Une noisette, une rentrée littéraire #6
Frères soleil
Cécilia Castelli
Deux
frères et un cousin. Baptiste, Christophe et Rémi. Beaucoup de mystères dans
les deux familles respectives, beaucoup de secrets… des morts brutales…On
raconte peu en terre corse. Tout est sibyllin, protégé.
Les trois jeunes garçons ne craignent déjà pas grand-chose, sauf peut-être Rémi, plus chétif et pas tout à fait Corse. Des deux frères, Christophe, le cadet, est de loin le plus téméraire, le plus ténébreux aussi, toutes les filles sont amoureuses de lui. Dans la famille, Gabrielle et martine, les deux sœurs, et aussi la grand-mère Maria. Un peu sorcière, un peu plus même.
Tous les trois grandissent, murissent dans cette insularité particulière, dans ce territoire farouche et mirifique, dans ce paysage grandiose, où le scintillement de la mer, le soleil brulant rencontrent un relief accidenté aux ravins impétueux, cette Corse où l’étranger doit prendre garde à lui s’il si risque à la pénétrer.
Cécilia Castelli nous invite avec une écriture foisonnante à suivre l’évolution de ces garçons qui devront faire des choix, parfois difficiles, quand ils franchiront la porte du monde des adultes, dans ce pays que l’autrice connaît bien pour y être née et y vivre. Parsemé d’expressions corses, le roman n’est pas seulement un énième guide touristique, bien au contraire. Même si les descriptions tentatrices sur l’île de beauté fleurissent, c’est une palette bien plus colorée en sentiments qui s’offre à chaque page. Sentiments dans un mélange de blessures, d’amour, de fraternité mais pouvant être pétris d’une force vénéneuse.
Violemment captivant, ces frères soleil sont une cavale livresque, une polyphonie rebelle, une lumière pourpre sur des versants indomptables.
« Il se souvient de la main posée avec indolence sur la pierre, de son regard planté dans les yeux figés du guerrier, un visage sculpté dans la roche dressée par un peuple dont il ne connaissait rien. Quel message avaient-ils voulu transmettre ? Des menhirs sur la plaine, autant de symboles de leur passage, des silhouettes stables et massives. Servaient-elles à effrayer d’éventuels envahisseurs ou à apaiser des dieux mauvais ? Le peuple s’était installé sous les oliviers avec, à l’arrière, la forêt, et au centre, le fleuve majestueux, l’eau vivifiante du Taravo. Ils n’avaient plus bougé, les pieds ancrés dans la terre comme des racines ».
Frères soleil – Cécilia Castelli – Editions Le Passage – Août 2020 - Rentrée littéraire 2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire