Une noisette, un livre
Mon oncle de l’ombre
Stéphanie Trouillard
12
juillet 1944 – Bretagne. Dans le petit village breton de Kérihuel, sept
parachutistes, huit patriotes et trois cultivateurs sont fusillés par l’armée
allemande et les miliciens avant qu’ils ne mettent le feu au village dans une
violence inouïe.
Parmi
les résistants, un jeune homme de 23 ans, André Gondet. C’est son histoire que
sa petite nièce a voulu retrouver puis raconter. C’est celle toute simple d’un
Français engagé, une histoire parmi les autres qui toutes forment la grande
histoire.
L’enquête
s’annonce être une gageure car d’André Gondet on ne sait rien et ne subsiste
qu’une photo qui était accrochée au mur de la maison de son frère, le
grand-père de Stéphanie Trouillard. Mais il est décédé comme la plupart des
personnes qui ont pu le connaître. Au départ, la journaliste a l’impression de
poursuivre un ectoplasme jusqu’à aller douter même de son existence. Pourtant,
cette photo existe, photo d’un jeune homme souriant et au regard déterminé.
Peu
à peu, elle arrive à retrouver quelques traces de cet inconnu qui a croisé le
chemin de l’intrépide Pierre Marienne ainsi que d’autres héros qui se
retrouveront tous happés par un funeste destin. Elle décortique la brève vie du
sergent en cherchant à comprendre comment et pourquoi il s’est engagé dans
l’armée de l’ombre et c’est un secret bien gardé qu’elle découvrira.
A
travers le parcours de ce grand-oncle, c’est une formidable opportunité pour
remonter le fil du temps et le rôle de la résistance pendant la seconde guerre
mondiale. Relaté avec beaucoup d’objectivité, elle essaie de tout décrypter, le
meilleur comme le pire, des actes héroïques aux actes les plus terribles de
l’occupant, sans oublier le rôle peu glorieux des miliciens à l’image de Zeller
et sa bande. Elle n’oublie personne, notamment les femmes qui se sont engagées
elles aussi dans la résistance, moins nombreuses que les hommes certes, mais
trop souvent occultées. Sauf parfois quelques commentaires pour les salir car
de suite le doute est mis sur des femmes côtoyant des hommes…
Une
recherche excessivement minutieuse pour un document qui plaira aussi bien aux
spécialistes de la guerre 39-45 qu’aux profanes. Des détails, des précisions
bienvenues, des remarques touchantes comme le passage des échanges entre
l’auteure et les descendants de l’infâme Zeller ; un ensemble enveloppé
dans le souvenir des disparus et des quelques survivants. C’est aussi l’émotion
d’une jeune femme en quête de ses racines et de l’histoire de sa famille.
« En réveillant les
morts, j’ai bousculé les vivants ».
Mon oncle de l’ombre,
enquête sur un maquisard breton – Stéphanie Trouillard – Editions Skol Vreizh –
Septembre 2018
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