Une noisette, un livre
Nos destins sont liés
Walid Hajar Rachedi
Walid
Hajar Rachedi a de la suite dans les idées. Ce deuxième roman est la continuité
de « Qu’est-ce que j’irais faire au paradis » même si les lecteurs
peuvent très bien découvrir ce nouvel opus sans avoir lu une ligne du
précédent. La géopolitique est nettement moins présente mais la
« psychologie des banlieues » est le socle de tous ces destins.
Ceux
de Salem, de Lisa, de Matthieu, de Ronnie, de Céline, cette dernière ayant une
situation beaucoup plus confortable mais ne supportant l’ambiance
« naphtalisée » de son milieu.
Alors que tout peut éloigner un rappeur d’un financier (il ne s’agit pas d’un gâteau), une habitante du 93 et une résidente des quartiers riches de Versailles, tout les rapproche ou va les faire rapprocher. Tous sont pris dans un étau, ne sachant plus s’il faut continuer à rêver un peu ou se laisser glisser dans l’inexorable cours du temps qui happe la plupart des jeunes.
Le ton est léger pour des sujets graves et, curieusement, chaque paragraphe devient percutant, comme ceux narrant la facilité à juger sans discernement, à toujours faire monter les amalgames. Inutile de raconter l’histoire, elle est à découvrir par soi-même mais croyez que le passage avec le présumé terroriste est exemplaire.
L’un des points culminants du roman est conversation entre Ronnie et sa professeure de philo, genre old school. Juste un extrait, pour le plaisir « Je me suis rendu compte que la vraie réussite d’un enseignant, c’est de réussir à intéresser un public qui n’est pas conquis d’avance. Et il faut reconnaître qu’ici je suis servie, n’est-ce-pas ? Certes, les élèves n’ont pas le profil type de futurs pensionnaires de Normale Sup, mais qui sait ? Alors, en ce qui vous concerne, réfléchissez à ce que vous avez vraiment envie de faire et ayez le courage de vos ambitions. Je ne dis pas que ce sera facile… Mais rien n’est facile dès lors qu’on y tient un peu. Et ce n’est pas parce que qu’on ne peut pas tout de suite, qu’on doit croire qu’on ne peut rien. Réflexion qui, au passage, vaut autant pour vous que pour moi. Jean-Paul Sartre disait très justement à ce sujet « La liberté, ce n’est pas de pouvoir ce que l’on veut, mais de vouloir ce que l’on peut » ». C’est ce que vous aviez écrit dans votre copie, si je ne me trompe ? »
Merci Madame Bazart, merci Ronnie, merci Salem… et merci Walid Hajar Rachedi.
« Passer une soirée, juste une seule, avec quelqu’un qui ne parle pas sa « langue » - celle des audits sociaux, de l’optimisation du capital humain et des perspectives de mission et de carrière qui vont avec – lui paraît une excellente idée ».
Nos destins sont liés – Walid Hajar Rachedi – Éditions Emmanuelle Colas – Septembre 2023
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