mercredi 4 août 2021

 

Une noisette, un livre
 
Ma double vie avec Chagall
Caroline Grimm





Bella Rosenfeld. Eternelle muse, confidente, elle fut tout pour son mari Marc Chagall né Moïche Zakharovitch Chagalov près de Vitebsk, lieu de leur naissance et rencontre. Tout semble les opposer et pourtant c’est l’amour fou qui va les transcender. Par delà la mort, le peintre va continuer à l’aimer, à la représenter ; rarement une femme d’artiste n’a été autant le sujet de ses toiles. En fait le terme « muse » est un euphémisme », elle fut bien plus que ça. Caroline Grimm nous raconte leur histoire en s’immisçant dans cette épouse absolue.

Une biographie romancée de deux êtres qui n’en formaient qu’un, cet amour commun qui fait regarder dans la même direction, dans les temps de paix, dans les temps de haine. A l’instar de leurs compatriotes, il a fallu du courage pour affronter les pogroms sous l’empire russe, puis les bolcheviques – même si Chagall contrairement à son épouse a moins été réfractaire à l’idéologie – et retrouver la même violence antisémite quelques années plus tard avec l’arrivée des nazis et la deuxième guerre mondiale. D’exode en exode ils n’ont cessé de se construire, de se reconstruire avec l’aide de leur fille chérie Ida. Les Etats-Unis les ont sauvés malgré la mélancolie du peintre pour la France et Paris qui furent toujours sa patrie de cœur et de création. Hélas, pour Bella, elle ne pourra reposer les pieds sur le sol français, une infection l’emportera en 1944 à l’âge de seulement 48 ans.

Caroline Grimm a ce pouvoir de mettre le lecteur aussitôt dans l’ambiance, l’esprit concentré et les yeux rivés vers ce long-métrage aux sonorités artistiques résonant dans l’intimité des âmes. Magnifique portrait de femme, une mise en lumière pour cette muse – comme pour la plupart – de l’ombre et qui pourtant n’ont cessé d’être le fil conducteur d’un pinceau, d’une nuance, d’un ton, d’une envolée picturale. La couverture reproduit l’un des plus célèbres tableaux « Double portrait au verre au vin » œuvre représentant toute l’effervescence du couple avec une Bella telle une déesse aimante surgissant du fleuve, enjambant gaité et folie dionysiaque le long de la Passerelle des Arts. Cette fusion que l’on retrouve également dans « Les amoureux en vert » est le fil conducteur de ce roman captivant et qui donne envie d’en savoir plus sur ce couple. En recherchant des photos, j’ai trouvé un point commun , authentique et indéniable, entre Marc et Bella : ils avaient le même regard.

Ma double vie avec Chagall – Caroline Grimm – Editions Héloïse d’Ormesson – Mai 2021





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