dimanche 4 novembre 2018


Une noisette, un livre


 Objet trouvé

Matthias Jambon-Puillet




Votre serviteur au pelage cuivré a ouvert et commencé ce livre avec une certaine appréhension, allait-il vers un gang-bang littéraire ? Le résumé m’apprenait que j’allais pénétrer dans le milieu des pratiques sexuelles alternatives, et ainsi, je devais bien prévenir mes petites cellules grises que si je lisais des passages sur la promenade d’un gland il ne s’agirait en aucune façon du fruit du chêne. Donc, de la décontraction avant toute chose sans se faire fouetter les noisettes.

Nadège était fiancée à Marc. Le jour de l’enterrement de la vie de garçon de Marc, il disparait mystérieusement. Nadège, enceinte refait sa vie avec Antoine. Quelque temps plus tard, Enzo est né sans son père géniteur. Jusqu’au jour où l’ex beau-père de Nadège lui téléphone pour lui dire qu’on a retrouvé Marc, sans aucune précision. Par la police, elle apprend avec stupéfaction qu’il était gisant dans un appartement, entièrement nu avec seulement  le sexe comprimé dans une ceinture de chasteté. Dans une pièce voisine, une femme, Sabrina, gainée de cuir et morte… Nadège va enquêter et tenter de comprendre.

Un roman qu’on ne peut juger qu’à la dernière page. Matthias Jambon-Puillet a la délicatesse d’amener le lecteur progressivement dans ces pratiques obscures, sans forcer sur le glauque, sans tomber dans une vulgarité trop facile. Il y a même de l’élégance car avant tout c’est l’amour qui survole les pages. Aucune réelle violence car l’auteur prend soin de créer un récit où les relations sont consenties, elles sont voulues de part et d’autre, non forcées. Et c’est certainement ce qu’il y a de plus important dans l’histoire : orienter ses désirs sexuels avec la condition d’une liberté totale et d’une confiance réciproque. On est loin de scènes orgiaques. Après tout, « Où l’amour met son pied vainqueur/Ah c’est la torture suprême/Qui donc commande quand il aime » (1).
S’ajoutent de beaux effets de surprise, une écriture souple et une subtile combinaison entre la psychologie des personnages et les fantasmes insoupçonnables des adeptes du BDSM.

Un univers qui restera loin de mon arbre mais on peut qualifier cet «Objet trouvé » de lecture pas perdue, hors de toute contrainte.

« Imaginer Marc avec une autre lui coûte déjà tant, alors incorporer ces éléments, ces objets dont elle ne veut pas comprendre l’utilisation, c’est trop. Mouvement en arrière, elle ne peut pas appréhender autant d’informations. Son cœur bat fort, lui tape contre les temps comme autant d’incessantes et rythmiques petites gifles. Elle recule jusqu’au lit, se laisse tomber au sol, s’adosse contre le bord du matelas. Elle se concentre sur sa respiration, fait abstraction de tout le reste. Le calme revient par paliers. Elle tente de se lever quand sa main d’appui heurte un petit objet qui s’en va rouler plus loin sous le lit. »

Objet trouvé – Matthias Jambon-Puillet – Editions Anne Carrière – Août 2018

(1)  Armand Silvestre et Léonce Détroyat pour Henri VIII de Camille Saint-Saëns

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