras le jazz rend plus intelligent". J’ai mis du temps à comprendre ce qu’il voulait dire. Avant de réaliser que le jazz dans sa construction, dans sa diversité incitait à la tolérance, à la curiosité de l’Autre aussi.
 
2 – Redescendons de l’arbre et racontez en quelques noisettes votre parcours :
Si j’en crois mon entourage, j’ai toujours voulu être journaliste. Je me souviens avoir eu le goût de la lecture et de l’écriture dès l’âge de 5 ans. Ensuite, bac littéraire, IEP d’Aix en Provence (spécialisée Sciences Politiques), Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et mon premier contrat à Nice Matin. J’y suis restée 10 ans. Avant d’intégrer la rédaction de Télé 7 Jours. En parallèle j’ai débuté la radio sur TSF Jazz, puis sur RFM et Europe 1. Sans compter quelques expériences télé.
 

3 – Justement Nice-Matin, un fleuron de la presse régionale. Une rédaction qui va peut-être renaître de ses cendres. Quelle a été votre sentiment (professionnel mais aussi personnel) à l’égard de la récente actualité pour ce quotidien ?
Je n’arrive pas à imaginer la disparition de ce titre. Donc je suis soulagée qu’une solution ait été trouvée. Fière de mes confrères qui se sont battus pour que l’aventure puisse se poursuivre. D’autant que c’est à eux désormais de diriger l’entreprise.
Du soulagement donc et de l’appréhension parce que je sais que le plus dur est à venir. Qu’il va falloir repenser le journal, offrir la meilleure information, faire en sorte que Nice Matin soit indispensable.
Je suis aussi en colère : en colère contre ces groupes de presse qui ont acquis le quotidien depuis quelques années comme d’autres s’offrent un jouet. Qui n’ont pas envisagé l’avenir à long terme.
C’est une nouvelle page qui s’ouvre. Espérons qu’elle perdure. Longtemps.
 

4 – Les documentaires vous passionnent. Hélas, tous ne se valent pas en qualité, quels sont les ingrédients indispensables pour faire la différence ?
Aujourd’hui, j’attends d’un documentaire un sujet inédit – ou à défaut un angle différent – avec une qualité d’écriture, et de réalisation. La forme et le fond doivent se répondre. Un documentaire réussi pour moi, c’est celui qui évoque un sujet qui m’est étranger, qui me tient devant l’écran, me permet de réfléchir, d’apprendre ou me procure une émotion.

 
5 – A un écureuil arboricole on peut tout dire, existent-ils des émissions qui ne vous intéressent pas du tout ?
Sur un plan professionnel, toutes les émissions m’intéressent.
Sur un plan personnel, la liste de mes intérêts est longue. Sourire. Les programmes de télé réalité, les émissions de variété old school, ne me séduisent pas.
Je me tiens à la disposition de l’écureuil pour lui établir la liste de ces dites émissions
(L’écureuil est tout ouïe...)
 
6 – Les audiences génèrent les programmes, votre point de vue sur Médiamétrie qui va bientôt fêter ses trente ans ?
Dans une vie médiatique idéale, je rêve de la disparition de Médiamétrie. Car ce comptage quantitatif devient une forme de dictature médiatique qui oublie de prendre en compte la qualité des émissions. Et que ces courbes d’audience quotidiennes rendent fous les gens de télé.
Mais aujourd’hui, Médiamétrie existe et conditionne l’économie de la télé. Et c’est aussi le reflet de la réalité. Aux responsables des chaînes de ne pas condamner un programme de qualité quand l’audience n’est pas là tout de suite.
 

7 - "La presse, si bavarde dans l’affaire des rats, ne parlait plus de rien. C’est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans leur chambre. Et les journaux ne s’occupent que de la rue". Cette "peste" d’Albert Camus, est toujours d’actualité à l’heure du buzz et de la télé-réalité ?
Si les médias ont une responsabilité dans la façon de traiter l’info (et il existe des disparités de traitement, nous sommes tous d’accord sur ce point), le téléspectateur-auditeur-lecteur a aussi une responsabilité. Celle de ne pas céder à la facilité. De se renseigner, comparer, être curieux… C’est difficile, je le sais. Cela demande un effort. Mais il n’y a rien de plus insupportable que "y’a rien à la télé", "la radio, c’est nul", "les journaux parlent toujours de la même chose". Sans réflexe corporatiste absolu, ces assertions sont fausses.
Ensuite, à nous, journalistes, de lutter au quotidien pour offrir une information juste. De s’intéresser au monde et aux gens du mieux possible. Cela relève parfois de la Mission, je le concède (rires).

8 – Vous êtes une optimiste née. Ce proverbe est pour vous : "Il n’y a pas qu’un jour, demain aussi le soleil brillera" Sachant que l’Afrique est chère à votre cœur, parlez-nous de ce continent et de son peuple :
Mes parents passent beaucoup de temps au Burkina-Faso pour des missions humanitaires. Ils m’ont embarquée sur cette terre rouge au centre de l’Afrique. J’ai découvert une autre vie, une autre façon de concevoir le temps, les relations humaines, la nature aussi. Pour faire court et user d’une image un peu bateau, j’ai pris une claque. Et ce pays est devenu le mien. Je n’y vais que rarement malheureusement. Mais à chaque fois, c’est la même sensation : celle de se ressourcer, comme un changement de peau. Une mue. Qui vous permet de relativiser la vie quotidienne au retour.
 
9 – Vous avez publié récemment sur les réseaux sociaux, une photo séduisante, tant sur la forme que sur le fond avec pour thème : un livre, un café. Une idée à développer ? Pour paraphraser Edouard Herriot, la littérature, c’est ce qu’il reste quand on a tout oublié ?
 
 
J’ai besoin de la littérature et des nourritures terrestres en général. Un besoin viscéral. A la fois intellectuel – parce que ce sont ces arts qui développent notre appréhension du monde – et émotionnel. J’aime ces moments de « déconnexion » quand les mots d’un livre me transportent ailleurs. Un effet similaire à l’écoute d’un album, quand je vais au cinéma, voir une exposition, un concert…
 

10 – Casimir, Snoopy, quels sont vos autres héros ? Tic et Tac, j’espère ?
Rires. J’aime Tic et Tac oui.
Le petit bonhomme de La linéa, Shrek aussi. Tous ceux qui me font sourire.
 
11 - "Si tu as de l’ardeur, cours les montagnes". Ce proverbe turc est à votre image. Malgré votre emploi du temps marathonien, vous prenez encore le temps de courir, question de panache ?
Pas seulement… Et c’est assez compliqué de répondre à cette question parce que j’y pense souvent. Courir pour la forme, la santé, respirer, décompresser, évacuer le stress. Et puis, il y a autre chose. Une étrange sensation. A l’entraînement, je pense beaucoup pendant que je cours. "J’écris" dans ma tête. Je deviens hyper créative. Je conçois des émissions de radio, je pense à la façon dont je vais aborder un article. Et quand je fais une course plus longue, là, mon cerveau se déconnecte. J’atteins un degré extrême de concentration physique et de déconcentration totale sur un plan cérébral. Je gère la souffrance et l’effort différemment. Je divague totalement intellectuellement. Pour en avoir parlé avec l’ami Cyrille de Lasteyrie, il s’agit d’une forme de pleine conscience. J’espère pouvoir écrire un jour sur ce sujet. Quand mes idées seront un peu plus claires…
 
12 – Pour terminer, le traditionnel questionnaire impersonnel... pour mieux vous connaître
Un roman : L’étranger d’Albert Camus et plus récemment Chaos Calme de Sandro Veronesi
Un personnage : Le petit prince
Un(e) écrivain(e) : Boris Vian
Une musique : Ella Fitzgerald !
Un film : Les valseuses de Bertrand Blier
Une peinture : une toile de Nicolas de Staël
Un animal : un écureuil de Central Park
Une devise/citation :  "Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il dit", Camus, Le mythe de Sysiphe.

101 noisettes de remerciements Eva Roque   pour cette interview délicieusement pralinée et à très bientôt sur les ondes, les réseaux sociaux, le blog du Dr Eva http://evaroque.fr/ ... here, there and everywhere ;-)
 
 


 

 

1 commentaire:

Thibault a dit…

Elles sont tops tes itw Squiri !

Le hérisson. ;)

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