Une noisette, un livre
Sous le soleil de tes
cheveux blonds
Agathe Ruga
La
blonde et la brune, sur chemin commun finira l’infortune. Celle de l’amitié,
l’amitié qui semble indestructible et qui pourtant un jour se brise par l’une
des protagonistes. Brusquement, violemment. Sans raison, en totale déraison.
Brune
et Brigitte, deux B.B. à elles seules. Elles sont amies, incroyablement amies,
depuis des années elles partagent tout, joies et peines forcément, mais aussi
les secrets les plus intimes, les folies les plus absurdes, à elles deux, les
montagnes n’ont plus de sommets, tout est franchissable. Puis un jour, à l’âge adulte, quand Brune est
maman et divorcée du papa de sa fille, sans aucune raison, Brigitte disparait
ou plutôt cesse toute relation avec sa presque moitié. Pour qui, pour
quoi ? Aucune réponse à ce vide qui devient abyssal.
Quelques
années plus tard, quand Brune attend son deuxième enfant, elle ne cesse de
rêver à son ancienne amie, elle la voit enceinte comme elle et partageant les
instants de grossesse.
Se
succèdent au fil des chapitres toute une partie de cette amitié quasi irréelle
avec les sorties, les beuveries, le lycée puis l’université entre amants et
lectures, entre passion et désenchantement.
Récit
largement sans doute autobiographique mais avec la volupté et le mystère d’un roman. Sans
aucun doute cathartique car Agathe Ruga écrit pour raconter, écrit pour ne plus
crier, écrit pour avancer et peut-être écrit pour se réconcilier avec
l’irréconciliable.
Aux
moments parfois foutraques (bon, l’écureuil continue à se poser la question sur
cette fameuse guirlande phallique…), se juxtaposent des paragraphes
bouillonnant de sensibilité et d’amour. Sans oublier l’humour toujours avec
l’épisode Frédéric Beigbeder…
Quant
à la maternité, elle est omniprésente, et des deux côtés, la femme qui va
donner le jour à un bébé et la fille envers celle qui la fait naitre. Relations
parfois complexes entre une mère et sa fille, entre parents divorcés mais avec
l’amour toujours en filigrane, peu voyant dans le cas de la maman de Brune, peu
présent et pourtant bien déterminant.
Livre
excessivement touchant sur l’absence mais où le vide se remplace par la vie, la
vie qui naît, qui arrive, qui se reproduit. La vie est ses inconnues dans toute
sa perplexité, ses incompréhensions.
La
jeune auteure éperdu d’écriture, perdu dans le manque, retrouve son chemin avec
les mots pour tenter d’effacer les maux et puisse cet amour des belles lettres
être celui de tous les amours et plus que l’aube d’une renaissance.
« L’absence est
pire que la mort, rien n’arrête le sentiment d’absence, on est condamné à vivre
avec tous ces absents qui vivent quelque part et sans nous. Et quand bien même
ils tenteraient de revenir dans nos vies, la réapparition d’un absent ne change
rien. Il a été absent, il sera toujours absent, il a créé un immense vide,
impossible à combler. Il n’y a pas d’issue. Les absents sont des trous dans nos
cœurs ».
Sous le soleil de tes
cheveux blonds – Agathe Ruga – Editions Stock/Collection Arpège – Février 2018
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