Noisette
intime
Je pense que j’en aurai pas
Catherine
Gauthier
Par des
traits de crayon et quelques phrases, la graphiste Catherine Gauthier nous
livre un récit personnel et pudique, accompagné de témoignages de femmes
n’ayant pu, comme elle, avoir un enfant.
« J’ai pas dit que j’en veux pas. J’ai dit que j’en aurai pas ». La phrase qui résonne dès le début du livre. Parfois, ne pas être mère est un choix délibéré mais également – et peut-être plus souvent - c’est le destin qui décide cette absence de maternité. Pour des raisons multiples. La plupart sont évoquées dans ce livre très percutant. Reste cette question majeure qui a hanté des générations de femmes du monde entier et qui se doit encore, hélas, d’être posée : peut-on être femme sans avoir d’enfant ? Car, quel que soit le pourquoi, quel que soit le flou, peut-on se permettre de juger, d’écarter voire d’humilier une femme sans progéniture ?
Dessins réels, tout en finesse face à une pression réelle… beaucoup moins tendre. Ces regards sous-entendus qui mettent mal à l’aise les femmes confrontées à une différence dans nos sociétés formatées depuis la nuit des temps. L’illustratrice met noir sur blanc cette sempiternelle réaction face à une femme sans maternité : « la question des enfants a toutefois été vite soulevée. Par les autres ».
Pourtant, pourquoi faire culpabiliser. L’autrice met en lumière une femme vers la fin de son trentenaire qui n’a cessé de s’interroger. En avoir ou bien attendre encore. Le temps passe, les interrogations sont incessantes, donner la vie est une énorme responsabilité.
Un thème pas suffisamment évoqué dans les médias et les arts : en 2025 la non-maternité demeure encore un sujet tabou. Catherine Gauthier l’aborde tout en délicatesse et plus que les mots, ses croquis sont criants de vérité et révèlent le sort d’une femme qui n’a jamais eu et n’aura jamais pendant neuf mois un mignon ventre rond.
Un ouvrage
essentiel, saupoudré de poésie et de bienveillance pour qu’une femme, mère ou
non mère, ne soit plus jugée mais simplement écoutée, vue en tant qu’être
humain. Le reste ressort de l’intimité et de la liberté.
« Je me fabrique un visage tous les matins et j’y dessine un sourire »
« La maternité est un sujet épineux. Les gens ne réalisent pas que leurs questions peuvent soulever des tempêtes. Qui sait ce qui se cache derrière le sourire poli d’une femme ? Dans son ventre ».
Je
pense que j’en aurai pas – Catherine Gauthier – Éditions des Équateurs –
Janvier 2025
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