Souvenirs d'un médecin d'autrefois

vendredi 25 mars 2016




Une noisette, une initiative

 

"Le Buffet Engagé" de Benoît Mignot

 
 



Etudiant-entrepreneur à Valenciennes, Benoît Mignot finalise un projet qui correspond aux valeurs qu’il défend : la solidarité, l’écologie, entre autres. Dans quelques jours "Le Buffet Engagé" va ouvrir ses portes, offrant un service novateur : la restauration rapide 100% locale dans un cadre artistique. Et c’est son créateur qui va en parler le mieux !

1 – Le Jour J arrive, mais cette réalisation n’a pu se faire en une nuit, combien de temps vous a-t-il fallu pour mener à bien votre projet ?

Mon projet était au départ de créer une structure d’insertion, une structure utile à la société.

Il y a trois ans une première idée naît, basée sur le teambuilding. L’objectif est simple : proposer à des collectifs (CE, centre de loisirs, association, groupes amicaux et familiaux…) de resserrer leurs liens via des épreuves dans un cadre quasi-militaire, un mélange de jeux de simulation type airsoft ou paintball avec des sports d’endurance ... En parallèle, je souhaitais proposer l’entretien du parc à un atelier chantier d’insertion, de former aux métiers de l’animation et des loisirs. Mais le coût de ce projet dépassait facilement les 250000 €, le risque était trop grand.

J’ai donc décidé de repartir sur un autre projet avec toujours une idée sociale Je me suis posé plusieurs questions : De quoi a besoin la société ? Où recrute-t-on avec peu de formation ? Et si on tentait la restauration ? Mais sous quelle forme ?

L’idée de base est née du constat d’un manque : quand on travaille, on a le choix entre le sandwich, une base de pain, des plats industriels loin d’être de qualité, les plats fait maison (mais en finissant à 20 h, pas vraiment la possibilité de cuisiner), ou le restaurant (mais qui peut se payer 15 à 20€ de resto tous les jours ?) Pas les étudiants. De même, je savais que la restauration était un secteur porteur, où avec peu de qualification, on pouvait quand même aller très haut et très vite. Nous avions la base du projet du Buffet engagé.

2 - Quelles sont les personnes qui vous ont soutenu ? Quels sont les partenaires institutionnels/financiers qui vous ont accompagné dans cette belle aventure ?

La liste est longue car dès qu’on a créé un projet social et solidaire, les soutiens sont vite nombreux et puissants. Le premier a été Serge Siméon, maire du Cateau-Cambrésis et Sylvain Trannoy, président de la communauté de communes, que j’ai rencontré car je ne savais pas trop par où ni comment commencer. Ils m’ont orienté vers le CODES *, la Ruche* et la BGE  , puis au fil des rencontres en master, les producteurs, les Cigales*, les banques, les commerçants, j’ai étudié le marché sur plusieurs villes : Le Cateau, Cambrai, Caudry, Arras, Valenciennes et c’est là que j’ai découvert la zone des Rives Créatives via un ami, puis j’ai eu les soutiens de Valenciennes métropole, l’université de Valenciennes dans laquelle je termine actuellement mes études, Nord Actif, Val’Initiative *, je suis allé sur des salons présenter le projet, puis j’ai atterri au Hubhouse de l’université… enfin bref, en tout ce sont plus de 200 personnes dont une vingtaines d’entreprises et de collectivités qui ont soutenu d’une façon ou d’une autre le projet, donné des conseils … Même certains amis de la promo 2015-2016 du Master 2 développement local et économie solidaire de l’université de Valenciennes

3 - "Le Buffet Engagé" s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire (ESS), c’est-à-dire en langage écureuil "faire croître des noisettes tout en laissant les autres en profiter" mais je vous laisse le soin de définir ce concept avec beaucoup plus de détails et de clarté;-)

Si je résume en une phrase : "L’argent comme moyen et non comme finalité", mais pour moi, il y a aussi un état d’esprit derrière ce terme, une idée philosophique d’humilité et de solidarité, on ne crée pas pour soi, on crée pour le collectif, on ne crée pas pour s’enrichir sans raison, mais pour enrichir la collectivité. Pour moi, soutenir l’ESS c’est avant tout être altruiste et respectueux à la fois des humains, mais aussi de la planète car l’argent n’a le rôle que de simple intermédiaire. Cela ne doit cependant pas empêcher la rentabilité car le but du jeu est de montrer que l’ESS, ce n’est pas que de la réparation des dégâts du capitalisme, ce n’est pas que faire le sale boulot que l’Etat ne veut pas faire, c’est aussi créer des richesses qui sont autant financières qu’humaines et leur permettre de se développer, de croître, pour que demain, elles deviennent la référence quand on créera une entreprise.

4 –Vous allez faire participer d’autres acteurs de votre région car tous les produits proposés seront 100% locaux ?

Autant que possible, malheureusement le 100% ne peut être atteint, car même si nous avons une multitude de produits locaux, tout ne peut pas se faire au niveau local, je pense notamment à certains fruits comme la banane ou même le café. Cependant nous achetons tout à des fournisseurs locaux. Pour reprendre l’exemple du café, notre grossiste se trouve au cœur de Valenciennes.

Pour le reste tout est local, 100% de notre viande est produite à Saulzoir, notre pain à Haspres, nos pâtisseries à Valenciennes, nos bières viennent du coté de Maubeuge, nos pommes de terre sont récoltées sur Solesmes, le fromage fabriqué à Cambrai… Nous avons bien pris soin de choisir nos fournisseurs et producteurs pour la qualité de leurs produits et leurs cahiers des charges, nous aurons parfois du bio (selon les productions), ou des produits Saveurs en Or (un label de la Région).

5 –Avec des créations d’emploi à la clé ?

Oui, d’entrée de jeu et nous nous projetons à une dizaine sur les 3 ans. Cependant comme le projet a été réfléchi pour qu’il se développe sous formes de filiales ou franchises, nous avons déjà d’autres idées qui seront portées par certains sociétaires (17 à l’heure actuelle, car nous sommes une Société Coopérative d’intérêt Collectif) sur des zones sur Arras, Douai…

6 –Des plats à emporter, des prix très étudiés, un intérêt collectif, what else ?

Démocratie, écologie, but non-lucratif, service traiteur

Démocratie et but non-lucratif car nous sommes une SCIC, Société Coopérative d’intérêt Collectif, on est sur le principe un homme = une voix et l’ensemble des personnes présentes sont intéressées par le projet et non par la rentabilité, le ticket d’entrée pour devenir sociétaire est de débourser 300€ sur 5 ans, mais si dans 5-10 ans le projet a réussi et est devenu une référence, par exemple sa valeur a quadruplé, le sociétaire ne repartira par avec 1200 (300x4) mais avec ses … 300€ qu’il a mis 10 ans en arrière. C’était une volonté commune car nous ne souhaitons pas attirer des personnes qui nous rejoindraient juste pour faire fructifier leur argent, ce genre d’actionnaires n’a pas sa place chez nous. Seuls ceux qui veulent agir pour leur territoire, leur santé et leur culture sont les bienvenus.

Ecologie car nous avons veillé à prendre des emballages écoresponsables et nous souhaitons limiter nos déchets

Et enfin le service traiteur pour les professionnels avec la vente de plateaux repas. (particuliers à partir de juin 2017).



Merci Benoît Mignot en vous souhaitant avec "Le Buffet engagé" un succès partagé :) Et pour suivre son actualité, on follow le compte Facebook et Twitter !


Info Novembre 2019 => Le Buffet engagé remporte le concours talents de la BGE dans sa catégorie : économie sociale et solidaire


* Structures (de l’ESS ou non) d’accompagnement à la création d’entreprises.

Le Hubhouse de l’Université qui permet à des étudiants entrepreneurs de disposer de locaux est une structure financée par le Conseil Régional et le PRES (Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur) Université Lille Nord de France.

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