mardi 28 janvier 2020


Une noisette, un livre


 Les corps conjugaux

Sophie de Baere




Tout commence comme dans un conte de fée ou presque. Alice Callandri est issue d’une famille modeste mais elle est belle, même extrêmement. Alors sa mère veut la faire devenir célèbre en la convertissant en une miss de la beauté. De podiums en podiums, Alice triomphe et multiplie les amours éphémères. Jusqu’au jour où son tendre frère trisomique se jette par la fenêtre. Elle réalise ce que devient sa vie et s’enfuit pour dire : STOP ! Elle en vient à exécrer la superficialité et le goût des apparences. Elle veut vivre de son esprit et non avec son corps, elle veut aimer avec son cœur et non avec uniquement son sexe. Et ne veut plus être le jouet de sa mère.

Elle reprend des études et vit de petits boulots, fréquente toujours sa sœur Mona et fait la connaissance de son voisin, Jean, enseignant et passionné de cerf-volant. L’amitié naissante se transforme vite en amour, un délicieux amour quand deux êtres ne font plus qu’un. De leur union paraissant inébranlable nait une petite fille Charlotte. Bonheur suprême. Mais un jour, la mère d’Alice, sachant sa mort venir, révèle le terrible secret. Un secret effroyable qui va briser le couple et transformer leur histoire en tragédie grecque.

Un roman qui subjugue en premier pour le personnage d’Alice, une femme qui lutte contre ses démons, se sacrifie, tombe et se relève. Pour retomber à nouveau mais continuer le chemin de son destin par la force et la puissance de ses sentiments. A ce bijou humain, il fallait l’envelopper du plus bel écrin. Ce qui est fait par l’art scriptural de Sophie de Baere auquel elle ajoute le phrasé de l’âme et la voluptueuse sensualité des gens qui aiment, qui s’aiment.

Sophie de Baere qui avait déjà démontré ses talents de romancière lors de son premier opus « La dérobée » développe avec maestria tout ce qu’elle avait en réserve dans sa plume enchantée. Elle possède en elle quelque chose qui ne s’invente pas, qui ne s’apprend pas ; quelque chose qui est innée et qui force l’empathie : la couleur des sentiments. Chez l’écrivaine, ils sont forts et puissants, oscillent entre le rouge passion et le noir crépusculaire, ils flirtent sur des ailes dorés pour embrasser le nacre d’une volupté. Avec un seul fil conducteur : l’amour. Un fil comme une pelote dans un labyrinthe d’amours tumultueuses mais où personne ne peut se permettre de juger. Comme dans l’opéra de Saint-Saens, on pourrait chanter « Qui donc commande quand il aime »

« Tandis que je me laisse emporter par la magie de ses paroles d’enfant, les portes s’allègent, les murs rosissent de contentement, la verdure se fait caresse. L’enthousiasme charmant de mon hôte glisse sur la pente de mes bras et rejoint la terre du jardin qu’il rend encore plus belle et fertile. Je reste là. Allongée. Le corps germinal. Ce soir, je voudrais danser avec les éléments, enlacer les fleurs et les massifs, célèbrer tous ces êtres de chlorophylle qui, chaque jour, me raccrochent, malgré moi, au vivant ».

Les corps conjugaux – Sophie de Baere – Editions JCLattès – Janvier 2020



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