Une noisette, une interview
César Armand et Romain Bongibault
Souvent
inconnu
du
grand
public,
le
secrétaire
général
de
l’Elysée
est
pourtant
l’ombre
à
toute
heure
du
jour
et
de
la
nuit
du
Président
de
la
République.
Voici
venu
le
temps
d’en
savoir
un
peu
plus
avec
la
parution
aux Editions Fayard
du
livre
"Dans
l’ombre
des
Présidents"
co-écrit
par
César Armand ,
journaliste
politique
et
Romain Bongibault ,
blogueur
politique.
Interview
à
deux
voix
pour
un
opus
à
quatre
mains.
1 - Passionnés par la politique, ce mystère qui entoure le chef de l'Etat, a été l'une de vos motivations pour enquêter sur le Château ?
César
:
Personnellement,
j’avais
rédigé
un
mémoire
sur
la
communication
présidentielle
sous
la
Vème
République
à
Paris-Dauphine,
et,
devenu
journaliste
politique,
j’avais
envie
de
creuser
ce
sujet.
J’en
ai
parlé
à
Romain,
et
en
janvier
2014,
nous
nous
sommes
retrouvés
à
une
table-ronde
informelle
sur
l’intérêt
général
avec
notamment
Frédéric
Salat-Baroux.
Nous
nous
sommes
dits
qu’il
fallait
écrire
sur
cet
homme
de
l’ombre
dont
nous
connaissions,
comme
tout
le
monde,
que
le
type
sur
le
perron,
une
fois
par
an,
qui
cite
les
noms
des
ministres.
2
-
Une
petite
noisette
me
dit
que
pour
parvenir
à
décrire
rigoureusement
ce
rôle
plus
ou
moins
obscur
du
secrétaire
général
de
l'Elysée,
5
années
furent
nécessaires.
Vrai
?
César
et
Romain
:
Ah
bon?!
;)
Non,
plus
sincèrement,
il
ne nous
a
fallu
que
deux
ans,
entre
mars
2014
et
aujourd’hui,
mars
2016.
Si
vous
faites
référence
à
la
capture
d’écran
de
2011
que
nous
avons
retrouvée,
cela
nous
a
a
amusés
de
voir
que
nous
nous
en
parlions
déjà
il
y
a
cinq
ans.
En
réalité,
nous
avons
réalisé
les
35
entretiens
(31
hommes
et
4
femmes)
de
mars
2014
à
juillet
2015,
puis
nous
avons
écrit
à
l’automne-hiver
2015
afin
de
livrer
l’ouvrage
rédigé
en
ce
printemps
2016.
3 – Sans révéler de botte secrète, comment avez-vous réussi à franchir les grilles au-delà de celles du coq ?
César
:
Nous
sommes
allés
voir
Frédéric
Salat-Baroux
à
la
fin
de
l’échange
de
janvier
2014,
nous
avons
convenu
de
nous
voir
en
mars
2014,
et
c’était
parti.
En
effet,
les
interlocuteurs
se
sont
téléphonés
entre
eux
et
ont
accepté,
les
uns
après
les
autres,
de
nous
recevoir.
Romain
a
également
fourni
un
important
travail
de
relance
téléphonique
pour
obtenir
les
entretiens.
Cela
a
payé
à
35
reprises,
preuve
de
l’efficacité
de
mon
co-auteur
^^.
Romain
:
Le
bluff
;)
Comme
l’a
si
bien
dit
César,
il
a
fallu
y
aller
sans
crainte.
Sachant
que
la
première
année
de
nos
entretiens,
nous
n’avions
pas
encore
signé
de
contrat
d’édition.
C’est
là
où
j’ai
apporté
ma
pierre
à
l'édifice
en
osant
appeler
directement
les
secrétariats
des
personnes
concernées
en
occultant
totalement
les
services
de
communication
:)
Mais
je
dois
aussi
dire
que
le
bouche
à
oreille
fonctionne
toujours
aussi
bien
pour
ouvrir
des
portes
!
4
– Etre
nommé
secrétaire
général
et/ou
secrétaire
général
adjoint
de
l’Elysée
n’est
pas
une
sinécure,
en
particulier
avec
l’enfer
de
Matignon ?
César
et
Romain
:
C’est
un
cadeau
empoisonné.
Nous
nous
sommes
rendus
compte
que
si
c’est
un
poste
clé
où
la
confiance
et
le
remerciement
vont
souvent
de
pair,
pour
autant
très
vite
cela
devient
un
enfer.
Comme
le
souligne
très
bien
François
de
Combret,
secrétaire
général
adjoint
de
la
présidence
de
1978
à
1981,
il
ne
faut
pas
oublier
que
dans
secrétaire
général,
il
y
a
“secrétaire”
et
“général”
:
“Il
y
en
a
qui
pense
que
c’est
“général”
le
mot
important,
d’autres
que
c’est
“secrétaire”.
Vous
avez
beau
être
secrétaire,
vous
pouvez
être
général.”
5
– On
remonte
l’histoire
des
Présidents
de
la
V°
République.
Chacun
a
imprimé
sa
marque.
Mais
le
secret
de
fabrication
peut
parfois
venir
de
la
main
du
secrétaire
général ?
César
et
Romain
:
Et
comment
!
Chaque
présidence
a
été
marquée
par
l’empreinte
de
son
secrétaire
général,
du
Général
de
Gaulle
au
Président
Sarkozy.
Messieurs
Balladur
avec
Pompidou,
Bianco
et
Védrine
avec
Mitterrand,
Villepin,
Bas
et
Salat-Baroux
avec
Chirac,
puis
Guéant
et
Musca
avec
Sarkozy
sont
autant
de
profils
différents
pour
des
chefs
d’Etat
singuliers.
Un
point
commun
:
le
filtrage
des
informations
parvenant
à
l’oreille
présidentielle
et
la
doublure
pour
rencontrer
les
personnalités
qualifiées.
En
ce
qui
concerne
le
quinquennat
actuel,
tout
a
été
remis
à
plat.
Les
communicants
font
la
politique
au
Château,
et
le
rôle
du
secrétaire
général
a
perdu
ses
lettres
de
noblesse.
6
– Pour
être
un
bon
secrétaire,
mieux
vaut
ne
pas
avoir
l’esprit
trop
critique ?
César
et
Romain
:
Cela
dépend
de
l’attitude
et
de
la
relation
entretenue
précédemment
entre
les
deux
intéressés.
Par
exemple
sous
Valéry
Giscard
d’Estaing,
son
premier
secrétaire
général,
Claude-Pierre
Brossolette
est
d’une
franchise
imparable,
car
ils
se
connaissent
depuis
l’enfance.
Le
tout
est
de
savoir
doser
les
choses
aux
moments
opportuns.
7
– Il
semble
que
vous
ayez
eu
quelques
difficultés
à
obtenir
des
informations
par
rapport
à
la
Présidence
actuelle.
Parce
que
la
politique
de
transparence
n’est
pas
une
priorité
actuellement
ou
bien
parce
qu’il
est
plus
facile
d’avoir
des
confidences
une
fois
le
pouvoir
passé ?
César
et
Romain
:
Nous
avons
effectivement
eu
la
possibilité
de
n’avoir
qu’un
seul
entretien
:
avec
le
directeur
de
cabinet
du
Président.
Il
est
sans
doute
plus
facile
de
parler
avec
des
personnalités
politiques
retirées
des
affaires,
qu’avec
des
acteurs
publics
toujours
en
poste.
8
– Jusqu’à
ce
jour,
aucune
femme
n’a
accédé
au
titre
de
secrétaire
général.
Seules
trois
ont
été
nommées
Secrétaire
Général
Adjointe,
la
première
étant
Michèle
Gendreau-Massaloux
sous
la
présidence
de
François
Mitterrand.
Malgré
quelques
belles
apparences,
le
monde
politique
demeure un
univers
machiste ?
César
et
Romain
:
Et
une
seule
femme
Premier
ministre
!
Les
choses
semblent
changer
avec
la
loi
sur
la
parité
et
la
présence
des
femmes
à
la
tête
de
ministères
régaliens.
Cependant,
les
préjugés
sexistes
perdurent.
Le
retour
des
femmes
aux
plus
hautes
instances
du
pouvoir
reviendra
sous
le
quinquennat
de
François
Hollande
avec
sa
directrice
de
cabinet,
Sylvie
Hubac,
et
à
Matignon,
avec
Véronique
Bédague-Hamilius,
directrice
du
cabinet
du
Premier
ministre,
Manuel
Valls.
9
– Edith
Cresson
ne
mâche
pas
ses
mots
sur
la
manière
de
gouverner
en
France :
"les
mots,
les
phrases
tiennent
lieu
d’action
(…)
on
commente
les
commentaires"
(p.50).
Qu’avez-vous
retenu
de
cette
rencontre ?
César
et
Romain
:
Une
rencontre
sous
le
signe
du
franc-parler,
qui
fait
du
bien
en
ces
temps
de
langue
de
bois.
Longtemps
décriée
par
toute
la
classe
médiatico-politique,
elle
porte
toujours
en
elle
une
méfiance
à
l’égard
de
cet
univers.
Nous
retiendrons
un
échange
courtois
où
elle
a
pu
exprimer
ouvertement
ce
qu’elle
a
ressenti
lors
de
ses
années
au
pouvoir.
10-
On
termine
par
le
traditionnel
questionnaire
pour
que
les
lecteurs
puissent
mieux
vous
connaître
:
César
Armand
- Un roman : "Le premier homme" d'Albert Camus
- Un(e) écrivain(e) : Albert Camus
- Une musique : La symphonie fantastique de Berlioz
- Un film : “Les saisons” de Jacques Perrin
- Une peinture : Un peintre : Kandinsky
- Un animal : Un chat
- Un dessert : Le pain perdu caramel beurre salé
- Une devise/citation : “Le ridicule ne tue pas, il rend plus fort.”
- Un roman : " La promesse de l’aube" de Romain Garry
- Un(e) écrivain(e) : Romain Gary
- Une musique : Les nocturnes de Chopin
- Un film : Todo sobre mi madre de Pedro Almodovar
- Une peinture : un peintre : Pablo Picasso
- Un animal : un éléphant
- Un dessert : un Mont-Blanc
- Une devise/citation : " Qui vivra, verra"
Dans l'ombre des Présidents - César Armand / Romain Bongibault - Editions Fayard - Mars 2016
Photo © Squirelito |
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