Une noisette, un livre
Les miroirs de Suzanne
Sophie Lemp
Et
si Sophie Lemp avait fait de ce roman une psyché pour résumer ce qu’un individu
peut enfermer, dans sa conscience et son inconscience, comme reflets de la vie
et de l’amour jusqu’à parfois être le miroir des autres ?
Quittant
son appartement, fenêtres ouvertes, pour seulement une vingtaine de minutes,
Suzanne découvre à son retour qu’il a été cambriolé. A part l’ordinateur (que
son compagnon Vincent définie comme obsolète) rien de précieux n’a été pris.
Sauf, quand dans la soirée, elle s’aperçoit qu’un tiroir est mal refermé, celui
où contenait une grande boite en métal avec ces cahiers de jeunesse. Ils n’y
sont plus.
Ces
cahiers sont ses journaux intimes, ceux de ses 16 ans et de son passage à l’âge
adulte. Ses rêves, ses espoirs et ses désirs d’amour. Elle y raconte ses
premiers émois et surtout sa rencontre avec Antoine, un écrivain de renom de
plus de 30 ans son ainé. Une amitié se noue entre eux mais dans leur âme
respective c’est déjà de l’amour. Plus âgé, marié, tout semble impossible
jusqu’à la symbiose des corps quelques années plus tard. Mais quel sera leur
avenir…
En
parallèle, on fait connaissance de Martin, livreur de plats préparés qui a
abandonné ses études. En jetant une bouteille de bière, il est surpris de
trouver dans une poubelle un coffret métallique. Intrigué, il l’ouvre et
feuillette les carnets. Puis, les emmène dans sa petite chambre pour les lire
tranquillement. Impressionné par le récit, il ne songe qu’à en lire davantage
et bientôt se redécouvre à dessiner, tant les mots inscrits lui parlent.
Lire
ce roman, c’est se pencher avec des flèches de Cupidon pour voir scintiller les
désirs des cœurs et des corps. C’est comme un lac ou une étendue d’eau avec le
reflet des branches rejoignant les flots des hasards de l’amour et des jeux du
destin. Destins qui se croisent, s’entrecroisent, se séparent, se rejoignent,
se ressemblent et se rassemblent, disparaissent et renaissent.
Lire
ce roman c’est regarder dans le rétroviseur, laisser de côté les regrets tout
en y laissant un peu de soi-même mais pour mieux conduire son chemin de vie
dans l’ancre des rêves.
Lire
ce roman, c’est confirmer la puissance des reflets de l’âme, des visages de l' espoir et de la lumière qui peut s’y réfléchir dans chacun. Baignés par quelques
larmes…
« Raconter
à Léa les études interrompues brutalement, les livraisons à vélo pour payer le
loyer, les muscles qui se transforment, les pensées absentes, les disparitions,
plus de dessins, plus de désirs, plus rien. Lui confier comment, grâce à
Suzanne, les rêves sont revenus peu à peu, et ce qu’ils deviennent depuis qu’il
s’autorise à travailler moins ».
« Cet
amour ancien, qu’elle s’efforçait de décrire le plus justement possible, lui
revient dans sa chair. C’est à lui qu’elle destine ces mots, comme si personne
d’autre, jamais, ne devait les lire ».
« Dans
les larmes de Martin, il y a les souffrances qui sautent aux yeux, celles que
l’on devine et celles que l’on côtoie sans les remarquer. Celles qui durent et
celles qui finissent par s’estomper. Celles qui font vieillir et celles qui
endurcissent. Celles que l’on expose et celles que l’on tait ».
Les miroirs de Suzanne –
Sophie Lemp – Editions Allary – Mars 2019
Livre lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019
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