Une noisette, un livre
Les
amis de passage
Philippe
Ridet
« Astiquer
les cuivres de la mémoire »
Au
départ, une histoire banale. Celle d’une amitié plus que fragile, celle de deux
adolescents qui se retrouvent côte à côte lors d’un cours et qui nouent des
relations incertaines. Tout les sépare : Ponthus est réservé et plutôt
vieille France ; Zoran, exilé croate a une passion pour la vitesse et les
filles.
Rapidement, l’un va partir à Paris, l’autre va s’enfoncer dans une détresse silencieuse. Ponthus foule l’asphalte d’une grande ville, Zoran va perdre le contrôle de sa moto. Ils ne vont se revoir que brièvement, Ponthus fuyant souvent les visites de Zoran. Lorsque Zoran se suicide, une voisine remet une photo à Ponthus et l’invite à ses obsèques : « vous ferez un petit discours, vous étiez son seul ami ».
Le temps n’arrive jamais à séparer ce qui s’est formé. Philippe Ridet transcrit cette réalité d’une façon presque chimérique, comme si cette amitié quasi inexistante se dressait devant lui en forme de fantôme. L’intérêt majeur de ce roman est cette façon de narrer cette errance amicale aux ailes éphémères, de décrire la personnalité de Ponthus dans le miroir de Zoran et de retracer une France des années soixante-dix, puis des années quatre-vingt avec, peut-être, une pointe de nostalgie de la part de l’auteur. Révélateur, également, est le contraste Paris versus Province dans lequel d’aucuns peuvent se reconnaître. Très fine analyse – malgré une minuscule incohérence à un moment donné – pour une plume qui semble s’être prise d’amitié pour les pages au moment où elle allait poser ses mots.
Les amis de passage – Philippe Ridet – Éditions des Équateurs – Février 2023
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