Souvenirs d'un médecin d'autrefois

dimanche 7 février 2016


Une noisette, un livre

 

"Les grands fauves du barreau"

Par Valérie de Senneville et Isabelle Horlans

 
 
 

La vérité. Un film de 1960 d’Henri-Georges Clouzot où l’on découvre le combat que se livrent sans pitié deux avocats. A l’époque le cinéaste fait se dérouler la totalité du procès au sein du Palais de Justice. 30 ans plus tard, il aurait peut-être ajouté quelques scènes supplémentaires, sorte de 3°mi-temps médiatico-judiciaire entre déclarations télévisées et talk-shows cathodiques.

Je communique, tu communiques, nous communiquons... un peu, beaucoup, encore, à l’infini. Les procès ne se déroulent plus seulement dans les prétoires mais au-delà, dans l’arène des médias devenue au fil des ans "le dernier recours de la défense". Pour le meilleur ou pour le pire. A cela, s’ajoute la naissance d’un petit dernier, petit mais énorme pour la répercussion des faits dans l’opinion publique : les réseaux sociaux.

Valérie de Senneville et Isabelle Horlans par un travail d’enquête très scrupuleux, remontent le temps pour déterminer le jour où tout a basculé : le 2 février 1994. Maître Jacques Vergès, avocat d’Omar Raddad qui a été arrêté en juin 1991 pour le meurtre de Ghislaine Marchal, lance une phrase devant les caméras qui fera date : "Il y a 100 ans on condamnait un jeune officier qui avait le tort d’être juif. Aujourd’hui, on condamne un jardinier parce qu’il a le tort d’être maghrébin". Le ton est donné, le tempo va aller crescendo, une nouvelle scène s’offre, les ténors deviennent des fauves.

Jacques Vergès, Henri Leclerc, Eric Dupond-Moretti, Jean Veil, David Koubbi, Georges Kiejman, Olivier Metzner... Des avocats connus de tous qui depuis leur barreau sortent leurs griffes, certains ayant tout de même des pattes de velours...chaque portrait offert après des minutieuses recherches et/ou interviews nous laisse tantôt dubitatif tantôt admiratif.

Ce livre écrit à quatre mains, n’est pas qu’à lire. Mais à relire, à étudier. Car non seulement il narre parfaitement la situation féroce du monde de la justice et des médias du XXI° siècle mais révèle, ce que nous humbles citoyens, pouvons, parfois voire totalement, ignorer. Ouvrage qui devient un formidable outil pédagogique pour les juristes, et aussi pour la vox populi tant affamée d’histoires judiciaires et qui se forge/donne une opinion sans connaître le dossier d’instruction, ni les coulisses d’un procès.

Au fil des pages, on se remémore les affaires qui ont marqué l’actualité depuis 25 ans : Raddad, Colonna, Mittal versus Arcelor, DSK, Bettencourt, Kerviel... le tout relaté avec une plume brillante, incisive, avec quelques pointes de légèreté pour mieux saisir le poids de cette communication carnassière. 

Noisette sur le gâteau, la référence implacable qui prouve l’élégance et la lucidité de l’enquête. Vous la retrouverez page 70. Je vous la laisse découvrir pour que résonne pour longtemps l’une des plus belles phrases du cinéma italien. Mais aussi pour réfléchir sur le rôle que tiennent ces félins en robe noire.


Les grands fauves du barreau – Valérie de Senneville/Isabelle Horlans – Editions Calmann-lévy




2 commentaires:

Unknown a dit…

C'est quel film page 70 ?

Squirelito a dit…

Justement c'est à découvrir ;-) Et vous ne serez pas déçu(e)

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