Une noisette, un livre
Personne n’a peur des gens qui
sourient
Véronique Ovaldé
Gloria,
maman de deux filles, Stella et Loulou, décide de s’enfuir avec elles dans la
vieille demeure familiale de Kayserheim près de la frontière allemande, en
cachette et en exigeant que ses filles n’en parlent à personne, en brouillant
toutes les pistes. Enorme choc pour les petites qui doivent quitter leurs amies
et oublier les rives de la Méditerranée pour les paysages alsaciens. Loulou,
plus jeune, fait avec ; Stella, elle, perd un peu son sourire.
Gloria
semble avoir peur, veut se prémunir d’un danger, un danger qui semble s’appeler
Pietro Santini, l’avocat de son défunt père et qui avait fait ami avec le père
des enfants de Gloria, le beau et ténébreux Samuel, mort six ans auparavant
dans l’incendie de son atelier. Mais que fuit-elle réellement ? Qui est
cette mère solitaire qui veut protéger, surprotéger ses enfants ? Cette
même femme qui a été abandonnée par sa propre mère et qui a dans ses gênes une
grand-mère bien étrange et distante.
Par
une plume finement acérée, Véronique Ovaldé signe un roman proche du thriller
psychologique autour d’un portrait de femme d’où coulent des sueurs froides.
Pour parfaire cette nage en eaux troubles, l’auteure revient dans le passé afin
que le lecteur puisse découvrir progressivement ce que fut l’univers de Gloria,
ses fantômes et ses spectres, ses amours, ses colères…
On
cerne au fur et a mesure le personnage aux multiples facettes pour que le
mystère s’éclaircisse dans un récit devenant de plus en plus sombre.
Le
seul bémol que je noterais est l’accumulation de phrases entre parenthèses,
certes l’usage permet d’alléger la narration, mais parfois elles sont tellement
longues que c’est l’effet contraire qui se produit. Sinon, une partition bien
rythmée qui plonge dans les profondeurs de l’âme humaine avec tout ce qu’elle
renferme de complexité, de surprises et de comportements déconcertants. Avec en
prime, une fabuleuse démonstration sur le jeu des apparences, la transparence
de l’être pouvant se révéler d’une funèbre opacité.
« C’est étonnant d’assister à un
coup de foudre, c’est comme d’être pris dans un mouvement de foule dans un
couloir du métro, un samedi, pendant une période d’attentats. Vous êtes
embarqué et vous abandonnez toute défense, vous regardez passivement ce qui se
déroule, vos attendez que ça s’arrête et vous vous dites, Ah c’est donc cela
dont tout le monde parle ».
Personne n’a peur des gens qui
sourient – Véronique Ovaldé – Editions Flammarion – Février 2019
Livre
lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019
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