Souvenirs d'un médecin d'autrefois

vendredi 23 novembre 2018


Une noisette, un livre


 Mon oncle de l’ombre

Stéphanie Trouillard




12 juillet 1944 – Bretagne. Dans le petit village breton de Kérihuel, sept parachutistes, huit patriotes et trois cultivateurs sont fusillés par l’armée allemande et les miliciens avant qu’ils ne mettent le feu au village dans une violence inouïe.
Parmi les résistants, un jeune homme de 23 ans, André Gondet. C’est son histoire que sa petite nièce a voulu retrouver puis raconter. C’est celle toute simple d’un Français engagé, une histoire parmi les autres qui toutes forment la grande histoire.

L’enquête s’annonce être une gageure car d’André Gondet on ne sait rien et ne subsiste qu’une photo qui était accrochée au mur de la maison de son frère, le grand-père de Stéphanie Trouillard. Mais il est décédé comme la plupart des personnes qui ont pu le connaître. Au départ, la journaliste a l’impression de poursuivre un ectoplasme jusqu’à aller douter même de son existence. Pourtant, cette photo existe, photo d’un jeune homme souriant et au regard déterminé.
Peu à peu, elle arrive à retrouver quelques traces de cet inconnu qui a croisé le chemin de l’intrépide Pierre Marienne ainsi que d’autres héros qui se retrouveront tous happés par un funeste destin. Elle décortique la brève vie du sergent en cherchant à comprendre comment et pourquoi il s’est engagé dans l’armée de l’ombre et c’est un secret bien gardé qu’elle découvrira.

A travers le parcours de ce grand-oncle, c’est une formidable opportunité pour remonter le fil du temps et le rôle de la résistance pendant la seconde guerre mondiale. Relaté avec beaucoup d’objectivité, elle essaie de tout décrypter, le meilleur comme le pire, des actes héroïques aux actes les plus terribles de l’occupant, sans oublier le rôle peu glorieux des miliciens à l’image de Zeller et sa bande. Elle n’oublie personne, notamment les femmes qui se sont engagées elles aussi dans la résistance, moins nombreuses que les hommes certes, mais trop souvent occultées. Sauf parfois quelques commentaires pour les salir car de suite le doute est mis sur des femmes côtoyant des hommes…

Une recherche excessivement minutieuse pour un document qui plaira aussi bien aux spécialistes de la guerre 39-45 qu’aux profanes. Des détails, des précisions bienvenues, des remarques touchantes comme le passage des échanges entre l’auteure et les descendants de l’infâme Zeller ; un ensemble enveloppé dans le souvenir des disparus et des quelques survivants. C’est aussi l’émotion d’une jeune femme en quête de ses racines et de l’histoire de sa famille.

« En réveillant les morts, j’ai bousculé les vivants ».

Mon oncle de l’ombre, enquête sur un maquisard breton – Stéphanie Trouillard – Editions Skol Vreizh – Septembre 2018


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