Une
noisette, un livre
Les
morts et les journalistes
Òscar
Martìnez
Òscar
Martinez prévient tout de suite : cet ouvrage ne sera pas un « feel
good book », il y a des morts. Même plus que des morts, une violence
effroyable accompagnant chaque crime. Le Salvador fait partie de cette espace
géographique le plus meurtrier de la planète, la Grande Faucheuse pouvant
frapper à chaque instant dans ce pays gangréné par le crime organisé, une
police corrompue et où le mensonge est roi de la part des autorités. Une
situation que n’est pas propre à cette zone d’Amérique centrale, d’autres pays
souffrent du même symptôme faisant du crime une épidémie.
Ce document d’une rare intensité remet le Nicaragua dans son contexte en décortiquant cette lutte sans fin entre la police et les pandilleros : des massacres sans affrontements, des mises à mort répondant à la loi du Talion. Les informations, en général, répondant à la ligne de conduite imposée par le haut de l’État ne permettent pas de connaître la vérité. Seuls, quelques journalistes intrépides tentent de découvrir la vérité. De cette quête, Òscar Martìnez en a écrit un livre parce trois morts, qui étaient ses sources de renseignement, lui sont restés à travers la gorge, trois morts de trop ; trois gars d’une même famille assassinés par la police alors qu’ils étaient tout sauf des pandilleros. Leur seul « délit » : leur condition misérable, ces êtres qui ont pour lit qu’une mangeoire à cochons !
Le journaliste fait bien comprendre que le journalisme ne sauve personne – ou si peu. Il tente de démontrer un fait, d’écarter une hypothèse. Au départ d’une enquête, il ne sait rien. Il va juste essayer de comprendre en prenant les yeux des autres et en se demandant continuellement ce que l’on cherche à savoir. Une mission quasi impossible lorsque d’un côté la police massacre sans raison et, que de l'autre, les organisations criminelles sont dirigées comme des multinationales : toujours plus des deux côtés. Pourtant, Oscar Martinez a continué, parce que le journalisme doit continuer. Sinon, qui s’intéressera encore au sort d’un paysan salvadorien coincé entre bandes rivales, ogres financiers et police corrompue.
Un livre qui ne donne aucune leçon mais qui explique. Brutalement. À l’image du monde.
Les morts et le journaliste – Òscar Martìnez – Traduction : René Solis – Éditions Métailié – Avril 2023
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