Une noisette, un livre
L’Éditeur
Capucine Ruat
« La vie et rien d’autre »
Le
titre et la couverture résument déjà le livre. Une fonction, une couleur.
Jean-Marc Roberts écrivait et éditait. Il est le créateur de la Collection
bleue chez Fayard, déménagée ensuite chez Stock. Discret, archétype de
l’anti-égo, Capucine Ruat rend hommage à cet homme incroyable disparu bien trop
tôt, à seulement 58 ans en mars 2013, au dernier jour du Salon du livre de
Paris.
Jean-Marc
Roberts, être inclassable comme on les aime, se fichait de ce que les autres
pouvaient penser de lui ; fidèle à ses opinions, il n’avait qu’un
souhait : faire connaître ses auteurs sans tomber dans l’entre-soi, sans
courber l’échine.
L’autrice et éditrice – qui a fait ses classes aux côtés de l’homme en bleu – remonte le temps avec quelques dates clés qui ne sont, en rien anodines : 1958, 1995, 2009, 2013… Elle fait preuve d’une immense humilité en racontant ses années professionnelles avec Jean-Marc Roberts avec un souci du détail qui laisse le lecteur pantois.
« Lire, publier, défendre, faire connaître », c’est le titre d’un chapitre et c’était l’une des devises de Jean-Marc Roberts, une phrase prononcée en 1975 face à Jacques Chancel dans la cultissime émission « Radioscopie ». Au diable l’édition qui ne veut faire que du chiffre, lui il veut désacraliser le milieu, faire souffler un vent nouveau où les audaces sont permises. Il s’adapte aux auteurs, à leur univers, renverse le rapport de force jusqu’à dire que c’est uniquement l’éditeur qui est responsable d’un insuccès !
Jean-Marc Roberts semble être entré en littérature comme d’aucuns entrent en résistance, pour que l’écriture transgresse, pour que l’écrivain s’exprime sans contraintes. Grandes lignes et petites phrases alternent dans cet éloge posthume aussi touchant qu’instructif et qui permet d’avoir une vision intime de l’homme. Pudeur scripturale pour peindre haut en couleurs le portrait de cet éditeur tout en décrivant, également, les coulisses de l’édition : ouvert sur le monde mais parfois trop enfermé dans son propre univers.
« Écrire c’est parler à quelqu’un ». Mission réussie puisque ce livre est un discours qui semble avoir été écrit pour soi.
« Jean-Marc a trouvé sa couleur depuis qu’il a créé sa série. La liberté, la liberté de peindre le monde en bleu, la liberté de ne demander son avis à personne. Jean-Marc est l’homme en bleu ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire