Une noisette, un livre
Qui ne se plante pas ne
pousse jamais
Sophie Tal Men
Quand
Jacqueline découvre qu’elle est malade et que sans aucun doute ses jours sont
désormais comptés, loin de se morfondre, elle va profiter de ses derniers mois
pour vivre encore pleinement et surtout transmettre à ceux qu’elle aime le
bonheur et la persévérance.
Son
premier geste est de planter un arbre, un saule pleureur pour qu’il prenne le
mieux possible racine en ce jour de la Sainte-Catherine. Tout un symbole.
Ensuite,
de la Bretagne à Cuba, elle va s’amuser à secouer sa petite-fille Margaux et
celui qu’elle considère comme un petit-fils, Alexandre. L’une travaille dans la
chocolaterie de son père, l’autre est interne en médecine. Leur montrer que les
destins peuvent être transformés par sa propre volonté, que le passé doit être
surpassé et que l’avenir appartient à ceux qui savent se relever et avancer. Ne
jamais croire en la fatalité mais croire, au contraire en une lumière
bienveillante.
Avec
humour et surtout énormément de gourmandise, Sophie Tal Men signe un roman
bouillonnant de vie, de joie et de bien-être. On se prend d’affection pour
Jacqueline qui jamais ne se plaint et qui accepte qu’au crépuscule de ses jours
va venir le chemin éternel. Aucun pathos, juste une vision réaliste.
L’écrivain,
par ailleurs neurologue, a la délicatesse de ne pas nommer la maladie, juste de
décrire quelques symptômes, on devine le mal mais en transparence.
Seul
souci à la lecture de ce livre, les frémissements du corps. Car un invité ne
cesse de hanter les pages : il est langoureux et parfumé, voluptueux et
caresse les palais sans vergogne, joue sur vos faiblesses et nargue vos
babines, sait se fondre pour être encore plus séduisant, attire vos lèvres et fait
vibrer votre langue, donne des frissons et offre multiples saveurs ;
toujours élégant, il se transforme sous toutes les formes avec une aisance à
faire tomber la plus ascète des âmes : je nomme Monsieur Chocolat !
Belle
dégustation livresque !
« Sans lever le
bout de son nez, elle aspira dans sa paille. Longuement, en fermant les yeux.
Et les saveurs lui parvinrent une à une. Baignés dans le chocolat, le cri des
mouettes se mêla à celui de Josette, puis le rire aigu et saccadé de sa
grand-mère noyé dans le cognac et enfin le murmure d’Alexandre. Juste un filet
de voix rauque. Un « je serai toujours là pour toi » enfoui tout au
fond des glaçons ».
Qui ne se plante pas ne
pousse jamais – Sophie Tal Men – Editions Albin Michel – Février 2019
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