samedi 3 avril 2021

 

Une noisette, un livre
 
L’émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs
Daniel Fohr

 


Le narrateur est un lecteur. Mais pas n’importe lequel. Il est le dernier représentant de la gent masculine à ouvrir et tourner les pages d’un objet singulier : un livre. Plus aucun homme sur terre n’ose un tel geste, une telle attitude, sous peine d’être regardé comme un ovni ou être moqué par ses semblables. Tant, que pour lire dans un parc, notre lecteur met une perruque et des vêtements de femme… Car les femmes, elles, continuent de lire.

Notre brave résistant des lettres a tout tenté pour convaincre ses homologues mâles de lire. En vain. A chaque fois les mêmes réponses, la même hypocrisie, la même défiance. Lire est un truc de femmes, un truc pas viril. Circulez, y’a plus personne ! Cependant, le dernier des Mohicans livresque n’abandonne pas car sauver la lecture c’est sauver l’humanité ! Arrivera-t-il à ses fins ?

Une fable cocasse à lecture rapide qui n’est pas dénuée d’originalité et peut-être de préscience car, effectivement, les femmes lisent beaucoup plus que les hommes. D’un constat, Daniel Fohr a eu envie de tirer une sonnette d’alarme afin que la grande famille des livres ne se retrouve pas dans une congrégation exclusivement féminine mais, qu’au contraire, la diversité puisse flotter au-delà des sexes. L’écrivain pose également la question si des romans sont plus féminins que masculins – pour ma part, comme pour tout, je rejette cette habitude de taxonomie – et du risque tout simplement du manque de pluralité dans l’offre éditoriale. Un écrit accompagné de nombreuses références littéraires, de quelques citations et surtout de moult incipits. Comment résister à ne pas inclure celui de ce présent roman « Pas plus tard qu’hier ». Alors, aujourd’hui, demain, que cette histoire singulière du dernier des lecteurs atterrissent entre vos mains, femmes comme hommes, pour une lecture où les chromosomes X ou Y ne se livrent pas bataille mais partagent une passion, une nourriture… « lire c’est boire et manger » selon Victor Hugo. Bon appétit !

« De même que l’arbre qui tombe ne fait de bruits que si quelqu’un est là pour l’entendre, un livre n’existe que si quelqu’un est là pour le lire ».

« A quoi reconnaît-on les fripouilles ? C’est simple, elles prêchent la vertu, toujours ».

« Je suis conscient de la sensiblerie dont je fais preuve, du sentimentalisme dans lequel je me complais, mais savoir que je suis le dernier servant d’une liturgie qui disparaîtra avec moi crée des obligations ».

L’émouvante et singulière histoire du dernier des lecteurs – Daniel Fohr – Editions Slatkine & Cie – Janvier 2021

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