Souvenirs d'un médecin d'autrefois

mardi 29 juillet 2025

 

Noisette noire

La fille au pair

Sidonie Bonnic

 


Emmylou s’ennuie à Plouhernec. En fait s’ennuyer est un euphémisme, elle étouffe, elle explose, crie contre ses parents et sa petite sœur Maëlle. La situation s’envenime lorsque sa meilleure amie Morgane se suicide. Que faire pour s’en sortir, fuir ses origines modestes et étudier pour devenir journaliste, la géopolitique elle aime. Elle retrouve une amie de Morgane, Stéphanie, qui revient d’Angleterre après avoir été fille au pair. Emmylou commence à rêver. De la Bretagne à la Grande-Bretagne.

Le conte de fées commence merveilleusement. Un quartier privé ultra chic, une demeure où tout est luxe, un couple élégant et séduisant avec deux garçons adorables même si l’ainé est taciturne et semble souffrant. Et si tout n’était qu’un mirage ? Si cette famille aux apparences irréprochables cachait un secret effroyable… Bientôt la jeune fille va se retrouver dans une spirale infernale au royaume de la pure folie.

Un suspense psychologique haletant, parfaitement maîtrisé et qui maintient en haleine le lecteur jusqu’à la dernière phrase. Sidonie Bonnec mélange les codes littéraires du roman et du thriller pour un résultat éblouissant. Si certains clichés restent peut-être trop voyants cette histoire met en parallèle deux mondes mais sans en faire une satire sociale. Sans aucun doute, la primo-romancière s’est inspirée de La servante écarlate et de La femme de ménage tout en y apportant son expérience et son écriture très personnelle, à la fois moderne et respectant le ton d’une jeune fille de dix-huit ans.

La fille au pair – Sidonie Bonnic – Éditions Albin Michel – Février 2025

mardi 15 juillet 2025

 

Noisette mi-plume mi-pinceau

Une parcelle du monde

Catherine Vigourt

 


Une parcelle du monde. Quel joli titre pour convier le lecteur à entrer dans l’univers de Claude Monet à Giverny. Catherine Vigourt semble avoir tourné sa plume comme pour un guéridon pour entendre la voix du peintre raconter ses journées à peindre et à converser. Mais la romancière ne se contente pas de raconter, elle parle directement au peintre au cours de six journées situées entre 1893 et 1926.

À côté de l’œuvre de Claude Monet, nous découvrons son univers intime, ses proches, ses amis sous un jour nouveau, rempli de délicatesse et de sentiments voilés par l’approche pudique de la narratrice.

Une biographie, certes, mais bien au-delà de la « biographie romancée », une immersion dans ce coin de Normandie qui n’échappe pas à l’actualité, entre l’affaire Dreyfus, la première guerre mondiale et la connivence avec Le Tigre.

Mots et couleurs caracolent en douceur entre Alice, Blanche, la cuisinière Marguerite et son chenapan de Jules, Louis et son destin tragique, Matisse et Marquet, la marmelade d’orange et les peupliers. Même pour les derniers instants du Maître, un souffle de poésie bucolique inonde les paragraphes.

Une lecture apaisante pour cet hommage teinté d’un appel à la lenteur et à la contemplation.

Une parcelle du monde – Catherine Vigourt – Éditions Gallimard – Mai 2025

  Noisette d’invitation à la valse Je vous dédie mon silence Mario Vargas Llosa     Un livre posthume pour sa traduction française...