Une noisette, un livre
Première dame
Caroline Lunoir
« Addio,
del passato bei sogni ridenti
Le rose del
volto gia sono pallenti”
C’est
l’histoire d’une femme, d’une épouse, d’une mère. Heureuse en ménage avec ses
quatre enfants et son mari mais tout bascule le jour où son mari décide de se
présenter à la primaire pour briguer le plus haut poste de la République
Française, celui de Président.
Elle
décide d’écrire un journal de bord, un journal intime pour, au départ, décrire
ses premières impressions dignes d’un joyeux brindisi mais qui progressivement
devient cathartique face à la violence de la campagne électorale et de la
découverte de quelques secrets conjugaux via la presse people.
Pêle-mêle
on retrouve un candidat du parti opposé arrêté pour affaire de mœurs aux
Etats-Unis et Paul, le mari, mis en examen pour détention de comptes familiaux
au Luxembourg, puis flashé sur un scooter avec un casque sur la tête pour aller
retrouver sa maîtresse, un ancien président énervé de constater qu’un de ses
anciens ministres brigue une candidature, bref, toute ressemblance avec des
personnage ou des faits réels ne serait que pure fortuite coïncidence…
Intéressant
l’aspect qu’a choisi Caroline Lunoir, celui de se mettre du côté du conjoint
qui subit, encaisse et voit le sol se dérober sous ses pieds.
Ce
n’est un secret pour personne que l’honnêteté et la politique marchent très
souvent sur des chemins opposés mais que des hordes de communicants veulent
faire croire le contraire. Avec toute l’hypocrisie ornementée dans ses plus
beaux habits. Mais c’est par la fiction que souvent les messages deviennent
plus pertinents, on se détache de la réalité pour mieux la retrouver apportée
dans un enveloppement inédit.
La
petite noisette en plus, c’est le parallèle avec La Traviata, Marie, l’héroïne,
devenant une Violetta meurtrie par la maladie de cette politique qui tousse et crache
sur ses représentants et ceux qui les entourent. Une maladie qui semble
incurable tant elle résiste aux tentatives de transparence et d’apaisement, les
médias étant des alliés de l’infection virale. Et avec tant de camélias
carnivores…
« Quand il était
préfet, à chaque nouveau poste il était d’abord annoncé comme « Paul V,
père de quatre enfants ». Comme si avoir quatre enfants vous étiquetait
avec plus de garantie qu’une couleur politique ».
« Quand ils se sont
retournés vers moi, me faisant signe de les rejoindre, j’ai dû m’avouer qu’ils
avaient peut-être compris combien j’avais besoin d’eux et combien les savoir
dans la tourmente pouvait tout ébranler ».
Première dame – Caroline
Lunoir – Editions Actes Sud – Janvier 2019
Livre lu dans le cadre
du Prix Orange du Livre 2019
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