Une noisette, une
rentrée littéraire #10
Rosa dolorosa
Caroline Dorka-Fenech
Rosa
Messina a la quarantaine et a un fils Lino. Entre eux, un amour fusionnel les
lie, seulement dix-neuf ans d’écart et chacun désire rendre heureux l’autre.
Ensemble, ils arpentent les ruelles du Vieux-Nice avec l’espoir commun de
pouvoir réaliser leur rêve qui commence à apparaître en réalité : diriger
un hôtel. Ils vont trouver un financement grâce à l’ami de Rosa, Marc,
dirigeant d’une boîte de nuit et éperdument amoureux de la belle femme. Un
amour réciproque, elle a enfin trouvé un homme qui la fait jouir et la rend
heureuse après une union plus que malheureuse.
Rosa
dirige un restaurant mais ses problèmes veineux lui provoquent de plus en plus
de douleurs, elle essaie de cacher ces tâches rouges qui colorent de plus en
plus ses jambes mais la fatigue est plus difficile à maquiller. Elle a deux
employés qui la suivront sûrement quand elle fermera le restaurant et ouvrira
l’hôtel : Hassan le cuisinier et Anna la serveuse. Entente parfaite, tout
va presque pour le mieux dans le meilleur des mondes malgré les difficultés
économiques et le travail épuisant.
Mais un jour les flics débarquent devant l’immeuble de Rosa. Ils sont là pour arrêter son fils Lino, suspecté d’être le responsable de la mort du petit Martin, le fils de onze ans d’Anna, l’employée de Rosa, enceinte d’un deuxième enfant. Tout s’effondre. Mais Rosa ne va pas baisser les bras, elle va tout entreprendre pour sauver son fils, persuadée qu’il ne peut être coupable, lui, son Lino, son cher et beau Lino, malgré ses coups de violence et son alcoolisme récurrent. Son combat devient d’éviter que des serpents démoniaques dévorent la tête de son fils et d’effacer toute tâche sur son destin. Elle en a toute la puissance féminine et maternelle.
Rosa, la mater dolorosa. Rosa défile devant nos yeux, héroine inqualifiable de ce roman noir aux couleurs de la passion, de la mort, de l’amour, du déni. Rosa, est un personnage, mieux, on la voit, telle une Anna Magnani dans tout le drame qui se joue aux bords de la Méditerranée et à quelques kilomètres de la frontière italienne.
Caroline Dorka-Fenech égrène une mécanique terrifiante entre l’amour inconditionnel d’une mère et la cruelle vérité dans une atmosphère à la Visconti, à la Pasolini. Un premier roman magistral, travaillé jusqu’au bout de la plume, d’une force incroyable, mêlant écriture poétique et des descriptions faisant éveiller tous les sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et même le goût.
Autant
vous prévenir tout de suite, prévoyez quelques heures avant le début de la
lecture, vous ne pourrez lâcher cette descente aux enfers d’une beauté crépusculaire !
Stabat Mater dolorosa
Cuius animan gementem
Contristatam et dolentem
Mater Unigeniti
« Après plus d’une heure et demie de marche, au bout d’une rue en sens unique, Rosa tourna à gauche et s’arrêta. Elle y était. Martin Sopak était mort là. Sur les galets de cette plage. A l’écart du centre de la ville. C’était bien là que Rosa avait voulu se rendre. Là, exactement, où elle était. Elle prit son temps pour sonder la zone en détail, comme si la topographie pouvait lui révéler tous ses secrets. Longtemps, elle en observa les galets, comme s’ils allaient parler. Longtemps, elle observa la mer contre les galets, comme si elle allait avouer. Et le vent. Et le ciel bleu ».
Rosa dolorosa – Caroline Dorka-Fenech – Editions de La Martinière – Août 2020 – Rentrée littéraire 2020
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