Une noisette, un livre
Douce
Sylvia Rozelier
Aimer
et prendre garde. Prendre garde pour l’autre mais aussi prendre garde à
soi-même. Car l’amour est passion, l’amour est aveugle, l’amour happe, dévore.
L’attirance plus forte que la raison, la raison enfouie dans les corps, les
corps s’enfoncent dans la jouissance, la jouissance qui pose des œillères, les
œillères qui provoquent la myopie de l’esprit, l’esprit qui part dans
l’égarement, l’égarement qui fait souffrir. Douce et si abîmé par l’autre.
Tout
commence par une rencontre anodine. Pas de coup de foudre, même pas le
jaillissement d’une étincelle. Tout oppose cette femme et cet homme. Juste une
réunion de travail. Puis, une seconde entrevue où le futur couple se voit
davantage, puis être entraîné dans une boîte de nuit, et soudain, c’est l’amour
fou qui se déclenche pour Douce, surnom donné par son soupirant. Dés les
prémices de la relation, tout est compliqué, Douce habite Paris, lui le Sud de
la France. Chacun a vécu des précédentes liaisons, Douce est juste séparée de
son compagnon Adam, du nouvel homme de sa vie on ne sait quasi rien. Vont
suivre des années de retrouvailles, d’absence, de conflits, de silence, de
mensonges, d’emprise. Un enfermement intérieur amoureux qui consume Douce mais
elle va continuer à souffler sur les braises pour enflammer un amour
impossible.
Un
très subtil roman qui ne peut être totalement fictif. L’écriture est trop
réelle, la plume semble gémir sous les souffrances de l’âme et de la chair. Un
récit comme un témoignage, comme un journal de bord d’une femme amoureuse qui
refuse de croire à ce qu’elle semble voir, qui veut rompre mais ne peut jamais interrompre
ses pulsions aimantes.
Sylvia Rozelier fait de Douce l’incarnation de la femme sous le joug de l’homme ; comment la
manipulation, alliée au désir, peut assouvir un être qui ne souhaite qu’aimer
et être aimée. Le tout dans une arabesque scripturale infinie.
« Le mystère n’agit que
par le pouvoir qu’on lui prête ».
« Notre amour
narcissique et destructeur, un narcotique puissant contre lequel je ne
possédais pas l’antidote. La passion, une drogue plus forte que les déceptions,
les rêves, les promesses, l’orgueil et les blessures. Addiction rapide. Cures
de désintoxication inutiles. Rechutes à répétition ».
Douce – Sylvia Rozelier –
Editions Le passage – Août 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire