Une noisette, un livre
 
Simone
Léa Chavel-Lévy

 

Avant de devenir Simone Breton, elle était et restera Simone Rachel Kahn. Une femme consciente d’être née dans un milieu aisé mais qui voudra s’affranchir, aller au-delà de sa zone de confiance et s’émanciper. Militante de gauche, elle s’immisce dans les sphères des Dadas bien que ce mouvement reste une énigme pour elle. Puis, au détour d’une allée au Jardin du Luxembourg, elle rencontre André Breton. Elle a 23 ans, son corps renferme déjà de terribles blessures dont un avortement qu’elle cache à ses parents. Son amant est parti en Argentine et l’arrivée d’André Breton va modifier l’orientation de ses sentiments.

Loin d’être une biographie, ce récit s’attache à cet amour naissant, d’abord distant puis qui va rapprocher les deux êtres, dans une narration raffinée, élégante avec une sensualité en demi-teintes sur le fil des mots. « Simone » est également une peinture de cette France entre les deux guerres avec l’arrivée de mouvements audacieux, engagés qui donneront, entre autres, le surréalisme.

Délicatement romanesque, le point fort de ce livre est le cheminement amoureux de ces deux êtres qui se cherchent, restent éloignés physiquement mais non par la pensée, n’osent avouer leur amour réciproque – lui étant au départ bien plus énamouré qu’elle et Simone prise dans l’étau de devoir faire un choix – et qui progressivement vont se rapprocher, par des rendez-vous, des échanges sur leurs idéaux communs jusqu’à l’union des lèvres puis des corps. Lentement mais sûrement.

« Le secret est aveugle, il n’ouvre sur rien, il se referme sur lui-même, il est cette trappe derrière laquelle menace le vide. Il prive ses auteurs de langage, il les plonge dans l’incommunicabilité et les tient à l’écart de la société. De génération en génération, il est là, en arrière-plan, et il survit ».

« Réunis, ils semblaient menacer l’air qui voudrait les séparer, alors que leurs manteaux se frôlaient ».

« Elle ne savait pas que le soir, seule dans son lit, elle revivrait mille fois ce baiser sous ses paupières. Un baiser initiatique, qui soudain l’avait projetée dans un autre univers. Celui où les hommes et les femmes voient leur monde se métamorphoser sous l’effet de leurs langues ».

 

Simone – Léa Chauvel-Lévy – Editions de l’Observatoire – Août 2021