Une noisette, un livre
Tango fantôme
Tove Alsterdal
Une
rencontre entre le Nord et le Sud. Une rencontre entre deux époques, l’une des
années 70 avec la dictature militaire en Argentine, l’autre de nos jours en
Suède. Un sandwich avec deux tranches complètement opposées mais où la
garniture est une famille disloquée dont deux membres cherchent à retrouver les
morceaux et quand l’un va tomber, l’autre prendra la relève.
Deux
sœurs, Charlie et Hélène, un père vagabond, une mère disparue et c’est près de
500 pages de rebondissements, d’énigmes et aussi de l’histoire ; celle
d’une dictature où l’on tuait les gens en les projetant dans le vide depuis un
avion…entre autres…
Au
départ, une fuite, un exil volontaire, celle d’une mère, Inge-Marie, laissant
ses deux petites filles et le père de celles-ci. Elle est jeune, intelligente,
belle et amoureuse. Amoureuse d’un bel argentin, réfugié politique. Pour
continuer la lutte, ils décident de partir à Buenos Aires afin d’aider les
réseaux de résistance. Ensuite, silence total, plus aucune nouvelle de l’un et
de l’autre, les enfants grandissent, Charlie sera toujours perturbée, Hélène
arrivera à fonder une famille et trouver un emploi stable. Les deux sœurs se
fréquentent peu mais Hélène va être à la fois surprise et soucieuse lorsqu’elle
apprend le suicide de Charlie. L’affaire est vite classée mais est-ce vraiment
un suicide ? Charlie n’avait-elle pas retrouvée la clef d’un mystère
enfoui ? Après quelques hésitations, Hélène va partir sur tous les chemins
pour ouvrir toutes les serrures de ces portes solidement fermées, de Stockholm
à la capitale argentine.
Un
thriller historique sans failles, sans errements, où l’écriture coule, flotte,
s’enfonce pour mieux réapparaître, décrit sans décrire pour mieux prolonger le
suspens. J’ai aimé tourner ces pages, j’ai aimé plonger dans ce passé
latino-américain qui résonne encore aujourd’hui, j’ai aimé poursuivre les
recherches d’Hélène (même si ce que j’ai pris pour une incohérence vers les
pages 170 était en réalité, comme je l’ai ensuite rapidement pensé, l’une des
bases de l’énigme), j’ai aimé cette fluidité malgré la noirceur du récit.
Un
subtil moment de lecture, un « latigazo » qui donne un
« cabaceo » à l’intrigue, du « compas » à chaque chapitre,
un « giro » sans pause, une « ronda » de surprises, où il
se dégage un mystérieux ectoplasme… et où l’on perçoit un mot fétiche chez Tove
Alsterdal : asphalte.
Tango fantôme – Tove
Alsterdal – Traduction Emmanuel Curtil – Editions Rouergue Noir – Août 2017
Livre
reçu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle
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